Lundi 15 avril vers 6.50pm (heure de Paris), des flammes ont envahi les combles de la cathédrale Notre-Dame de Paris. L’incendie a rapidement pris de l’ampleur et n’aura été complètement maîtrisé qu’aux alentours de 11pm, laissant le temps au feu de détruire la flèche et la toiture du monument. Si les pompiers ont pu sauver la structure de la cathédrale dans sa globalité, l’émotion a été vive durant toute la soirée en France mais aussi de l’autre côté de la Manche, tant du côté des Français du Royaume-Uni que des Britanniques eux-mêmes.
L’Ambassadeur du Royaume-Uni en France, Ed Llewellyn, a été l’un des premiers à réagir hier en fin d’après-midi, peu après le départ du feu : “Images tragiques ce soir au cœur de Paris avec la Cathédrale Notre-Dame ravagée par les flammes. Toutes nos pensées avec les sapeurs-pompiers héroïques”. Le diplomate était présent sur le pont des Cœurs devant l’édifice meurtri mardi 16 avril à l’aube et a lui aussi souligné le travail des soldats du feu : “Un immense hommage ce matin à la bravoure et à la compétence des Pompiers de Paris qui ont travaillé toute la nuit – et dont les efforts ont préservé de l’enfer, la structure principale de la Cathédrale”.
Si Ed Llewellyn a été très actif depuis hier soir, son homologue français à Londres, Jean-Pierre Jouyet, est lui resté plus discret. Il s’est néanmoins exprimé au micro de BBC Radio 4 au matin du mardi 16 avril, remerciant “les autorités britanniques, le peuple britannique, européen et du monde” pour avoir exprimé leur soutien après ce drame national. L’Ambassadeur de France au Royaume-Uni a confié son pessimisme concernant la reconstruction future du monument qui s’annonce “très, très compliquée, et a salué le “sentiment de cohésion” qui a saisi les Parisiens devant l’incendie. Il a déclaré en avoir été un témoin direct, ajoutant qu’il “n’avait jamais vu autant de personnes, peu importe leur foi, qui désiraient être présents”.
De son côté, Sadiq Khan, le maire de Londres, a exprimé d’abord son émoi devant les images de la cathédrale et de ses flammes qui s’élevaient dans le ciel de la capitale française avant d’affirmer son soutien à la ville de Paris.
Heartbreaking scenes of Notre Dame cathedral in flames.
London stands in sorrow with Paris today, and in friendship always. #NotreDame pic.twitter.com/jc6z0Oc2P3
— Sadiq Khan (@SadiqKhan) April 15, 2019
Puis, ce fut au tour de la Première Ministre Theresa May qui elle non plus n’a pas mis longtemps à réagir à l’incendie qui consumait l’édifice : “Mes pensées vont au peuple de France ce soir et aux services d’urgence qui combattent le terrible incendie de la cathédrale Notre-Dame”.
L’Eglise d’Angleterre a quant à elle envoyé ses “prières aux pompiers et aux services d’urgences qui tentent coûte que coûte de maîtriser le feu à Notre-Dame”. Becky Clark, en charge de la construction des églises et des cathédrales, a réagi de manière inattendue en retweetant la vidéo de Rémy Buisine, journaliste pour le média francais BRUT : “Déchirant de voir cela mais peu importe la destruction, l’esprit de la cathédrale restera toujours”.
Heartbreaking to watch, but no matter the destruction the spirit of what it means to be a cathedral will survive. The spire collapsed @LincsCathedral & was rebuilt; @CovCathedral was bombed & came back stronger. @engcathedrals stand with you #NotreDame, you are still beautiful. https://t.co/Mn1avR4rwU
— Becky Clark (@beckyclark83) April 15, 2019
Elle s’est aussi exprimée lors d’un interview pour BBC radio 4 dans lequel elle a déclaré que la reconstruction de Notre-Dame sera “un effort international” et rappelle, avec une citation d’un poème d’Emily Brontë que “l’Art ne peut jamais être détruit”.
L’Archevêque de Canterbury, grand francophile, a de son côté tweeté en français et en anglais, rappelant qu’en “novembre 1940, la cathédrale de Coventry a brûlé. Elle a été reconstruite pour la gloire de Dieu, et aujourd’hui, c’est un symbole d’espoir et de résurrection”, afin de rassurer les Français inquiets de savoir si la restauration sera possible. Il avait auparavant appelé à “prier pour les pompiers” et “pour tous ceux qui, en France et au-delà, contemplent et pleurent ce bel endroit sacré”.
