Londres est une ville particulièrement chère à vivre – les prix à la chambre tournaient en moyenne autour de £800 par mois au début de l’année 2021, sur la plateforme de colocation Spareroom – où il peut donc être important de bien gagner sa vie. Ce qui est le cas d’un certain nombre de Londoniens. En janvier, le salaire médian avoisinait les 2.500 livres mensuelles, selon une étude (“inner” et “outer London” confondus). Toutefois, certains peuvent gagner beaucoup, beaucoup moins que ça.
La chose peut bien sûr être liée aux aléas de la vie. Dans le Grand Londres, Christelle (*) a dû faire une pause dans sa carrière à cause de problèmes de santé. Étant dans l’incapacité de travailler, elle reçoit une combinaison d’aides sociales – le montant global n’est pas encore connu, celui-ci étant encore en train d’être calculé, mais la Française pense qu’il devrait tourner autour des £1400 par mois – lui permettant de faire face à ses nécessités immédiates (loyer, nourriture, habits)… Une situation qui n’est, malgré tout, pas très évidente – “je ne peux pas me permettre de sorties, pour l’instant” – et qui lui a demandé pas mal de temps et d’énergie sur le plan administratif.
De la même façon, la vie des étudiants n’est pas toujours très aisée. Pour Aurélie, les choses sont même particulièrement dures. Étudiante au London College of Fashion, la jeune femme explique avoir droit au “tuition fee loan” (prêt du gouvernement anglais lui permettant de financer ses études) mais pas au “maintenance loan” qui permet, lui, de couvrir le “coût de la vie” (loyer, nourriture…). Du coup, elle doit notamment travailler 15 à 20 heures par semaine, en jobs alimentaires, en plus de ses études. Ce qui lui permet d’avoir, en ce moment, des revenus de £1120 mensuelles… Auxquels elle doit encore soustraire un loyer de £650, £121 par mois de transports en commun… Dur pour la Française qui se dit “exténuée”, tout en essayant de se rappeler, néanmoins, que la situation est temporaire. “C’est un sacrifice pour un meilleur futur.”
En couple, Anne – en apprentissage au NHS et qui gagne £1.110 par mois – est moins sous pression. “Mon loyer s’élève à £800 par mois, je vis avec mon partenaire et nous payons £400 chacun. Pour ce qui est des transports, j’ai payé £90 en avril… Je fais les courses deux fois par mois… Une fois que toutes les nécessités sont payées, il me reste généralement £460 pour faire ce qu’il me plaît.” La jeune personne ne se semble donc pas particulièrement frustrée et dit n’avoir jamais eu à refuser une sortie ou un restaurant. Même s’iel aimerait gagner plus pour pouvoir mettre de côté, iel sait, là aussi, que sa situation est temporaire. Et semble, encore une fois, plutôt bien vivre les choses. “J’ai la chance de ne pas vivre seul.e et d’être doué.e quand il s’agit de budget.”
Hors études, certaines situations sont aussi liées à la nature du travail occupé. Élodie est journaliste free-lance et jongle entre articles et jobs dans la restauration – “on y trouve de l’intérim hyper flexible, ce qui me permet d’être disponible facilement pour le journalisme”. Selon les mois, elle gagne environ £1000 mensuelles. “En revanche, j’ai de la chance, niveau logement, car je n’ai que £500 par mois à payer pour une chambre dans une colocation… Quant aux transports et bien, je travaille pas mal depuis la maison et sinon, je suis en ‘pay as you go’.” Un mode de vie bien sûr peu évident mais qui permet à la jeune femme d’avoir du temps à consacrer à ses articles.
De son côté, Caroline apprécie son travail de “nanny” – “j’accompagne les enfants dans l’apprentissage du respect, de l’empathie, des bonnes manières, dans la connaissance de certains dangers, la sensibilité à l’environnement, au fait de manger équilibré, la culture générale…” – mais ne touche que £1.300 par mois. Ce qui n’est pas forcément simple lorsqu’on a un loyer de £720 mensuelles.
Prix que la Française trouve bien évidemment “exorbitant”, d’autant qu’elle partage son logement avec quatre autres personnes… Dans ces conditions – et même si sa famille actuelle (ses employeurs) prend en charge le transport – la jeune femme fait attention à son budget. “Je vais souvent réfléchir avant de m’autoriser une sortie… J’adore visiter de nouveaux endroits mais cela veut dire payer le train, puis peut-être un Airbnb. Je ne peux pas voyager autant que je le voudrais.”
Cas un peu particulier, enfin, Stéphanie apprécie ce mode de vie aux revenus aléatoires – “il y a des mois où je vais gagner £400, d’autres £2000, cela dépend de mes priorités…” – parce qu’il est aussi synonyme de liberté. Travailleuse free-lance aux multiples compétences – elle est professeure de yoga, fitness et fait aussi des traductions –, la jeune femme oeuvre un peu selon ses envies et besoins, a même l’occasion de voyager, notamment en Espagne… Petite originalité, elle ne vit pas en colocation en appartement mais toute seule dans son van. Ce qui est bien évidemment plus flexible qu’un logement traditionnel (même si les prix à la nuitée dans les campings en région londonienne peuvent aussi s’apparenter à un loyer). Adepte des plaisirs simples – le yoga, les conversations avec les amis dans des cafés pas chers…. – la Française revendique cette vie sans pas beaucoup de moyens. “Nous avons besoin de bien moins que ce que l’on pense”, sourit-elle.
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(*) Le nom n’a pas été précisé à la demande de la personne