Comme nous vous l’annoncions au début du mois d’avril, certaines toiles du célèbre peintre Vincent Van Gogh sont exposées dans la non moins célèbre Tate Britain. Un peu plus de 45 œuvres réalisées par le Néerlandais au cours de sa courte vie couvrent les murs du musée londonien, en compagnie d’autres tableaux d’artistes relativement moins reconnus.
Jusqu’au dimanche 11 août, la dizaine de salles qui est consacrée à l’exposition nommée The EY Exhibition : Van Gogh and Britain ont la chance d’accueillir ces dizaines d’œuvres qui ont été temporairement prêtées à la Tate par d’immenses musées dans le monde entier comme la National Gallery of Art de Washington et le Museu de Arte de São Paulo. French Morning London a eu la chance d’aller admirer le génie du plus célèbre des peintres hollandais, et vous en fait la visite guidée.
Vincent Van Gogh (1853-1890) a passé près de 3 ans de sa vie en Angleterre. Cette courte expérience a profondément marqué le peintre dans sa vie personnelle comme professionnelle, en façonnant son expression artistique. Néanmoins, il n’est pas trop osé d’affirmer que ce passage de l’artiste a une influence encore plus grande sur la scène artistique britannique à la fin du XIXème et d’autant plus au XXème siècle. L’objet de l’exposition est alors d’explorer les liens qu’a tissé Vincent Van Gogh avec la Grande-Bretagne et son art, et réciproquement.
La première salle dans laquelle on entre en passant les grandes portes de l’exposition souligne l’attachement de Vincent Van Gogh à la culture britannique. L’artiste connu pour ses troubles mentaux parlait et lisait couramment quatre langues, dont l’anglais, et était passionné par les nouvelles de l’époque victorienne au Royaume-Uni. Selon lui, ces dernières décrivaient une “réalité encore plus réelle que la réalité”, et il vouait une admiration particulière pour l’auteur Charles Dickens. Dans cette pièce aux murs blancs, un seul tableau est présent, et pas des moindres : L’Arlésienne, que Vincent Van Gogh peint quelques mois avant sa mort, et où figurent au premier plan deux livres dont Un chant de Noël de Charles Dickens.
Vincent Van Gogh s’est installé à Londres en 1873 à tout juste 20 ans. A l’époque, il n’est pas un artiste mais travaille dans le monde de l’art, étant marchand d’art pour la maison française Goupil à Covent Garden. En arrivant, il est vite tombé sous le charme de la culture anglaise en travaillant au milieu d’œuvres, en se rendant dans des musées où étaient exposés des peintres, comme John Constable, qui l’ont marqués durablement. Bien qu’il ait peu produit durant son long séjour londonien, la Tate Britain dispose d’un nombre considérable de lettres qu’il envoyait par centaines à son frère et meilleur ami, Théo, dans lesquelles il lui conte son amour pour Londres et ses galeries.
En continuant d’arpenter les couloirs du musée, on entre alors dans une pièce relativement sombre qui a pour but d’illustrer la passion du Néerlandais pour les prints. Ce sont des représentations imprimées d’œuvres d’art qu’il appréciait fortement jusqu’à posséder plus de 2.000 pièces. Au Royaume-Uni, les reproductions ‘black and whites’ faisaient fureur auprès de la scène artistique et Vincent Van Gogh ne dérogeait pas à cette règle. “Je me sentais souvent mal en Angleterre… mais les ‘Black and White’ et Charles Dickens sont les choses qui ont toujours tout compensé”, déclarait-il dans une lettre en 1883. De manière générale, l’Angleterre a encouragé son amour pour l’art et a largement participé au lancement de sa carrière d’artiste.
Vincent Van Gogh quitte Londres en 1876. Après être revenu vivre aux Pays-Bas, il part à Paris rejoindre son frère à l’âge de 32 ans. Il y rencontra de très nombreux artistes, avant de déménager à Arles, dans le sud de la France, pour y former une communauté artistique. Parmi ces artistes, certains étaient britanniques et il avait parfois l’habitude de nommer ses œuvres en anglais afin de mieux les vendre au Royaume-Uni. Cependant, l’arrivée de ses troubles mentaux eurent raison de ses plans de carrière bien qu’il continua à peindre en étant interné. Quelques années plus tard, au printemps 1890, Vincent Van Gogh succombera de ses blessures après avoir tenté de se suicider, à Auvers-sur-Oise, non loin de Paris.
C’est 20 ans après sa disparition que Vincent Van Gogh commença à être reconnu par le public britannique lors d’une exposition aux Grafton Galleries de Londres. En effet, à l’aube du XXème siècle, de nombreux artistes d’outre-Manche ont commencé à se pencher sur le travail du Hollandais et à s’en inspirer fortement. Ceux-ci, dont des peintres tels que Spencer Gore ou Matthew Smith, ont œuvré pour créer des versions britanniques des modèles laissés par Vincent Van Gogh. A ce sujet, la Tate Britain raconte que l’artiste Harold Gilman avait accroché un autoportrait du génie néerlandais, et qu’il lui lançait “À toi, Van Gogh!” avant de commencer une nouvelle toile.
En approchant de la fin de cette exposition, la curatrice en chef de cette exposition Van Gogh and Britain, Carol Jacobi, a décidé de consacrer une pièce entière à un exemple concret de l’influence de Vincent Van Gogh sur l’art britannique : les tournesols. En effet, le musée a emprunté à sa voisine de Trafalgar Square, la National Gallery, une des pièces les plus connues de l’ancien marchand d’art, Sunflowers. Ce tableau qu’il peint afin de décorer sa maison à Arles, eut pour effet de relancer le mouvement de la peinture de fleurs parmi les artistes britanniques. Néanmoins, ce n’est qu’une petite partie de l’immense héritage que Vincent Van Gogh a laissé à l’un de ses deux pays d’adoption, le Royaume-Uni.