“Le Brexit va réussir”, prophétise Marc Roche. Ce journaliste belge, ancien correspondant du Monde et devenu britannique il y a quelques mois seulement, en est certain. D’ailleurs, c’est ainsi qu’il a intitulé son dernier livre paru aux éditions Albin Michel à l’automne dernier. Mais ne vous méprenez-pas, prévient-il : il reste un Européen convaincu et un Remainer “pur et dur”. Pourtant, l’économiste de formation, passé par la prestigieuse Columbia à New York pour ses études de journalisme, en est persuadé : la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne va être un succès.
Alors que les parlementaires britanniques sont appelés à se prononcer mardi 15 janvier sur l’accord conclu entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, et que le chaos politique règne depuis plusieurs mois maintenant, certains sont optimistes sur l’issue du Brexit. Marc Roche en fait partie. Le journaliste belge, bien connu en Grande-Bretagne, a fait de ce supposé futur succès de la sortie du pays de l’UE un livre. L’homme apparaît alors être à contre-courant de ce que rapportent de nombreux médias et politiques aujourd’hui. Pourtant, il assume complètement cette position bien qu’il se définisse comme un pro-Europe. “Je suis belge, j’ai 67 ans et je suis né avec les institutions européennes. Mes parents m’ont inculqué qu’après les horreurs de la Seconde guerre mondiale, l’Union européenne était une fantastique chance d’éviter la répétition d’un tel drame”, confie Marc Roche.
Lui-même pensait que le Royaume-Uni continuerait à rester au sein de cette Europe, “avec son statut avantageux, soit avec un pied dedans et un dehors”, avant de reconnaître ses torts suite aux résultats du référendum de juin 2016. Le choix est pour lui la conséquence de l’immigration européenne venue de l’Est du bloc. “Les élites britanniques ont fait campagne pour le maintien, mais visiblement, il y avait un couac entre ces élites essentiellement londoniennes et universitaires et le pays profond qui lui n’était pas hostile à l’Union européenne mais à la libre circulation”, analyse l’ancien correspondant du Monde et du Soir.
Le Brexit a donc été créé par le populisme et par la xénophobie. “Les Britanniques n’ont pas compris pourquoi on laissait venir sans entrave l’immigration venue de l’Est alors que d’autres pays de l’UE avaient mis des barrières pour progressivement arrêter cette immigration qu’ils ne voulaient plus. Cette invasion a été ressentie dans les campagnes et aussi par les minorités ethniques britanniques vivant en dehors de Londres. Elles ont rejeté cette arrivée massive de Blancs, chrétiens, eux mêmes souvent racistes car venant de pays où on ne connaît pas la diversité. Une partie d’entre elles ont voté pour quitter l’Union européenne malgré le discours à connotation raciste de certains partisans du départ”.
Le Belge reproche aux Européens convaincus de vouloir “enlever à un pays son droit de reprendre sa liberté”. “C’est son droit de s’en tenir au résultat du référendum, qui est beaucoup moins serré que les partisans du maintien du Royaume-Uni au sein de l’Europe veuillent bien le présenter”. Dorénavant, il dit ne pas comprendre pourquoi les Européens, qu’il qualifie de “rétrogrades”, souhaitent “faire payer aux Britanniques leur outrecuidance de quitter un ensemble qui est à leurs yeux en perdition”.
Après avoir nié les résultats du référendum sur le Brexit, Marc Roche a donc rapidement reconsidéré le choix de la majorité des électeurs. Il a dit comprendre que cette décision n’était pas si catastrophique. “Ce qui m’a le plus surpris au lendemain du référendum, c’est cette espèce de morgue de mes amis européens, qui pensaient alors qu’en dehors de l’Union européenne, point de salut”, commente le journaliste, “autrement dit le Royaume-Uni était condamné à redevenir l’homme malade de l’Europe qu’il était avant d’adhérer en 1973 et qu’il allait se disloquer à la fois socialement, régionalement et économiquement”. Or, ajoute-t-il, “ma lecture de l’avenir est plus optimiste”.
Oui, il y a aura bien évidemment des effets négatifs économiquement, diplomatiquement et militairement, mais seulement à court terme. “A moyen et long terme, je vois un pays, qui, grâce à ses atouts fondamentaux face à une Europe qui est en proie aux problèmes que l’on connaît, est bien placé pour entamer une nouvelle vie”, prédit Marc Roche. Dans son livre, il explique point par point en quoi cela va être profitable économiquement notamment avec une ouverture mondiale, loin des dictats et contraintes de l’Union européenne.
Le pays aura de nombreuses cartes à jouer avec son “soft power” qui inclut l’industrie culturelle et médiatique ou encore le sport avec en tête de gondole ses clubs de foot très appréciés des Chinois – incontestablement un de ses futurs partenaires économiques -, mais aussi sur sa législation très flexible dans le monde du travail, ou encore les taxes que la Grande-Bretagne pourra fixer librement et ainsi attirer davantage d’entreprises et d’investisseurs. Marc Roche parle même de l’éventuelle création d’un “paradis fiscal aux portes de l’Europe”.
Le Royaume-Uni d’après-Brexit pourra également s’appuyer sur ses liens avec les pays lui ayant appartenus quand il était encore un grand empire, ainsi que sa société multiculturelle. “Quoi qu’en disent les oiseaux de mauvaise augure, l’économie britannique a bien résisté au choc de la rupture future avec l’UE (…). En dépit de l’affaiblissement de l’activité, le cataclysme ne s’est pas produit. Au contraire, l’économie britannique s’est montrée plus résilient que jamais”, écrit Marc Roche dans son livre, “l’Angleterre, loin de s’effondrer, va se renouveler”.
D’ailleurs, juge le journaliste, l’UE est restée ”bloquée dans un schéma de 1945 et aura du mal sortir de son égoïsme migratoire, de la montée du populisme et de son régime autocratique. Le Royaume-Uni par son ouverture sur l’étranger, son cosmopolitisme, sa société multiculturelle, est tout autant planétaire qu’européen”, conclut-il.
2 Responses
Très bien! J’ai corrigé quelques coquilles. Une chose ce serait bien d’ajouter “ancien correspondant du Monde” au début non? Je ne l’ai pas fait au cas où tu avais une raison de ne pas le dire. Je te laisse le faire
hello! oui tu as raison, j’ai oublié de le recontextualiser. Correction faite! Merci pour les coquilles corrigées…