Première candidature, première victoire. Au lendemain de son élection, Vincent Caure se dit “heureux et fier de pouvoir représenter les Français de l’étranger, en particulier dans un moment charnière de l’avenir de notre pays”. Inconnu de la circonscription il y a un mois, le candidat d’Ensemble! a été élu dimanche 7 juillet député de la troisième circonscription des Français de l’étranger, dont fait partie le Royaume-Uni. Le macroniste de la première heure a ainsi battu la candidate écologiste (NFP), mais de très peu, puisqu’il a remporté 50,54% des voix exprimées, soit une différence de 808 voix. Un second tour très serré, qui fait écho au premier, où seulement 63 voix séparaient les deux qualifiés, avec l’avantage donné à Charlotte Minvielle.
Les électeurs et électrices ont finalement préféré accorder leur confiance à Vincent Caure. Mais en regardant dans le détail, ce dernier perd 5 points par rapport à son prédécesseur (devenu son suppléant), Alexandre Holroyd, qui avait recueilli 55,80% en 2022. Déjà à l’époque, le député sortant avait fait moins bien qu’en 2017, où il avait obtenu un peu plus de 70% des voix. C’est à Londres et à Tallinn que tout s’est joué. Sur tout le reste de la circonscription (Norvège, Danemark, Finlande, Lettonie, Lituanie, Islande, Irlande, Suède et même en Ecosse), Charlotte Minvielle est arrivée en tête, que ce soit pour le vote à l’urne comme pour le vote électronique.
A Londres (qui comprend les bureaux dans ma capitale anglaise mais aussi dans le reste de l’Angleterre et à Belfast), si la candidate écologiste a remporté les votes à l’urne, avec 52.52% (contre 47,48% pour Vincent Caure), elle a été devancé sur les votes par internet : 45.25% contre 54.75%. La majorité des électeurs et électrices s’étant exprimé électroniquement (avec un taux de participation à 41.41% contre 5.86% à l’urne), elle y aura donc perdu son avantage. De même en Estonie, 50.39% ont fait le choix de voter par internet mettant en tête Vincent Caure (51.98%) tandis qu’à l’urne, les deux candidats étaient à 50-50. Petite consolation pour l’écologiste, en termes de nombre de voix, elle le double quasiment en deux ans, passant de 19,601 en 2022 à 37,326 en 2024. Le député élu a certainement profité d’un report de voix, notamment venant de Les Républicains, dont le candidat au premier tour, Balthazar Roger, avait réalisé un peu plus de 5%. La participation a été de 48,71%, bien plus élevée qu’en 2022, où elle atteignait à peine 40% au second tour.
Cette victoire, Vincent Caure dit la regarder avec “humilité et responsabilité”. Il promet d’être le député de l’ensemble de la circonscription et sera, assure-t-il, au travail dès cet été et à la rentrée. Mais avant, il faudra voir comment se dessine l’Assemblée nationale, dont il connaît bien le fonctionnement pour y avoir travaillé plusieurs années. Lui espère une grande coalition centriste. Au lendemain du résultat, il était déjà à Paris pour les premières démarches administratives et assister aux réunions de groupes. Le député nouvellement élu a déjà planifié son travail en circonscription avec des déplacements sur l’ensemble des pays. “La campagne a été très courte”, rappelle-t-il, justifiant le fait qu’il n’ait pas pu se rendre sur le terrain, à part à Londres. Dans sa ligne de mire des pays où se rendre en priorité, “l’Irlande et la Suède”, de par la taille des communautés françaises présentes. “Mon objectif est d’aller au maximum d’endroits et de rencontrer aussi les élus locaux et les associations”, commente Vincent Caure.
A l’Assemblée, il aimerait continuer le travail porté par d’autres parlementaires sur la dématérialisation des démarches administratives pour les Français de l’étranger. “Nous sommes plus forts quand nous pesons ensemble”. Aussi, il aimerait, si cela lui est permis, siéger dans la commission des lois. “Une commission prestigieuse, mais ce n’est pas dit que pour un élu dont c’est le premier mandat cela soit possible”.
S’il y a un gagnant, c’est qu’il y a aussi un perdant. En l’occurrence, une perdante dans cette élection. Mais Charlotte Minvielle tient d’abord à présenter ses “félicitations républicaines” au vainqueur de ce second tour, tout en se disant soulagée, “même si nous avons perdu sur la circonscription”, du score du Nouveau Front Populaire au niveau national, démentant les projections envisagées depuis une semaine. “Le résultat est un désaveu du camp Renaissance, qui se retrouve derrière le bloc NFP, qui devient la première force prête à gouverner pour un vrai changement avec plus de justice sociale, d’écologie et d’égalité”.
Pour son résultat sur la troisième circonscription des Français de l’étranger, la candidate écologiste se dit évidemment “déçue”, d’autant que le score était très serré. “Mais je suis fière de cette belle campagne menée sur le fond et avec sérieux. On a assisté à une mobilisation incroyable”. Elle regrette que son opposant ait fait le choix, dit-elle, “de tenir des propos diffamatoires pendant la campagne”, notamment sur le fait que Jean-Luc Mélenchon pourrait être le prochain Premier ministre, sur l’instauration d’un impôt universel ou “en parlant d’un Frexit lent, alors que même que je suis issue d’un parti, qui s’appelle Europe Ecologie Les Verts et que je suis profondément européenne. Je connais les conséquences du Brexit et ce n’est pas ce que je veux”. Pour elle, les déclarations de Vincent Caure “donnent le ton de ce que sera sa façon de faire de la politique”. Charlotte Minvielle assure cependant qu’elle sera très attentive à ce que le nouveau député fera pour défendre les Français de l’étranger. “Il manque de connaissances sur le sujet, sans compter qu’il n’a aucun ancrage sur la circonscription”, dénonce-t-elle.
D’un point de vue chiffres, l’écologiste se dit ravie de voir la belle progression réalisée par rapport à 2022. “On a réalisé un des meilleurs scores Nouveau Front Populaire sur l’ensemble des circonscriptions des Français de l’étranger, cela donne de l’espoir pour la suite”. D’autant qu’elle a doublé le nombre de voix en deux ans. “Même à Londres, nous avons progressé, alors même que le contexte n’est pas facile. Pour rappel, en 2017, le rapport de force était de 70-30, aujourd’hui il est de 50,5-49,5. Si la campagne n’avait pas été si courte, nous aurions pu gagner”. En sept ans donc, analyse-t-elle, la majorité présidentielle a quelque peu perdu de sa force sur la circonscription qui lui semblait acquise en 2017. “Tout le travail que nous avons mis en place, en particulier pendant la campagne comme les cafés citoyens, va continuer. Nous serons sur le terrain pour répondre aux problématiques des Français et porter quelque chose de plus positif”.