Depuis 2 ans maintenant, la date du vendredi 29 mars 2019 était censée être celle de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Pour l’occasion, François Asselineau, président du parti Union Populaire Républicaine (UPR) et fervent opposant à la construction européenne, avait organisé un meeting à Londres prévu ce jour-là afin de célébrer le départ des Britanniques avec ses partisans et ses sympathisants outre-Manche.
Pourtant, après de multiples rebondissements apparus ces derniers mois dont le troisième refus de l’accord du retrait du pays de l’UE par les députés britanniques, le Brexit n’a pas eu lieu le 29 mars, et ne sera pas effectif au moins jusqu’à la mi-avril. Si la fête a donc été ternie pour les Brexiters et les militants de l’UPR, ceux-ci se sont tout de même réunis vendredi 29 mars au soir à la Church House Westminster, à quelques centaines de mètres du Parlement.
En effet, quelque 700 militants de l’UPR, de France principalement mais aussi des Etats-Unis ou encore de Bulgarie selon les organisateurs, avaient fait le déplacement jusqu’à Londres. De nombreux drapeaux tricolores flottaient ainsi qu’un certain nombre de croix de Lorraine (emblème officiel de la France libre pendant la Seconde guerre mondiale, ndlr) figuraient sur ces derniers au milieu de la foule de ressortissants français.
La présence en nombre de partisans du parti souverainiste fondé en 2007 s’explique par le fait que le Brexit est un moment fondateur de leur mouvement, qui leur a permis d’obtenir une visibilité qu’ils n’avaient jamais eu avant. “Si j’ai pu être candidat à la présidentielle de 2017, c’est parce qu’il y a eu le Brexit. A partir du moment où il y a eu le référendum au Royaume-Uni, cela a débloqué la situation et j’ai pu obtenir les 500 parrainages d’élus nécessaires pour me présenter”, explique François Asselineau, figure de proue de l’UPR. Avec un discours profondément hostile à l’Union européenne prônant une souveraineté totale de la France et donc un “Frexit”, l’ex-haut fonctionnaire n’avait pu réunir que 0.9% des suffrages exprimés lors du premier tour de l’élection.
Interrogé à propos du Brexit, le politicien fait le parallèle avec le référendum de 2005 en France : “Les Français ont voté ‘non’ à la Constitution européenne. Les européistes ont fait le gros dos pendant 2 ans et demi exactement comme au Royaume-Uni pour finalement reprendre le même traité, qu’on a appelé ‘traité de Lisbonne’ et que l’on a fait voter dans le dos des Français par des parlementaires.” Pour lui, “les députés britanniques sont en train de trahir la volonté populaire” et il va jusqu’à dire qu’une “menace imminente de dictature est en train de s’abattre sur l’Europe occidentale”.
Il précise qu’en France, les choses se passeraient différemment en cas de Frexit. Une fois président, il enclencherait directement l’article 50 “pour ne pas perdre de temps” et à la différence de Theresa May, il aurait un “gouvernement homogène, favorable au Frexit”. François Asselineau reproche aussi à la Première Ministre du pays de “ne pas avoir assez tapé du poing sur la table” et de ne pas avoir simplement “arrêté de verser de l’argent à l’Union Européenne” ce qui aurait selon lui, radicalement accéléré la procédure. Il admet cependant que l’exemple britannique l’a fait réfléchir. Au point où en est le Brexit aujourd’hui, il conseille aux Britanniques de sortir sans deal “quitte à négocier des accords ensuite”.
François Asselineau pourra retenter sa chance en 2022 aux prochaines élections présidentielles. D’ici là, le Brexit aura peut être eu lieu…
Article réalisé par Amélie Tresfels et Andoni Ospital