Musicien, chanteur, complice des premiers jours de Mathieu Chedid, mais surtout “curieux” et “explorateur”. Mathieu Boogaerts, qui avait fait la première partie de Francis Cabrel au Royal Albert Hall en octobre dernier, a sorti 7 albums en plus de 20 ans de carrière. Le Français en prépare un nouveau, mais cette fois-ci en anglais. Une première pour l’artiste, qui explique que ce projet est né après d’être s’installé à Londres.
Dimanche 3 mars, à l’Omnibus Theatre de Clapham, Mathieu Boogaerts présentera en avant-première quelques-unes des chansons composées en anglais. Ce choix de proximité avec son public, l’artiste y tient. Surtout qu’il n’a qu’une hantise quand il monte sur scène, lui qui n’a que sa voix et sa guitare comme instruments : que les spectateurs s’ennuient. “J’essaie toujours de vivre l’instant présent et les choses de manière unique. J’écoute mon corps, je prends en compte le lieu et l’acoustique. Mais surtout, j’attache beaucoup d’importance à l’ordre des chansons que je vais jouer pour que le public ne s’ennuie pas, qu’il y ait toujours quelque chose qui se passe”, explique Mathieu Boogaerts.
Son prochain album est presque prêt et rappelle-t-il, il sera “100% en anglais”. “Mais j’ai décidé de ne pas travailler mon accent”, confie l’artiste, qui tient à garder une certaine authenticité dans sa démarche. “L’objectif n’est pas de charmer, mais de faire des textes grammaticalement corrects, tout en y mettant mon ton, mon style, mon langage”. Ses chansons, comme celles en français, parleront d’amour, de sentiments profonds.
Cette démarche d’un opus dans la langue de Shakespeare n’avait rien de calculé. Simplement, depuis qu’il est arrivé à Londres il y a deux ans et demi, cela a été une suite logique pour Mathieu Boogaerts. “Je suis quelqu’un de curieux de nature. J’ai beaucoup voyagé dans ma vie, j’ai même vécu à l’étranger, à Bruxelles et à Nairobi. Mais à Londres, on est dans un autre monde, la réalité y est différente”, explique le Français, “en venant ici, j’ai plus eu l’impression d’avoir traversé l’Atlantique que la Manche. Il n’y a pas les mêmes codes, les mêmes comportements qu’en France. Cela va même jusque dans le détails du mobilier urbain”.
Mathieu Boogaerts trouve que ces différences “a un côté grisant et rend les choses plus vivantes”, même s’il reconnaît qu’il s’en est parfois retrouvé déstabilisé. Ce qui l’a poussé à écrire sur ces sentiments, ces impressions. “Quand on a décidé de venir s’installer à Londres, sur une idée de ma compagne, on ne pensait rester qu’une année. Mais au bout de six mois, on s’est dit que ce serait bien de prolonger notre présence d’un an. Être ici, sans trop savoir quand on va en partir, fait qu’on finit par se sentir en danger”. Cette situation l’a donc amené à écrire des chansons, “c’était comme une pulsion” qu’il dit assumer totalement.
Aujourd’hui, c’est donc un nouveau départ pour Mathieu Boogaerts. “C’est un peu comme retourner à la case départ”, lance l’artiste. Autant en France, il a déjà conquis un public, autant à Londres, il faut se faire connaître, aller frapper aux portes pour trouver des dates de concert. Mais cela n’effraie pas le chanteur, qui se dit prêt à se confronter au marché britannique. “Il y a quelques semaines, j’ai joué dans un kebab à Dalston avec le collectif Sofar Sound London qui organise des concerts dans des endroits insolites et secrets. Ce soir-là, j’ai eu la sensation que ce que je fais plaît”. C’est donc un bon départ.