La première a été actrice avant de devenir metteuse en scène après son installation à Londres il y a 20 ans. La seconde est comédienne et ses talents sont autant reconnus à Paris et que dans la capitale anglaise. Marianne Badrichani et Edith Vernes se sont rencontrées il y a 5 ans et ne se sont plus quittées depuis. Elles ont monté ensemble plusieurs projets, dont le dernier sera joué au Playground Theatre du lundi 28 janvier at samedi 2 février.
Elles ont le même objectif : promouvoir le théâtre – et par là même les auteurs – français auprès de spectateurs francophones mais aussi britanniques. Un vrai défi dans un pays, où la culture théâtrale reste assez auto-centrée. “La production britannique est très dynamique, malgré le peu de soutien financier de l’Etat. Mais elle est aussi très insulaire”, avance Marianne Badrichani. Londres, pour elle, reste le centre du monde en termes de théâtre. “La venue de pièces étrangères est un vrai sujet pour les Britanniques. Ils regardent les autres cultures et se disent “so what?”. Mais il faut aussi relativiser car beaucoup d’entre eux sont ravis de voir des pièces en langue originale”. Sans compter le public français friands de théâtre venu de la maison.
C’est donc ensemble qu’elles ont décidé de promouvoir le talent d’outre-Manche. La pièce, Sacha Guitry, Ma fille et Moi, que le duo présentera du lundi 28 janvier au samedi 2 février au Playground Theatre en est un exemple. Déjà jouée l’an dernier à guichets fermés, elle la proposera à nouveau avec des surtitres en anglais pour justement permettre au public anglophone de comprendre et donc profiter du jeu. C’est le troisième projet que Marianne Badrichani et Edith Vernes montent ensemble.
La rencontre entre les deux femmes remonte à 2013. “En venant à Londres, je me suis rendue compte qu’on me cantonnait au rôle de la Française et j’ai donc commencé à m’intéresser à la mise en scène”, explique Marianne Badrichani, autant amoureuse du théâtre conventionnel qu’immersif. Avec toujours dans le viseur de faire venir des pièces françaises à Londres. C’est ce qu’elle parvient à faire, avec le soutien de l’Institut français du Royaume-Uni avec la mise en place du festival “En scène”. Edith Vernes était à l’époque venue jouer sa pièce Discours sur le bonheur. Les deux artistes se parlent, se trouvent des points communs et décident alors de se construire des projets ensemble, avec l’appui de la productrice française Nathalie Berrebi.
Leur première collaboration arrive l’année suivant leur rencontre, soit en 2014. Elles montent Trois ruptures, qui voyagera même jusqu’en Chine. “Même si on ne connaissait pas au départ le travail respectif de chacune, il y a eu très vite une alchimie entre nous. On a certes des tempéraments différents, mais il y a une complémentarité évidente”, lancent en chœur les deux Françaises. Leur deuxième projet s’enchaîne, il sera consacré à l’auteur Eugène Ionesco et au théâtre immersif. Les acteurs sont français et anglais et la pièce est un succès. “On essaie à chaque fois d’apporter quelque chose de nouveau”, ajoute Edith Vernes.
Cette volonté de faire partager le théâtre français a un coût, mais les deux femmes sont prêtes à se battre pour arriver à leurs fins. ”Notre but est de faire rayonner la culture de la France, de faire découvrir des auteurs français”, répètent-elles, convaincues par la réussite de leur objectif. 1.000 personnes sont déjà venues voir leur pièce Sacha Guitry, Ma fille et Moi lors des premières représentations. Dans le prochain théâtre, la salle compte 800 places. Elles espèrent donc faire encore mieux. “On travaille aussi avec le lycée Winston Churchill à Wembley, on réalise des ateliers dans des écoles anglaises”, détaillent les deux artistes, également professeures d’art dramatique.
D’ailleurs, elles ne comptent pas s’en arrêter là. Elles ont déjà des projets dans les cartons, avec une adaptation de textes de Victor Hugo. “On croit en nos projets, car on sent bien qu’il y a quelque chose qui se passe à chaque fin de représentation”, lancent les deux femmes, “la passion est aussi plus forte que tout, et puis on s’amuse énormément à faire tout cela”. Des rêves, elles continuent donc à en avoir et notamment celui de jouer Sacha Guitry, Ma fille et Moi à Paris, où là il sera question de donner une autre dimension à leur travail : la reconnaissance dans un milieu théâtral plutôt intellectuel et souvent réservé aux privilégiés, comme elles le disent.