Guillaume Bazard a officiellement pris ses fonctions de Consul général de Londres lundi 3 septembre dernier. Un mois après son arrivée, le diplomate, à la tête de cette structure employant 80 personnes, se confie sur ses missions et sur les grands dossiers qu’il devra gérer avec ses équipes.
A sa charge, et selon les derniers chiffres officiels, 141.500 Français. “Au 31 décembre 2017, il y avait 141.500 Français immatriculés pour la circonscription de Londres, et 6.000 pour celle de l’Ecosse (à la charge du Consul général de France à Édimbourg, Emmanuel Cocher, NDLR)”, détaille le Consul général. Mais officieusement, ils seraient deux fois plus. “D’une manière générale, on part du principe, et c’est aussi la formule que mes homologues européens appliquent, que seule la moitié des Français s’enregistrent. Donc par extrapolation, on estime qu’ils sont entre 250.000 à 300.000. Mais encore une fois, on ne sait pas exactement”.
Il faut savoir que la communauté française au Royaume-Uni est l’une des plus grandes, sinon la plus grande, au monde, ajoute Guillaume Bazard. “Les services ont constaté une légère progression par rapport à 2016”, poursuit-il. La raison? Certainement les échéances électorales de 2017. Ces chiffres pourraient varier à nouveau, avec le contexte actuellement du Brexit. “On aura les prochains chiffres en début d’année prochaine donc pour le moment nous ne sommes pas encore en mesure de mesurer l’effet éventuel de réduction”, lance le nouveau Consul général. Et puis, il faudrait que les Français qui seraient rentrés au pays aient pensé à s’être radié du registre.
Ce registre, justement, à quoi sert-il vraiment ? “L’inscription est fondamentale, même si elle n’est pas obligatoire. Nous fonctionnons un peu comme une mairie locale ou une préfecture, nous proposons des services administratifs”, explique Guillaume Bazard. Si le consulat recommande de s’enregistrer, c’est pour plusieurs raisons donc. “Cela nous permet de joindre les Français, de faciliter la diffusion d’informations et surtout ce que nous avons en tête, c’est la sécurité en cas d’urgence. Londres a connu, et le pays de manière plus large, des situations de crise, nous souhaitons donc être pouvoir en mesure de joindre nos compatriotes pour leur faire part de mesures de prudence ou de disponibilité de services à les assister. Pour cela, s’ils sont enregistrés la tâche est infiniment plus facile”.
Guillaume Bazard a pris ses fonctions dans un contexte bien particulier. Le Brexit inquiète la communauté française. Jeudi 13 septembre, le Consul général était présent lors de la visite de la ministre des Affaires européennes à Londres. Pour lui, “si elle a tenu des propos rassurants, c’est surtout parce qu’elle se fondait sur les assurances que nous avons reçues et qui ont été réaffirmées publiquement depuis, notamment par la Première ministre britannique, sur la volonté politique : à aucun moment, le gouvernement britannique n’a dit qu’il avait l’intention de remettre en cause les droits des ressortissants européens actuellement présents”.
Une intention politique claire pour le diplomate, qui cependant reconnaît que si les droits des ressortissants européens – et donc français – seront préservés, personne ne sait encore très bien comment le mécanisme d’obtention du settled status va fonctionner. “Le Home Office est en train de le définir, il est actuellement en phase de test réel. Quelques centaines de dossiers ont déjà été traités et cette phase de test sera progressivement élargie jusqu’à la fin de l’année”. Le dispositif devrait être en place au printemps prochain, “mais nous n’avons pas encore de calendrier précis”.
Pas de quoi rassurer la communauté française alors. Cependant, les services de l’Etat promet d’accompagner ses compatriotes. “Bien évidemment, le rôle du consulat ne sera jamais de se substituer à l’administration britannique. Mais si la mise en place de ce dispositif pose des difficultés à certaines catégories de Français, j’ai du mal à imaginer que cela concerne la majorité, le ministère de l’Intérieur nous explique que petit à petit il prendra en compte toutes ces catégories”.
Guillaume Bazard confie que les services administratifs mettront en ligne toutes les informations nécessaires sur les démarches de demande de “settled status” données par le Home Office. L’idée étant de faciliter les choses pour les Français. “Et pour ceux qui ne sont pas très familiers de ce type de communication, évidemment s’il y a des questions, on mettra en place les moyens d’y répondre, mais c’est trop tôt actuellement pour dire exactement quelle forme et quelle ampleur cela pourrait prendre.”
Car parmi les missions du consulat, outre les services administratifs d’état-civil, de nationalité ou encore de visas, sont de permettre à la communauté française de sentir le plus en sécurité possible. Elle peut prendre différentes formes, précise Guillaume Bazard. Et notamment sociale. “On souligne souvent que la communauté française est jeune, dynamique et entreprenante, c’est très vrai. C’est ce qui fait d’ailleurs son charme à certains égards. Mais on a aussi une communauté française moins privilégiée, dans des situations sociales difficiles”, confie-t-il.
Le consulat se dit donc très attentif à ce genre de difficultés du quotidien. “On nous signale des situations individuelles de manière quotidienne et nous avons tout un réseau d’associations d’entraide vers lequel nous les orientons. Parfois, nous pouvons résoudre par des conseils, d’ailleurs on a un petit service au sein du consulat qui s’occupe de ce genre d’affaires”.
Sécurité rime aussi avec prise en charge en cas de crise. Les derniers exemples en date demeurent les différents attentats, qui ont touché la capitale, mais pas seulement : on se souvient aussi de Manchester. “L’essentiel est d’avoir un dispositif de réactions qui soit rapide et efficace. A chaque fois qu’il y a eu une crise, on en a tiré les leçons. On est donc un consulat qui est capable de se mettre en mode de crise”. Aller chercher l’information, mettre en place des mesures d’assistance aux victimes ou aux familles… Le consulat entretient d’ailleurs un réseau de contacts dans la police et les services hospitaliers britanniques.