Jupes pour les filles, pantalons pour les garçons, vestes, cravates… La chose peut être surprenante pour des Français – habitués à ne pas avoir de normes vestimentaires – mais la plupart des enfants et adolescents portent l’uniforme à l’école, en Angleterre. Et ce, quel que soit l’établissement, qu’il soit privé ou public. Les Anglais sont profondément attachés à cette tradition. Mais pour quelles raisons ?
L’uniforme serait la norme dans plus de 90 % des établissements du secondaire, en Angleterre. C’est dire son importance. Les jeunes le portent souvent depuis l’entrée au primaire jusqu’à la “year 11″, l’année où ils passent le GCSE (le General Certificate of Secundary Education, l’équivalent du brevet des collèges), qui correspond également à la dernière année de scolarisation obligatoire dans le pays.
Le choix de faire porter ou non un uniforme est laissé aux établissements. Aucune loi n’impose en effet cette tenue vestimentaire, bien qu’elle soit “fortement recommandée” par le gouvernement qui estime qu’il contribue à la mise en place d’une “ambiance appropriée” à l’école.
“L’uniforme scolaire britannique a une longue histoire qui remonte au XVIème siècle, explique le Dr. Kate Stephenson, qui a rédigé une thèse sur la question à l’Université de York. Je pense que leur popularité à travers le temps s’explique par leur histoire traditionnelle mais aussi leur lien à l’identité culturelle britannique et, depuis plus récemment, à leurs vertus disciplinaires supposées.”
“Aujourd’hui, ils sont perçus comme représentant une certaine égalité, aptes à masquer les différences, particulièrement entre classes sociales”, poursuit-elle. Le vêtement aurait par ailleurs, pour beaucoup, une influence sur le comportement des jeunes et la réussite scolaire. “Il n’y a pas de preuve de relation directe entre l’uniforme et les résultats scolaires, mais c’est ce que pensent beaucoup de gens, indique Kate Stephenson. Enfin, l’uniforme crée aussi un sentiment d’appartenance à un groupe, d’affiliation à une institution.”
Le vêtement contribue à l’identité des écoles. L’argument est aussi avancé dans certains établissements français au Royaume-Uni, tel le Lycée International Winston-Churchill à Londres, qui a mis en place un “dress code”. “Il nous paraît important de laisser les élèves exprimer leur individualité tout en respectant une charte de couleur et de design qui représente l’identité de notre école”, explique l’institution scolaire.
Côté élèves, on s’attache surtout à l’aspect, agréable ou non, du vêtement. “On n’avait pas à réfléchir à ce que l’on devrait porter en cours, sourit Lisa Bell, qui a aujourd’hui 26 ans et a porté un uniforme jusqu’à ses 16 ans. Il y avait un côté pratique.” “Cela ne me gênait pas quand j’étais plus jeune, mais maintenant je fais de l’art et du théâtre et je ne trouve pas le costume simple à porter”, nuance pour sa part Hal Strode, 18 ans, qui porte encore un ensemble pantalon-veste-cravate.
Bien que populaire, la tradition vestimentaire n’est ainsi pas exempte de critiques. Outre sa praticabilité – plusieurs garçons avaient revêtu des jupes pour réclamer le droit de porter des shorts aux beaux jours – la question de son coût, notamment, est parfois soulevée, ceux-ci pouvant s’avérer chers pour certaines familles.