Quand un scientifique se passionne pour la bière belge, cela donne naissance à une brasserie londonienne d’un nouveau genre, la Solvay Society. Née dans l’esprit de Roman Hochuli, elle produit à la fois des recettes modernes, mais aussi propose des dégustations dans sa taproom installée à Leytonstone. Le jeune homme, qui a grandi en Belgique, là même où il a découvert cette passion pour la bière, organise dorénavant des cours de brassage. Sa première classe se déroulera d’ailleurs dimanche 1er mars.
Le concept est simple : les participants disposeront d’un kit complet pour apprendre à fabriquer sa propre bière, blonde, précise Roman Hochuli. “On voulait commencer avec quelque chose de simple”, confirme le trentenaire. Chaque groupe – il y en aura 6 au total -, composé de quatre personnes maximum, sera accueilli au sein de la taproom de Leytonstone avant que le propriétaire des lieux n’explique aux participants la technique, les ingrédients à utiliser comme le houblon ou encore le malte, les éléments chimiques à connaître… puis de se lancer dans le brassage de 30 litres de bière (soit 5 litres par groupe, équivalant à 10 pintes), “dans le pur style belge”, insiste le jeune homme. “Ensuite, les participants reviendront la semaine suivante avec leur bac de fermentation pour la mise en bouteille”. Mais attention, pour déguster le résultat final, il leur faudra encore attendre deux semaines.
Proposer de tels ateliers était important pour Roman Hochuli, ravi de pouvoir transmettre sa passion pour le bière belge. “J’ai toujours aimé le goût”, explique le jeune homme, “il existe une telle diversité en Belgique, entre celles d’abbayes ou les trappistes”. C’est certainement sa formation de chercheur en sciences qui le pousse un jour à vouloir en savoir plus sur la composition. Sa petite amie de l’époque lui offre alors un kit de brassage maison. “C’est là que je suis devenu de plus en plus curieux”, assure-t-il, “et surtout de plus en plus fan”. En bon scientifique, il commence à faire des tests, à tenter des recettes. “Ce que j’aime, c’est apporter une touche de modernité. Jamais je ne pourrai arriver au niveau des bières trappistes qui, elles, sont les maîtres dans l’art”. Il reconnaît que créer de nouveaux goûts demande du temps, mais pour lui, ce qui compte, c’est l’inspiration. “Je fonctionne beaucoup comme ça, je n’aime pas me forcer, j’aime créer selon ce qui me vient en tête”.
Il y a dix ans, Roman Hochuli déménage à Londres, où il vient finir ses études, mais reste toujours aussi passionné par la bière belge. “J’avais envie de faire découvrir cela aux Londoniens”, avoue-t-il. En parallèle de ses cours à l’université, il lance donc en 2014 la Solvay Society, du nom d’Ernest Solvay, chimiste et industriel belge qui vécut entre le XIXème et XXème siècle. Avec son associé de l’époque, il débute avec le brassage de quelques litres qu’ils vendaient alors à un pub de Londres. “C’était le bon moyen de savoir de savoir ce qu’aimaient ou pas les clients”, commente le Belge. En 2016, se présente l’opportunité de racheter une brasserie du côté d’Ilford, dans l’est londonien. Les choses sérieuses débutent alors vraiment. Trois bières sont lancées : Coulomb, Structure of Matter (pale ale) et Tritium (triple). Aujourd’hui, plus de 25 recettes différentes, disponibles en ligne mais aussi dans des pubs tels que Mother’s Kelly à Bethnal Green, sont proposées par Solvay Society. Une belle évolution en 5 ans.
Roman Hochuli se consacre donc désormais à plein temps à sa brasserie, qui a connu un nouveau développement en 2019 avec l’ouverture d’une taproom à Leytonstone, qui peut accueillir jusqu’à une trentaine de personnes. “C’est bien d’avoir un tel endroit pour que les gens viennent déguster les bières et en apprendre même un peu plus sur leurs compositions”, explique le fondateur de la Solvay Society, “on peut les conseiller selon leurs goûts”. Un peu comme un bar à vin en somme ? “Oui et avec les cours que l’on propose dorénavant, les gens pourront, en apprenant à faire eux-même, à comprendre les différentes subtilités de goûts, un peu comme on le voit avec le vin”, avance-t-il avant d’ajouter, “bien que la bière soit quand même moins compliquée à comprendre et accessible à un plus grand nombre”.