(Mise à jour mercredi 30 décembre)
“The deal is done” ! Après 11 mois de négociations en dents de scie, un accord a été enfin trouvé jeudi 24 décembre en fin de journée sur la relation future entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Un joli cadeau de Noël de la part Boris Johnson à ses compatriotes britanniques, dont la majorité avait voté en juin 2016 pour une sortie définitive de l’Union européenne et à qui il avait promis, au moment de son élection comme Premier ministre : “let’s Brexit done”. “Cela nous permet de reprendre le contrôle de nos lois et de notre destin”, s’est félicité Boris Johnson, “les lois britanniques seront élaborées uniquement par le parlement britannique, interprétées par les juges britanniques siégeant dans les tribunaux britanniques et la compétence de la Cour européenne de justice prendra fin”.
The deal is done. pic.twitter.com/zzhvxOSeWz
— Boris Johnson (@BorisJohnson) December 24, 2020
Mais cet accord était à deux doigts de ne jamais voir le jour, la fin de la période de transition ayant été fixée au 31 décembre. D’ailleurs, la présidente de la commission européenne l’a bien rappelé : “Les négociations ont été difficiles”. Cependant, Ursula von der Leyen a reconnu que cela “valait la peine de se battre”. “Nous avons maintenant un accord juste et équilibré avec le Royaume-Uni. Il protégera nos intérêts européens, garantira une concurrence loyale et offrira une prévisibilité à nos communautés de pêcheurs”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles, criant elle aussi victoire pour l’UE.
1.246, c’est le nombre de pages qui décrivent donc les nouveaux arrangements allant des relations commerciales à une coopération étroite sur le nucléaire civil ou encore policière et judiciaire mais aussi les échanges énergétiques, la pêche, l’aviation… “C’est le plus gros accord commercial bilatéral jamais signé par les deux parties”, a reconnu Londres.
Cependant, un accord trouvé ne signifie pas un accord ratifié. En effet, d’un côté les 27 États membres devaient unanimement donner leur feu vert à ce “new deal” – chose fait dès le 28 décembre -, de l’autre le Parlement britannique devait se réunir le 30 décembre pour voter. Si Boris Johnson, même avec une majorité confortable, n’était pas à l’abri de faire face à quelques voix contraires.
D’abord celles des députés qui plaidaient pour un “Brexit dur” et ont rapidement manifester leur mécontentement le 24 décembre. Nigel Farage, ancien leader du Brexit Party, avait déjà lancé un pavé dans la mare avant l’annonce officielle en expliquant que si “la guerre était finie”, il allait continuer à rester vigilant sur la question de la pêche, gros point d’achoppement durant les discussions. Ce qui aurait expliqué que le Premier ministre aurait passé son après-midi au téléphone avec des élus conservateurs pour s’assurer que le texte ne serait pas retoqué, comme le Parlement avait pu le faire à trois reprises lors de l’accord de retrait négocié à l’époque par Theresa May. Cette dernière a d’ailleurs tweeté immédiatement après l’annonce : “Cet accord donne confiance aux entreprises et contribue à maintenir la fluidité des échanges”, avant d’ajouter, piquante, “hâte de voir les détails dans les prochains jours”.
Very welcome news that the UK & EU have reached agreement on the terms of a deal – one that provides confidence to business and helps keep trade flowing. Looking forward to seeing the detail in the coming days.
— Theresa May (@theresa_may) December 24, 2020
Ensuite, parce que Nicola Sturgeon, Première ministre écossaise, avait alors exprimé que cet accord allait contre la volonté de l’Ecosse. De quoi donner un peu plus d’eau à son moulin pour faire pression afin d’organiser un second référendum sur l’indépendance.
Mais qu’importe puisque l’accord a finalement été validé mercredi 30 décembre, à la veille de la fin de la période de transition, avec 525 voix pour et 73 contre. Boris Johnson avait donc de quoi avoir le sourire. Car il pourrait aussi retirer de cet événement un peu de répit, alors qu’il est pointé du doigt pour sa gestion quelque peu chaotique de la crise du coronavirus.