“Encore une fois les Français du Royaume-Uni sont pris en otages des petites guerres politiques entre le Royaume-Uni et l’Union européenne”, s’indigne Cylia, “le variant “indien” n’est qu’un faux prétexte !”. Comme elle, de nombreux Français, “au bord de la crise de nerf”, ne décolèrent pas suite à l’annonce mercredi 26 mai de la mise en place d’une quarantaine obligatoire à l’arrivée en France. Mesure davantage politique que sanitaire pour certains, décision “scandaleuse” pour les autres. Les réactions, mêlant tristesse, incompréhension, résignation et indignation, se sont multipliées dans la journée du mercredi 26 mai.
La nouvelle est tombée comme un couperet : la France va imposer dès lundi 31 mai, en plus d’exiger d’un test PCR ou antigénique de moins de 48 heures (et non plus 72 heures), un isolement obligatoire de 7 jours à tous les voyageurs en provenance du Royaume-Uni. Cependant, cette quarantaine ne sera pas soumise à des contrôles. “Pour le moment, compte tenu de la faible incidence du Covid en Grande-Bretagne, le dispositif de contrôle à domicile ne leur sera pas appliqué”, a précisé Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français.
#Variant | A compter de lundi, dispositif renforcé en provenance du 🇬🇧 #COVID19
👉🏻 motif impérieux exigé pour les ressortissants étrangers non résidents
👉🏻 test PCR ou antigénique de moins de 48h (et non plus 72h) pour tous
👉🏻 auto-isolement de 7 jours @francediplo @JBLemoyne— Clement Beaune (@CBeaune) May 26, 2021
“Je suis déjà tellement triste de ne pas pouvoir me rendre à Londres pour la remise de diplôme de ma fille, on va en plus nous rendre difficile la période des vacances d’été”, se désole Florence Joly. Même sentiment de tristesse pour Titou Horovitz. “On rentre en juillet pour un mois pour voir nos familles. Ça va faire depuis Noël que nous n’avons pas vu notre famille, en plus de ça nous avons un bébé qui arrive”. Charlotte Pisano, elle, se dit “désemparée”. “Je suis dans le même cas, sauf que c’est depuis novembre 2019. J’ai changé “120” fois mes vacances et vols. Bref, je suis en pleine réflexion par rapport à mon job, mais financièrement c’est compliqué tout ça et pour prendre certaine décision aussi du coup. J’en ai marre, j’aimerais juste voir ma famille”, confie pour sa part Sabrina.
Au-delà de la tristesse, c’est la colère qui prédomine à la suite de l’annonce du gouvernement français. “C’est scandaleux. Après nous avoir empêché de rentrer voir nos familles à Noël en fermant subitement les frontières, voilà qu’ils gâchent nos vacances d’été !”, ajoute de son côté Cylia Rousset, “cela fait plus d’un an que nous n’avons pas vu nos familles en France. Nous n’avons pas tous la possibilité de prendre deux mois de vacances comme les fonctionnaires qui ont pris cette décision. Et la lettre hypocrite de Mr Macron, envoyée juste avant les élections consulaires en disant qu’il pensait fort aux Français du Royaume-Uni, me reste en travers de la gorge”.
Le problème pour de nombreux Français, c’est qu’en prenant également en compte la quarantaine de 10 jours imposée par le Royaume-Uni pour les voyageurs en provenance de France, cela devient impossible de faire un aller-retour même sur deux semaines. Comme le raconte Marie-Hélène. “Plus ou moins 18 mois que je n’ai pu me rendre en France pour voir ma famille, car impossible de faire une quarantaine étant ‘key worker'”, lance-t-elle, avant d’ajouter, “ça devient une prison à ciel ouvert !”.
Angélique Boniface, qui explique déjà avoir pris son billet de train pour la France pour juin, confie qu’elle est “à la limite d’accepter de payer l’amende de 1000 balles car je ne peux pas me permettre de faire de quarantaine dans les deux pays. C’est un enfer… ça met le moral au plus bas quand t’avais l’espoir de rentrer depuis un moment et qu’à chaque fois on te gâche tes plans. Je suis plus qu’en colère”.
“Ridicule”, c’est le terme qu’a choisi Ophélie Delahaye pour décrire cette situation. “On peut pas se permettre de prendre 10 jours de congés et X jours pour aller voir notre famille, c’est n’importe quoi”. Cylia Rousset est du même avis : “Quand on n’a que trois semaines de vacances et qu’on en passe plus de la moitié enfermés, c’est vraiment injuste. Faut-il rappeler à Mr Macron que nous serons tous ‘fully vaccinated’ d’ici juin ? A quoi sert le vaccin dans ce cas ?”.
En effet, certains ne comprennent pas pourquoi la preuve d’une vaccination ne pourrait pas exemptée de cette quarantaine obligatoire ? “A se demander a quoi sert le vaccin alors ?! Si ce n’est à retrouver un semblant de vie normale ?”, commente Joséphine Fontaine, “le gouvernement français n’a-t-il alors pas confiance dans le vaccin malgré les nombreuses campagnes gouvernementales en faveur de la vaccination ? Le variant indien est déjà sur le territoire français où le taux de vaccination est bien inférieur à celui du Royaume-Uni. Par ailleurs, les études récentes semblent démontrer que les vaccins actuels résistent au variant indien. C’est à marcher sur la tête”.
Un avis que partage Marlène Pas : “C’est très frustrant et ça n’a pas de sens ! Les Anglais sont bien vaccinés, les Français aussi, non ?? Et les vaccins sont efficaces sur le nouveau variant, non ?? Dans ce cas là, laissez les vaccinés avec PCR négatif voyager tranquillement !”. Pour éviter la quarantaine au Royaume-Uni, elle réfléchit à passer par un autre pays de l’Union européenne. “Je dois rentrer fin juin, je passerai par le Portugal pour le retour pour éviter cette maudite quarantaine”.
Certains Français voient par ailleurs dans la décision française une réponse plus politique que sanitaire. “Ce ne sont uniquement des représailles du Brexit, de la pêche et d’autres désaccords. Il n’y a aucune reprise de l’épidémie au Royaume-Uni, tout est mensonge. S’ls étaient honnêtes, ils le diraient”, estime John Lewis. Harold Alexanian parle, lui, de “sanctions géopolitiques de la France” envers la Grande-Bretagne. “Je serais curieuse de savoir si cette décision est basée sur des faits (nombre de cas recensés en Royaume-Uni – au plus bas depuis septembre 2020 et 75% de la population adulte vaccinée) ou sur un Brexit mal digéré”, se demande quant à elle Christine Zaghini.