La communauté de la Cathédrale de Coventry, évoquée par l’archevêque, a aussi voulu lancer un “message d’espoir” sur Twitter, “de la part de la ville qui a elle aussi perdu sa grande cathédrale”. “Vous aurez l’impression qu’on vous aura arraché le coeur, mais Dieu tient toujours votre vie dans ses mains, et vous donnera la grâce de reconstruire la cathédrale, comme il l’a fait pour nous.”
Westminster Abbey a aussi rendu hommage aux Français sur Twitter après l’incident: “Toutes nos pensées et nos prières sont avec nos amis à Paris ce soir” et a souhaité rassurer les croyants londoniens en précisant que “l’Abbaye de Westminster a un système de détection des incendies de pointe et travaille très étroitement avec le London Fire tout au long de l’année pour évaluer les risques […] et effectuer des briefings architecturaux.”
La reine Elisabeth II a réagi bien plus tard, en publiant mardi 16 avril en fin de matinée, une note sur le site officiel de la famille royale : “Le prince Philip et moi-même avons été profondément attristés de voir les images de l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame. J’adresse ma sincère admiration aux services d’urgence qui ont risqué leur vie pour tenter de sauver cet important monument national. Mes pensées et mes prières vont à ceux qui se sont rassemblés pour prier devant la cathédrale et à toute la France en ce moment difficile.”
Le Père Eric Samson officie au sein de l’église catholique anglaise Church Of Our Lady Of The Assumption du côté de Bethnal Green à Londres. Le Français connaît bien Notre-Dame de Paris puisqu’il a eu la chance d’assister il y a deux ans un évêque lors d’une célébration au sein de la cathédrale. Des souvenirs, il en des milliers d’autres, comme ceux d’ordination de prêtres, de moments de détente autour du lieu de culte. “Notre-Dame a aussi accueilli tellement de beaux événements, cela me touche de voir la réaction des gens. J’ai reçu beaucoup de messages d’amis vivant dans le monde entier pour me dire à quel point ils étaient tristes et désolés”, confie le père Eric Samson, “je crois que les gens voyaient et voient Notre-Dame de Paris comme un lieu où leur âme pouvait s’ouvrir, c’est pour ça que cet incendie les a autant touchés”.
Il confesse aussi avoir même été surpris que le journal sportif L’Equipe titrait le soir de l’incendie : “Tous concernés par Notre-Dame”. “Un patrimoine commun a été touché. On a tous quelque chose de Notre-Dame de Paris !”, résume le Français, qui garde bon espoir. “Je pense que les travaux de reconstruction vont aller vite et qu’il y aura des réouvertures partielles d’ici deux ans”. Pour l’heure, le prêtre se félicite qu’il n’y ait aucune victime et pense à ses collègues qui devaient se réunir mardi 16 avril pour la grande messe chrismale pour la préparation des baptêmes pour Pâques.
L’église catholique Notre-Dame de France installée à Leicester Square, en plein cœur de Londres, s’est dit soulagée que l’incendie n’ait fait aucune victime. Depuis le drame, elle reçoit par ailleurs de nombreuses donations. “On partage le même nom avec Notre-Dame de Paris, et depuis mardi 16 avril au matin, on reçoit beaucoup de dons ou des coups de téléphones pour nous demander comment nous aider”, explique Philippine de Beauregard, responsable des opérations paroissiales. Du coup, l’église a décidé de consacrer un lien sur son site internet pour les dons concernant Notre-Dame de Paris. Un concert sera aussi programmé dans les prochains jours. Les sommes récoltés seront reversées ensuite à la Fondation du Patrimoine, qui a déjà commencé une collecte de fonds pour aider à la reconstruction de la cathédrale. “Nous avons été attristés et choqués de voir ce qui s’est passé”, confesse la Française, “d’autant plus que cela est arrivé à un moment particulier, au début de la Semaine sainte”. Mais Notre-Dame de France se dit confiance en l’avenir. “Ce drame montre quelque chose de fort : le côté fragile et intemporel de l’Eglise qui a toujours réussi à se reconstruire”.
L’association National funding scheme, qui aide les organisations caritatives à collecter des fonds par le biais de plateformes numériques, a également lancé une collecte de dons pour la reconstruction de la Cathédrale. Pour William Makower, membre de l’administration, “Notre-Dame est un site du patrimoine mondial. Elle fait partie de notre imaginaire et représente pour beaucoup l’esprit de la France et de la démocratie laïque. Nous voulions donner un moyen aux britanniques de participer à sa reconstruction.” L’association a déjà reçu des milliers de livres depuis mardi 16 avril. D’autres dons peuvent être encore faits par SMS (numéro disponible sur le site de l’organisation) ou directement en ligne.
Amélie Tresfels, Andoni Ospital et Leila Lamnaouer