Sur le plateau de Channel 5, le député européen britannique, Nigel Farage, a lancé l’idée d’organiser un second référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Shocking ! Car celui qui a émis ces paroles est l’ancien leader du parti d’extrême-droite UKIP, qui avait fait campagne contre le maintien.
“Ce qui est certain, c’est que les Nick Cleggs, Tony Blair, Andrew Adonises (représentants du parti travailliste, NDLR) n’abandonneront jamais. Ils continueront à pleurnicher et gémir tout au long de ce processus. Alors peut-être, juste peut-être, j’arrive à penser que nous devrions avoir un deuxième référendum sur l’adhésion à l’UE … et nous pourrions en finir avec tout ça”, a expliqué Nigel Farage. Avant d’ajouter que “le pourcentage qui voterait (pour ce second référendum, NDLR) serait beaucoup plus important que la dernière fois”.
Mais est-ce que techniquement, organiser un nouveau vote populaire est possible ? Oui, répond Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l’University College of London, qui tient aussi un blog. “Sur le plan technique, il n’y aurait pas de problème”. Mais encore faut-il, précise le politologue, que toutes les conditions soient réunies. Lesquelles ? “C’est d’abord trouver sa légitimité. Il faut avant tout une volonté populaire”. En somme, que les Britanniques expriment leur envie de voter à nouveau. “Et ce n’est pas le cas aujourd’hui, on le constate dans la majorité des sondages qui sont publiés”. Au mieux, l’écart est serré entre les deux camps. Donc pas suffisant pour lancer un nouveau vote. “Il faudrait au moins 10 points d’écart et ce, sur plusieurs sondages” pour que cela ait une vraie signification.
Puis il faudrait une volonté politique, que les deux partis politiques majeurs, conservateurs et travaillistes, partageraient. “Mais elle n’existe pas. Certes, les parlementaires qui avaient fait campagne pour le “remain” (rester en UE, NDLR) ou les personnes pas satisfaites des résultats du référendum, continuent à défendre leur position. Cependant, la majorité dit respecter le choix du peuple”, expose Philippe Marlière.
Changement d’opinions, climat politique instable, négociations tendues… Voilà ce qui inverserait la tendance. Alors pourquoi Nigel Farage a défendu cette idée ? Cette sortie sur le plateau de Channel 5 pourrait avoir, selon le politologue, un but bien précis : “Il s’agit plus d’un repositionnement politique de sa part. Il a été un peu mis à l’écart de la scène politique depuis sa démission de la présidence du UKIP. Il a envie de revenir dans le jeu, de faire parler de lui”.
Proposer un nouveau référendum donnerait donc une seconde vie médiatique à Nigel Farage avec à la clé un retour aux affaires. “Il a été omniprésent pendant la campagne sur le premier vote. D’ailleurs son parti n’était utile que pour défendre l’idée de la sortie de l’Union Européenne. Un second vote, ce serait une nouvelle plateforme de communication”, commente Philippe Marlière.
Mais alors, tout ceci n’est qu’une chimère ? “Il est toujours possible de revenir en arrière. Rien n’est impossible. Mais le contexte actuel n’y est pas favorable. L’économie britannique se porte bien et le vote n’a pas eu, ou du moins encore eu, d’impacts majeurs”, conclut le professeur de l’University College of London.