Geoffroy Roux de Bézieux était en déplacement à Londres vendredi 8 février. Le président du Medef, syndicat des patrons, venait rencontrer des entrepreneurs français pour parler, comme il avait été officiellement annoncé, du Brexit.
Mais cette venue n’a pas été du goût de tous. L’ancien journaliste de Libération Denis Robert, dont le nom est devenu célèbre suite à l’affaire Clearstream, a publié dans la foulée un post sur son profil Facebook, s’insurgeant du tapis rouge déroulé au patron des patrons dans la capitale anglaise. “J’ai des amis partout y compris à l’ambassade de France à Londres où hier un dinner (sic) était organisé par l’ambassadeur de France en UK Jean Pierre Jouyet, l’ami d’Albert Frère et des prédateurs qui a eu le job pour avoir entre autres “fait” Macron… Ce dîner rassemblait le patron du Medef et tous les gros patrons français à Londres… L’ordre du jour et la conversation n’étaient consacrés qu’à une seule question : comment se sortir du merdier des Gilets Jaunes… Au menu: Coquille Saint Jacques aux truffes … Lets go…”
Pour agrémenter son post, partagé depuis près de 700 fois, Denis Robert a ajouté quelques photos de la soirée, dont le menu confectionné par le chef de la Résidence de France, Gilles Quillot.
Il aura fallu trois jours à l’Ambassade pour répondre au journaliste. Lundi 11 février, un post a été ainsi publié expliquant : “Cher Denis, cette visite d’une délégation du Medef portait sur le Brexit, les différents scénarios qui peuvent en découler et les enseignements à en tirer pour les entreprises françaises. La préparation au Brexit des entreprises françaises est un enjeu particulièrement important pour de nombreux acteurs économiques français. Le dîner que vous évoquez rassemblait des entrepreneurs français de la French Tech à Londres. L’objectif était d’échanger sur les enjeux du numérique et la façon dont le Royaume-Uni y répond. Il s’agissait en particulier de voir si l’on pouvait s’inspirer en France des meilleures pratiques britanniques dans le domaine. La conversation a également porté sur la fracture numérique et les inégalités créées par la technologie, en France, aux États-Unis comme au Royaume-Uni. Quant au dîner, il entrait dans le forfait fixé par l’administration grâce au talent du Chef et sa passion pour la gastronomie française, qui fait -aussi- la fierté de notre pays”.
Cela étant dit, rien n’a filtré de la venue et des discussions qui se sont tenues entre Geoffroy Roux de Bézieux et les entrepreneurs français invités ce jour-là. Mais le patron du Medef s’est confié au micro de France Inter jeudi 14 février sur la question du Brexit, affirmant que “les entreprises françaises ne sont pas prêtes” en cas de non-deal. “J’étais à Londres deux jours (jeudi 7 et vendredi 8 février donc) et malheureusement si quelques grandes entreprises sont prêtes, la grande majorité des 30.000 entreprises qui exportent ne le sont pas. C’est très compliqué. Pendant 30 ans, on a fait des règlements avec les Anglais, donc c’est secteur par secteur, entreprise par entreprise qu’il faudrait être prêt. Et cela ne sera pas le cas le 30 mars s’il y a un Brexit dur”.