Les prix Wildlife Photographer 2020, décernés par le musée d’histoire naturelle de Londres, ont été décernés mardi 13 octobre : si le Russe Sergey Gorshkov a remporté le premier prix pour son cliché d’une tigresse enlaçant un sapin, le Français Frank Deschandol a lui été sacré photographe de l’année dans la catégorie “invertébrés” pour sa photo de guêpes-coucous.
“C’est toujours un plaisir d’avoir son travail reconnu”, confie le photographe fraîchement récompensé. Son plaisir est d’autant plus grand cette année que lors de la dernière édition du concours, où deux de ses clichés avaient participé au round final des votes sans l’emporter. Ils avaient tout de même été conservés dans l’exposition.
“Wildlife Photographer 2020 est le plus grand concours photo animalier au monde. Plusieurs dizaines de nations y participent, et quelques 50.000 images sont envoyées à chaque édition”, explique Frank Deschandol. Obtenir un prix permet donc aux photographes de gagner en visibilité, le concours étant particulièrement bien couvert par les médias.
Or, comme le métier en général n’est pas simple, un coup de pouce de ce type est toujours le bienvenu. “Le but d’un photographe est de diffuser au maximum son travail, en essayant de toucher le plus de monde possible. Pour cela, je suis obligé de travailler avec une agence, souligne le Français. Je suis donc vraiment heureux d’avoir reçu ce prix, un petit coup de projecteur n’étant pas de refus, surtout en ce moment.”
D’autant plus que Frank Deschandol s’est spécialisé dans la photographie d’insectes, de reptiles et d’amphibiens, catégorie dans laquelle peu de professionnels osent se lancer. “J’ai commencé avec des photos d’oiseaux. Mais la proximité avec les animaux me manquait. J’ai donc bifurqué dans cette voie, dans laquelle je me sens vraiment à l’aise.”
Le photographe reconnaît cependant que s’intéresser à de tels animaux n’est pas une chose facile. “Il n’y a pas, sur le marché, de matériel qui permet de prendre des photos d’insectes en vol.” De ce fait, il a dû imaginer lui-même tous ses outils. “Concevoir le matériel spécifique a clairement été la partie la plus longue du travail qui se cache derrière cette photo.” Et selon lui, c’est justement le côté technique de son cliché qui l’a fait sortir du lot. “Peu de photographes s’intéressent à la photo haute vitesse car c’est une technique difficile à mettre en œuvre”, explique celui dont la conception du matériel lui a pris plusieurs années.
Frank Deschandol avoue également avoir eu de la chance quant à la position des deux guêpes sur la photo. Mais cette part de chance, il l’a provoquée. “J’ai réalisé un travail de repérage important, notamment pour connaître les endroits où ces guêpes sont les plus présentes.” La guêpe-coucous est en effet un très petit insecte, d’environ 5 mm de longueur, ce qui rend difficile leur repérage. Ces dernières sont en plus très rapides.
“Même si peu de gens les voient, ces insectes sont partout autour de nous”, explique le Français. Lui a cependant choisi comme terrain de travail un dépôt de sable dans l’estuaire de la Seine, près du Havre, d’où il est originaire. “Ce sont notamment dans des zones sableuses qu’elles vivent”, explique-t-il. Le cliché récompensé est donc à 100% made in France, élément important à souligner, le photographe voyageant beaucoup. Il ne réalise en effet que très rarement des photos dans l’Hexagone, son terrain de jeu préféré étant l’Asie. Comme quoi des choses uniques peuvent se passer tout près de chez nous.