Né à Glasgow, de parents italiens, le chef Nico Simeone a été élevé dans une famille de gourmands méditerranéens. Il raconte que ses premiers souvenirs sont la cuisine italienne de sa mère et les grands repas familiaux autour de la table. Pas étonnant que l’Ecossais ait alors voulu se diriger vers la restauration. Au cours de sa carrière, il a notamment travaillé pour l’établissement “Number One”, auréolé d’une étoile Michelin et situé au sein de l’Hôtel Balmoral à Édimbourg.
Mais l’envie d’ouvrir son propre restaurant a toujours fait partie du rêve du chef. C’est chose faite en 2015 quand son premier établissement “111 by Nico” voit le jour à Glasgow. Mais Nico Simeone ne va pas s’arrêter là. Deux ans plus tard, il remet le couvert avec son tout premier “Six by Nico”, qui ouvre ses portes là encore dans sa ville natale. Un second établissement suivra en 2018 à Edimbourg avant que le chef ne sorte des frontières écossaises pour s’installer à Belfast, Manchester, Liverpool, Dublin, ainsi qu’à Londres d’abord dans le très chic quartier de Fitzrovia, avant de choisir en aout 2021 Canary Wharf comme deuxième site londonien.
Et justement pour marquer le coup de cette dernière ouverture à Londres, Nico Simeone a mis les plats dans les grands avec la création d’un menu dégustation original, composé de 6 plats, et s’intitulant “Once upon a time”. Le chef s’est inspiré de 6 des contes de fée qui ont rythmé notre enfance, peu importe notre âge : Oliver Twist, Paddington, Matilda, Le vilain petit canard, La Belle et la Bête, Danny Champion du monde. Un menu en édition limitée, puisqu’il ne sera plus proposé après le 13 mars prochain.
Le chef a donc inventé une carte spéciale pour ce lancement. Au menu, 6 plats à déguster. Mais avant de goûter ce qui est dans l’assiette, un cocktail, baptisé “Mary Poppins”, vient préparer les papilles des convives. Réalisée à base de rhum épicé avec une touche de cerise, de gingembre et citron, la boisson procure une petite sensation pétillante et sucrée qui ouvre l’appétit. Pour accompagner cette mise en bouche, le restaurant propose “Fantastic Mr Fox”, un petit beignet au bon goût de pain d’épice fourré à la mousse de canard – excellente – et quelques tranches de pain et du beurre à la texture onctueuse et à l’effet crémeux.
Pour le premier plat, place à “Oliver Twist”, où la pomme de terre est reine. En effet, on y déguste une petite pomme de terre Hasselback – pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une recette suédoise présentant une pomme de terre cuite au four mais avoir été coupée en tranches – accompagnée d’un beurre assaisonné à l’ail des ours, puis d’une mousseline de pommes de terre légère et qui se mange presque comme une bonne soupe.
Place au second met, baptisé d’après le célèbre ours, Paddington. Dans l’assiette, une bruschetta au levain, un ragoût de joue de bœuf, de la marmelade de champignons et de quelques copeaux de truffe. Les végétariens auront le droit eux à une jolie omelette au fromage, et champignons-non et à la marmelade d’ail noir. Epoustoufflant.
Pour le troisième plat, place à “Matilda” avec sa carotte Tandoori entière cuite au four, sa rémoulade de carottes, son pesto de fanes de carottes, sa carotte marinée au safran, et son caillé de chèvre aux agrumes. Une délice.
Quatrième round avec “Danny, Champion of the World”, avec de la truite de mer, un velouté d’os fumé et vinaigrette à l’aneth, de l’artichaut, des herbes marines, du gel de bergamote et du concombre salé. Pour l’option végétarienne, on vous servira, sur le thème de “Boucle d’or et les trois oursons”, un porridge d’orge perlé au pecorino, à la truffe d’hiver et au pesto blanc. On avoue que pour ce dernière recette, on a été moins convaincue. La présence du pecorino, un fromage assez prononcé, gâche un peu la qualité du plat. Mais si vous avez des goûts culinaires assez forts, cela ne devrait pas vous déplaire.
On est presqu’à la fin du voyage, mais avant d’arriver au dessert, “Le vilain petit canard” a son mot à dire. Comme son nom le laisse imaginer, le plat est à base de canard. Vous goûterez une jolie cuisse – très bien présentée et cuite – aux noix marinées, accompagnée de salsifis, d’une touche de poire et de figue, et sans oublier un petit gratin de pommes de terre. Pour celles et ceux qui ne mangent pas de viande, Cendrillon vous attend. Au menu, de la courge au four au caillé de chèvre et l’estragon, avec des gnocchi à la parisienne, qui n’auront pas conquis notre palais. Peut-être parce qu’un peu trop farineuses.
Pour finir, place à la Belle et la Bête, un délicieux gâteau à la crème mascarpone, de rose, d’hibiscus et de rhubarbe, et de chocolat blanc avec un zeste de citron. Retour en enfance immédiat, avec cette impression de replonger dans un paquet de Tagadada. Ce dessert est le bouquet final idéal pour clôturer cette dégustation gastronomique.
Globalement, ce menu dégustation a tenu plus que sa promesse de voyage culinaire. Même si on pointe quelques bémols dans certains plats, on se dit que forcément, quand il y en a autant, il est logique qu’il y en ait un ou deux qui nous plaisent un peu moins. Et pour celles et ceux qui voudraient tenter de reproduire les plats de Nico Simeone à la maison, le menu, présenté sous forme de petit livret, inclut leurs recettes. On dit bravo à cette idée !
Si vous faites le choix de prendre le vin pour accompagner le menu dégustation, on prévient tout de suite les convives qui n’aiment pas le blanc : sur les cinq nectars proposés, deux sont des blancs et un du Muscadet. Peut-être vaut-il mieux prendre un verre (ou une bouteille) de votre choix. Sinon, on a beaucoup aimé le rouge, un Montepulciano d’Abruzzo de 2020, au corps bien structuré, ni fort ni trop léger. Un bon compromis.
On aurait envie de dire : rien. On retient que Six by Nico Canary Wharf propose un vrai gastronomique à un prix plus que raisonnable, puisque ce menu dégustation de 6 plats ne coûte que £37 (sans le vin, qui demandera un supplément de £33).
Entre amis ou en couple. Mais attention, comme dans la plupart des établissements londoniens, le volume sonore musical est assez élevé. Donc si c’est un dîner en tête-à-tête que vous souhaitez faire, on ne vous conseille pas l’endroit, ou du moins pas aux heures les plus prisées.
Difficile de choisir un seul plus tant l’expérience a été belle. On en a donc choisi trois : la créativité des plats, l’option végétarienne et le prix.
5/5