“Je sais que pour un premier roman, on a 1% de chance d’être publié”, confesse Déborah Bannwarth qui s’était donc “préparée aux refus” des maisons d’édition auxquelles elle avait fait parvenir son tout premier manuscrit, Potelée. Sur la trentaine envoyés entre mars et décembre 2020, elle a en effet reçu de nombreux non, mais qu’elle n’a jamais “pris personnellement”. “Je n’avais pas écrit un livre sur l’importance de croire en soi et de se battre pour me dégonfler moi-même”, lance, en riant, la Française, installée à Reading. Et elle a eu raison de ne pas désespérer car trois maisons d’éditions manifesteront leur intêret à ce premier roman. Ce sera aux éditions Du Loir que Potelée prendra finalement vie en 2022.
Ce premier roman raconte comment Rose, parisienne et célibataire endurcie, qui rêve de devenir comédienne et de raconter des histoires, doit faire face à ses propres peurs. La jeune femme se focalise sur ses trente kilos de trop, un frein selon elle pour percer au cinéma. Le jour où sa meilleure amie, à qui tout réussit, lui annonce ses fiançailles, Rose s’effondre. Elle en est convaincue : si rien ne marche dans sa vie pro et perso, c’est parce qu’elle est trop grosse. Si elle veut trouver l’amour et décrocher le rôle de ses rêves, elle doit donc perdre du poids. Une décision qui va la transformer et bouleverser sa vie… mais pas comme elle s’imaginait.
Pour écrire cette histoire, Déborah Bannwarth s’est un peu inspirée de sa vie personnelle. A 18 ans, elle s’inscrit dans une école de théâtre, alors qu’elle rêve depuis toujours de devenir actrice. “A l’époque, j’étais obèse, mais je pensais vraiment que j’avais confiance en moi, puis je me suis vite aperçue que non”.
Loin d’être moquée par ses camarades ou ses professeurs (à part une fois, se souvient-elle) à cause de son poids, la jeune femme explique s’être rendue compte que son physique allait la cantonner à des rôles bien précis tout au long de sa carrière. “La première directrice de casting que j’ai croisée cherchait une grosse pour un de ses personnages. C’est là que je me suis dit qu’on viendrait me chercher que pour des rôles de grosse rigolote ou qui galère”. Déborah Bannwarth confesse alors qu’elle s’est “dégonflée” et a tout arrêté. “A chaque fois que je montais sur scène, j’étais pétrifiée. Je préférais être dans l’ombre”.
Elle se tourne alors vers une autre de ses passions : l’écriture. “Cela a toujours fait partie de ma vie. Déjà petite, j’écrivais des histoires”, raconte la Française. Devenue chargée de communication pour l’entreprise Groupon, pour qui elle rédigeait entre autres les descriptifs des offres, mais aussi rédactrice pour le site Le Bonbon Paris, Déborah Bannwarth écrit quelques nouvelles sous un pseudonyme.
Après quelques années dans la capitale française, elle décide de tout plaquer pour vivre à Londres. En 2014, elle débarque outre-Manche et devient traductrice pour des médias dans la mode. C’est une de ses anciennes éditrices qui la contacte en 2019 pour lui commander l’écriture d’un livre feel good. “J’ai tout de suite dit oui, surtout qu’à ce moment-là j’étais en panne d’inspiration”.
L’auteure, installée à Reading, débute l’écriture en 2019 et achève son roman en 2020, juste avant le début de la pandémie. “Quand je l’ai rendu à l’éditrice, elle ne l’a finalement pas pris car il était trop court et qu’elle pensait plus à une histoire tournant autour d’un road trip”, se souvient Déborah Bannwarth. Pas de quoi la freiner dans son envie de faire publier son manuscrit, qu’elle re-travaille un peu avant de l’envoyer à des maisons d’éditions françaises. “Avec mon partenaire, juste avant le début de la pandémie, on est allé à Paris et on a déposé le livre dans différentes maisons d’édition”.
Des non, elle en aura reçus, mais au bout d’un an, les réponses positives arrivent enfin. Et son livre est enfin en vente début 2022. Parallèlement, elle publie aussi en mai dernier une nouvelle pour J’ai Lu pour son recueil “Allô Maman”. “Cela tombait très bien car je venais d’être maman”, sourit la jeune femme de 36 ans.
Depuis la sortie de Potelée, dont elle vient de lancer la promotion au Royaume-Uni, le retour des lectrices sont nombreux. “Certaines me disent que ce livre les a boostées, qu’il leur a redonné un peu confiance et l’envie de continuer à se battre. Cela me touche beaucoup”, s’enthousiasme Déborah Bannwarth, qui s’est déjà lancée dans l’écriture d’un second roman. “Ecrire, c’est beaucoup de souffrance car on y met beaucoup de soi”, rit-elle, “mais je ne fais jamais de plan, j’écris au fil de mes pensées puis je re-travaille ensuite les phrases”.
Son prochain ouvrage sera toujours classé dans la catégorie feel good, qu’elle affectionne particulièrement. “Ce sera encore un peu plus personnel que “Potelée” car cette fois-ci j’ai pensé à ma grand-mère quand je l’ai écrit”, confie l’auteure qui abordera donc cette relation inter-générationnelle et les rapports familiaux. “Je ne regrette pas une seule seconde de ne pas avoir été actrice. Je ne changerai pour rien au monde le chemin que j’ai parcouru jusqu’ici”, conclut-elle.