Et de quatre ! Vendredi 1er février, un quatrième pressing Blanc ouvrira ses portes du côté de White City, dans l’ouest de Londres. Après Marylebone, Notting Hill et Chelsea, c’est donc un nouveau challenge qui attend Ludovic Blanc, sept ans après avoir lancé son affaire, qui a été depuis multi-récompensée pour son engagement écologiste.
La BBC, Soho House, le siège de White Company, Publicis… Les nouveaux voisins du futur pressing de Ludovic Blanc sont prestigieux. C’est d’ailleurs pour cela que le patron français souhaitait installer sa quatrième boutique à White City, ce quartier de l’ouest de la capitale anglaise en pleine mutation. “En plus, on ne sera pas loin de North Acton, là on l’on traite, nettoie et coud les vêtements collectés dans les magasins et chez les particuliers”, complète le Français.
Son entreprise, si justement baptisée de son nom de famille BLANC et lancée en 2012, s’occupe de prendre soin des vêtements, mais aussi des draps, des duvets, des rideaux et des tenues de couture. “On fait aussi la lessive des particuliers s’ils le souhaitent”, ajoute le patron français. Tout est rendu nettoyé, plié et même recousu donc s’il le faut. Parmi ses clients, Gucci qui lui fait confiance pour les uniformes de ses 100 employés en boutique à Londres, mais aussi des marques françaises comme Sandro, Maje, Claudie Pierlot, Ba&Sh…
Jamais le Français n’aurait imaginé que son entreprise, qui connaît une croissance de 60 à 70% par an, se développerait aussi vite. Il y a 7 ans, l’ancien banquier d’affaires chez JP Morgan s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale dans l’idée de changer les habitudes des consommateurs ou d’accompagner les marques qui se sont lancées dans la “sustainable fashion”, la mode version environnementale. “J’ai toujours été écolo et du coup, j’avais en tête de monter un projet qui aurait un impact fort sur l’environnement”, lance Ludovic Blanc. Lui vient alors l’idée de se lancer dans la blanchisserie. “Le pressing est un secteur qui utilise beaucoup de produits toxiques, comme le solvant, qui sont cancérigènes. Non seulement, c’est mauvais pour la santé des employés, mais cela pollue aussi l’air et le sol”. Il entreprend alors des recherches pour déterminer les opportunités permettant de résoudre les problématiques de ce secteur d’activité. “J’avais cet objectif d’améliorer le monde, ou du moins d’y apporter ma pierre à l’édifice”, argue Ludovic Blanc.
Son idée est de s’inspirer de ce qui existe déjà : l’aquanettoyage, procédé inventé par des Californiens il y a quelques années déjà. Comme son nom l’indique, le nettoyage se fait à l’eau mais mélangée à un détergent biodégradable. “C’est bien mieux que le solvant surtout quand on doit s’occuper de costumes ou de robes en soie, et les résultats sont excellents”, détaille le Français. Avant de démissionner en 2011, le Français se forme pendant ses vacances. Il apprend tout sur l’activité du secteur. Il travaille même avec des marques en amont du lancement de son projet.
Sûr de son choix, il quitte donc son poste de banquier et sa décision est perçue comme quelque peu surprenante par certaines personnes de son entourage. “Quand j’ai annoncé que je voulais travailler dans le pressing, je n’ai pas eu que des retours enthousiastes”, rit le Français. Mais Ludovic Blanc n’en a cure et il fonce tête baissée dans son projet, en lequel il croit dur comme fer, tout comme d’autres collègues et notamment ses anciens patrons qui y mettront quelques billes. “Tout le monde a besoin de nettoyer ses vêtements, certains même investissent dans des tenues très cher et se demandent toujours comment les entretenir sans les abîmer”, explique le patron qui sait donc que son idée intéressera.
Il lui faudra compter une année entre sa formation et l’ouverture du premier magasin. “Cela n’a pas été simple de trouver un lieu. Mais j’ai fait une belle présentation et un propriétaire à Marylebone, déjà sensible à la question de la toxicité des pressings, m’a fait confiance”. Ludovic Blanc lance alors une levée de fonds, qui lui permet de mettre en marche la machine. Sept ans après avoir ouvert son premier pressing, son entreprise compte aujourd’hui 50 employés et 1.000 vêtements sont confiés quotidiennement au pressing pour s’en occuper. “Je suis passé du stade artisanal au caractère industriel, mais j’ai toujours tenu à ce que la qualité du travail soit préservée pour nettoyer avec soin les tenues des clients”, précise Ludovic Blanc. Un procédé technologique a même été mis en place pour automatiser certaines missions afin que les employés soient concentrés sur le retrait des taches sur les vêtements et le repassage.
Si ouvrir des boutiques un peu partout dans Londres est si essentiel pour le patron français, c’est parce que c’est “le premier canal pour discuter avec les clients”. “On peut leur apporter des conseils, les renseigner sur les prix, les guider dans leurs besoins”, précise-t-il. Ludovic Blanc se félicite par ailleurs que les services rendus par son entreprise soient rapides. “Nous avons réservé un créneau de deux heures par jour pour venir récupérer les tenues que nous rendons trois jours plus tard”. Mieux, dit-il, un service clients a été mis en place, “une spécificité rare dans le secteur du pressing” pour assurer une prise en charge de A à Z.
Ludovic Blanc n’est pas près de s’arrêter sur sa lancée. Il a déjà de nombreux projets en tête. Parmi eux, l’ouverture d’un autre pressing. “Nous avons un objectif de deux ouvertures par an, et la prochaine fois on aimerait bien ouvrir du côté de South Kensington, et pourquoi pas aussi à Hampstead”. Le nombre de chauffeurs pour assurer la récupération et la livraison des vêtements va également être augmenté. Si pour les deux prochaines années, le Français avoue vouloir se concentrer sur le développement londonien, il prévoit déjà un déploiement à l’international dans les trois ans qui viennent. “Les clients, où qu’ils soient, veulent la même chose : des produits non toxiques et un service de qualité. Et les marques avec lesquelles nous avons déjà construit des partenariats forts sont aussi installées ailleurs”.