Plus de 580.000 signatures ont été enregistrées depuis le mardi 24 juillet, jour du lancement de la pétition. Le journal The Independent, par la voix d’un de ses journalistes Christian Broughton, a décidé de prendre position face au Brexit en réclamant l’organisation d’un second référendum sur l’accord final entre le gouvernement britannique et l’Union européenne.
“Nous avons lancé notre campagne “Final Say” pour que les citoyens puissent participer à un référendum sur l’accord Brexit. Plus de 500 000 d’entre vous ont déjà signé notre pétition – ce qui en fait la plus importante de l’histoire de The Independent”, confie le journal dans son édition en ligne du mardi 2 août. Parmi les signataires, on compte “des politiciens (dont l’ancien Premier ministre Tony Blair), des stars de la pop, des acteurs aux activistes, des scientifiques aux étudiants”.
Pour sensibiliser la population, The Independent avance quelques arguments. “Regardez le désordre dans lequel nous sommes : peu de progrès dans les négociations, pas de solution pour la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, nous devons aussi stocker des fournitures médicales, et le gouverneur de la Banque d’Angleterre estime que le risque d’un Brexit sans marché est “inconfortablement élevé””.
Le journal explique vouloir avec l’organisation de ce référendum “s’assurer que la réalité correspond aux souhaits des gens des deux côtés du débat sur le Brexit”. “Le public a perdu confiance dans le parlement. Nous avons eu des démissions en chaîne, les deux plus grands partis (conservateur et travailliste, NDLR) sont divisés. Peut-être n’aurions-nous jamais dû organiser un référendum (en juin 2016), mais nous l’avons fait. Nous sommes là où nous en sommes. Il est seulement démocratique et naturel de permettre aux gens de dire si c’est ce à quoi ils se sont réellement engagés”.
Oui, répond Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l’University College of London, qui tient aussi un blog. “Sur le plan technique, il n’y aurait pas de problème”. Mais encore faut-il, précise le politologue, que toutes les conditions soient réunies. Lesquelles ? “C’est d’abord trouver sa légitimité. Il faut avant tout une volonté populaire”. En somme, que les Britanniques expriment leur envie de voter à nouveau.
Avec cette pétition, si elle continue à rassembler davantage de signatures, il se pourrait donc que le gouvernement se sente sous pression populaire. Surtout que les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sont au plus mal. La Première ministre britannique, Theresa May, s’est rendue vendredi 3 août en France, au Fort de Brégançon, pour une visite de travail estivale avec Emmanuel Macron. L’objectif étant de convaincre le président de la République française d’accepter son nouveau plan Brexit.
De leur côté, selon l’Express UK, les ministres britanniques ont envoyé un message sans équivoque, samedi 4 août, aux patrons de l’Union européenne, avertissant Bruxelles qu’ils “enfreindraient leurs propres règles s’ils refusaient de parvenir à un compromis dans les négociations sur le Brexit”, explique une source proche du gouvernement. Pour se défendre, ils ont invoqué l’article 8 du traité de Lisbonne, qui stipule que l’UE doit “développer des relations spéciales avec les pays voisins, visant à établir un espace de prospérité et de bon voisinage, fondé sur les valeurs de l’Union et caractérisé par des relations étroites et pacifiques.”
Ces ministres reprochent à l’Union européenne, et notamment au négociateur en chef Michel Barnier, de bloquer le processus. “La façon dont ils se comportent rend les choses difficiles et si nous nous retrouvons sans aucun accord, nous leur ferons savoir qui en est responsable, ils doivent également accepter que nous n’avons rien fait de mal. Nous sommes partis sous les termes du traité de Lisbonne, qui stipule qu’ils ont l’obligation de nous aider.”
Dans une interview au Sunday Times, le secrétaire britannique au commerce international, Dr Liam Fox, a déclaré que “l’intransigeance de la commission (européenne) nous pousse à ne rien faire. Nous avons établi les bases d’un accord, mais si l’UE décide que l’obsession théologique des non-élus doit primer sur le bien-être économique des citoyens européens, alors le Brexit des bureaucrates – pas le Brexit d’un peuple – ne donnera aucun résultat.”
One Response
La seule chose qui les fasse changer d’avis, ce serait que les tabloids fassent marche arrière et admettent qu’ils se sont trompés. Je ne vois pas Murdoch faire cela, ce n’est pas son intérêt à lui. Mais peut-être faut-il que les Britanniques souffrent des conséquences pour comprendre qu’ils se sont… pardon, qu’on les a trompés.
Autre possibilité: que le gouvernement admette qu’il n’aurait pas du demander son avis au peuple car tous les électeurs n’ont pas un doctorat en Politique. Combien connaissent les lois et les règles de l’UE?