Cela fait maintenant 25 ans que Le Club Petit Pierrot permet aux enfants francophones et non francophones d’apprendre de manière ludique la langue de Molière. A la tête de cette structure qui compte aujourd’hui 10 salariés, la française Stella Bataille, éducatrice de formation devenue enseignante à Londres.
“Ce sera une grande fête”, promet Stella Bataille. Pour célébrer le quart de siècle du Club Petit Pierrot, la Française a décidé de mettre les petits plats dans les grands lors d’un événement dédié dimanche 7 octobre à Chelsea. “Il y aura des activités et des animations qui seront proposées pendant l’après-midi”. Et les bénéfices de cet anniversaire seront reversés à une association caritative, Just Shelter, qui aide les familles de réfugiés. Un beau geste qui paraissait essentiel pour la Française, qui travaille avec des enfants depuis plus de 30 ans.
Avant de débarquer à Londres à la fin des années 80 pour suivre son mari, un comédien britannique, Stella Bataille travaillait en effet comme éducatrice en région parisienne. A l’époque, elle créait déjà des programmes d’apprentissage du français en collaboration avec des enseignants. “J’ai toujours aimé travailler avec des enfants, c’est très gratifiant”, explique la Française.
En arrivant dans la capitale anglaise, elle est embauchée comme institutrice à l’Ecole des Petits. “A l’époque, il n’y avait pas autant de Français à Londres, du coup nous avions beaucoup d’enfants qui ne parlaient pas la langue au sein de l’établissement. Je me suis alors posée la question de comment s’y prendre au mieux pour permettre un apprentissage plus simple”. Stella Bataille a une idée : pourquoi ne pas s’appuyer sur ce qu’elle faisait en France et proposer un concept immersif. Autrement dit, apprendre en jouant. Et ça marche.
Au bout de 5 ans, elle se décide à lancer ses propres classes à destination des enfants qui suivent un cursus anglais. On est en 1993 et les débuts se font autour d’un petit groupe d’enfants dans une salle près de Victoria. “Les familles venaient de tout Londres pour ces cours”, s’étonne encore Stella Bataille. Et voilà comment naît Le Club Petit Pierrot. En 25 ans, la structure, qui s’adresse autant aux bébés qu’aux enfants jusqu’à 8 ans, se développe. Aujourd’hui, elle compte 10 centres dans la capitale anglaise. “Je travaille aussi avec beaucoup d’établissements comme des écoles maternelles, primaires mais aussi des crèches, où les équipes du club interviennent”. Plus d’un millier d’enfants par semaine bénéficient de ces cours de français d’un nouveau genre.
Au fil des années, elle développe pour Le Club Petit Pierrot de nombreux outils de travail, qui font leurs preuves. Elle puise dans son expérience passée pour créer des plans de leçons qui deviendront ensuite des programmes d’apprentissage. Des programmes renouvelés tous les trois ans et révisés avec les équipes. “Nous avons une réunion pédagogique toutes les semaines, on regarde le programme à court terme, chacun amène son point de vue et ses idées sur la mise en pratique”. Stella Bataille tient à souligner que les méthodes appliquées sont sérieuses. “On ne fait pas que jouer avec les enfants, on va plus loin. On cible le vocabulaire selon l’âge”.
10 personnes travaillent actuellement auprès de la Française au sein du Club Petit Pierrot. “Je préfère garder une taille humaine en termes d’équipe, c’est un gage de qualité pour les parents et d’investissement pour les personnes collaborent avec moi car je veux avant tout que les enseignants que je recrute soit impliqués, qu’ils adhèrent à cette méthode et qu’ils aient envie de dispenser cet apprentissage”. Travailler avec des enfants, c’est très sérieux, rappelle-t-elle, “il faut qu’ils puissent s’épanouir pour mieux apprendre et je souhaite avoir une équipe qui comprenne cela”.
Ce travail semble bien reconnu aujourd’hui. Pour preuve, le CD de chansons, qu’elle a crée de toutes pièces et qui inclut 30 compositions originales et 6 standards remixés, vient d’être nommé aux Little London Awards, récompensant les marques et produits innovants pour les enfants. C’est en discutant avec un ami de son mari que Stella Bataille a eu l’idée de cet album, qui est aujourd’hui un de ses outils de travail et permettant de travailler sur l’accent et la prononciation des mots en français. “J’avais déjà les airs pour certaines et pas pour d’autres. Du coup, cet ami m’a aidée à mettre tout cela en musique”. C’est même elle qui prête sa voix pour les chansons. Les ambiances et les bruitages ont aussi été faits maison.
Dimanche 7 octobre, ce sera donc l’occasion de célébrer toutes ces bonnes nouvelles. Et celles qui arrivent également. “On travaille actuellement sur un nouveau projet, des cours en ligne. J’espère pouvoir mettre cela en place courant 2019”.