20 petites minutes pour décider du sort du Royaume-Uni. C’est le temps qu’il aura fallu aux 649 députés britanniques pour voter mardi 12 mars sur la validation ou non de l’accord global conclu entre le pays et l’Union européenne. Le verdict a été sans appel : 391 élus l’ont rejeté contre 242 qui ont dit oui. Soit une différence de 149 voix et une claque brutale pour Theresa May.
Les mots de Stephan Barclay, qui a clôturé les débats avant le vote, n’auront rien changé : “Il est temps de soutenir l’accord, il est temps que notre pays aille de l’avant”. Non, c’est non. Le résultat du vote a été net avec 391 contre, 242 pour. Rien de surprenant, puisque toute la journée, les analystes politiques qui avaient convié des députés sur leur plateau de télévision avaient laissé présager cette issue: une défaite cuisante pour la Première ministre, qui en est restée (presque) sans voix, au sens propre du terme. Theresa May, qui s’était présentée en début d’après-midi avec une voix rocailleuse, était quasiment aphone au moment de prendre la parole à l’issue du résultat. Elle a prévenu : “Sortir sans accord serait catastrophique”, a-t-elle lancé, la gorge serrée, “je continue de croire que l’accord présenté était le meilleur et le seul possible”. Elle a expliqué avoir fait son maximum ces dernières semaines pour convaincre du bien-fondé du texte et a prévenu que les députés devaient prendre conscience de l’importance de leur décision sur le futur du pays.
Lors du vote du 29 janvier, la majorité des députés avaient déjà rejeté cet accord, qui avait été depuis amendé avec des demandes express de renégociation. Après des semaines de tractations, Theresa May était parvenue in extremis lundi 11 mars à arracher une clarification de l’Union européenne sur la question du “filet de sécurité” entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Mais cela n’avait visiblement pas réussi à rassurer les parlementaires. Alors quoi ? Tout n’est pas encore fini. Mercredi 13 mars, les députés seront appelés à s’exprimer sur une éventuelle sortie sans accord. Si cette éventualité est refusée, ce qui est probable, alors les élus retourneront aux urnes pour demander ou non une extension de l’Article 50. Pour Theresa May, l’un comme l’autre ne serait pas une “solution” au problème.
Ce report du Brexit ne sera de toute façon possible qu’avec sa validation par l’ensemble des 27 membres de l’Union européenne et la France avait déjà donné sa position sur le sujet. Emmanuel Macron a émis des conditions sur ce potentiel report et la ministre des Affaires européennes a déclaré qu’une telle proposition devait être “crédible” et motivée, à savoir avec un objectif clair de ce délai accordé.
Michel Barnier, négociateur en chef pour l’Union européenne, a immédiatement réagi à l’issue du scrutin parlementaire. “L’UE a fait tout ce qu’elle pouvait pour aider l’accord à passer. Cette impasse ne peut être résolue que par le Royaume-Uni. Nos mesures pour faire face à un “non-accord” sont plus importantes que jamais”.
The EU has done everything it can to help get the Withdrawal Agreement over the line. The impasse can only be solved in the #UK. Our “no-deal” preparations are now more important than ever before.
— Michel Barnier (@MichelBarnier) March 12, 2019