Avez-vous déjà remarqué ces poèmes ou citations, signés entre autres @All on the Board, inscrits sur les grands panneaux blancs “d’informations” aux entrées et sorties des stations de métro à Londres ? Sourire aux lèvres, nombreux sont les passants qui s’arrêtent devant le temps de leur lecture. Mais d’où viennent-ils et à quoi servent-ils ?
A chaque événement son poème ou son texte : concerts, journée de sensibilisation, rendez-vous sportif ou même combat contre la solitude… En prenant le métro, les usagers ne sont en effet plus à l’abri de tomber sur toutes sortes d’écriteaux, qui ont fait leur apparition il y a un peu plus d’un an et mystérieusement signés entre autres @All on the Board. “Nous écrivons sur un petit peu tout ce qui nous passe par la tête, en espérant que ce qui nous amuse en fera sourire d’autres”, indiquent Ian Redpath et Jeremy Chopra, les deux amis à l’origine de cette initiative et qui se cachaient jusqu’au peu derrière ces drôles de pseudonymes : N1 (No one) et E1 (Everyone).
“Nous voulons seulement que les gens sourient, réfléchissent, se sentent aimés, compris, et sachent qu’ils ne sont pas seuls. Aussi s’ils ont des problèmes, il y a des endroits où aller et des personnes à qui parler”, ajoutent-ils. C’est donc dans l’idée de partager un peu de bonne humeur et d’aider les passants à se construire une pensée positive que l’entreprise All on the Board a été créée en mars 2017.
A l’origine, le concert du chanteur britannique Craig David. Alors que les deux amis, employés de gare de la société de transports londoniennes TfL, orientaient les visiteurs dans la station de North Greenwich vers la salle de spectacle l’O2 Arena, une idée leur est venue. “On a pensé à un petit poème qui reprendrait certaines des musiques de Craig David. Voulant voir la réaction des passants, on a décidé de l’écrire rapidement sur un tableau blanc”.
Assez rapidement, ils se sont rendus compte que les gens s’arrêtaient pour lire leur texte. “On les a vu sourire, prendre des photos. Ça avait l’air de les rendre heureux, alors on s’est dit “on devrait faire ça plus souvent”, déclarent les deux auteurs.
Leur nom de signature, All on the Board, vient d’ailleurs d’une envie de créer quelque chose qui touche tout le monde. “Nous souhaitons que tous se sentent intégrés, bienvenus “à bord” (“all on board” en anglais pour faire écho à “board” qui signifie panneau, NDLR) de notre équipe.” Ainsi, “tout ce qui peut faire offense à quiconque va directement à la poubelle”, expliquent Ian Redpath et Jeremy Chopra, “nous faisons très attention à ce que nous écrivons.” Cela veut dire, pas de politique, pas de religion… et pas de débats sur des sujets houleux !
Les deux hommes, pour ne pas être démasqués, étaient autrefois aidés de complices. En plus du mystère que cela provoquait, “garder l’anonymat était important car cela nous donnait la possibilité de voir les réactions naturelles des passants, et ça rendait la chose plus amusante.” Ils confient d’ailleurs que “beaucoup d’usagers nous demandaient dans le métro qui était à l’origine de ces poèmes. La plupart du temps nous répondions “personne” ou “tout le monde”. Pour ne pas mentir, on a tout simplement décidé de prendre les noms de N1 pour No One et E1 pour Everyone.”
Avec leurs équipes, ils se rendent ainsi dans les différentes stations de métros pour y inscrire leurs poèmes avec pour objectif d’en écrire au moins un différent chaque jour.
Bien que les deux hommes à l’origine de cette initiative soient employés par TfL, All on the Board reste une entreprise complètement indépendante. Aujourd’hui, elle compte plus de 1,3 million d’abonnés rien que sur Instagram, dont des gens très connus. Certaines célébrités comme Katy Perry ou Jamiroquai se sont même pris au jeu et ont partagé des photos d’eux à côté de panneaux. L’entreprise entend se développer petit à petit, une chaîne YouTube a d’ailleurs été créée à cet effet. “Nous voulons continuer à écrire des poèmes et aimerions avoir nos tableaux dans les métros du monde entier, notamment Paris et New-York”, indique Ian Redpath et Jeremy Chopra.
Parallèlement, cela a donné des idées à d’autres employés du métro. Comme par exemple dans le nord-ouest de la capitale. En effet, le personnel du secteur de Willesden Green, sous le nom générique de Willesden Staff, lui aussi a décidé de donner une nouvelle fonction aux panneaux d’informations de TfL. Mais au lieu d’y inscrire des poèmes, il préfère y écrire des citations de grands hommes ou grandes femmes qui ont marqué l’Histoire. On trouve aussi des “quote of the day”, parfois philosophiques ou parfois loufoques qui donnent toujours le sourire et de quoi affronter les heures de pointe dans le métro…