“Tant qu’on ne m’avait pas dit que c’était fini, je n’avais de raison de chercher autre chose”. Mais quand le couperet est tombé en janvier dernier, Julien Lantz n’a pas eu d’autre choix que de trouver une solution. C’est pourquoi, quand Eurostar lui a annoncé que son poste au service business était supprimé à cause des conséquences de la pandémie, le Français a rapidement rebondi et s’est reconverti dans la pâtisserie. “C’est venu naturellement”, confie le quadragénaire.
Le Français s’est passionné pour les desserts il y a une dizaine d’années. Autodicate, il s’est formé à travers des livres de cuisine, des vidéos YouTube et a même suivi un cours chez Christophe Michalak. “Quand je suis arrivé à Londres il y a 6 ans, l’envie de me lancer dans le domaine me titillait déjà”, confie Julien Lantz. La pandémie aura finalement été une opportunité pour lui et, au printemps dernier, il saute le pas et devient “Monsieur Gâteaux” – “un nom facile à retenir et à prononcer pour les Anglais”.
Pour se faire connaître, il partage d’abord ses créations sur son compte Instagram, ce qui lui permet de décrocher ses premières commandes. Dès le début de sa reconversion en pâtissier, le Strasbourgeois propose seulement des “choses simples mais bonnes” et très surtout très françaises, comme des cakes, des tartes – dont au citron ou la tatin “avec des bandes de pommes posées en spirale” –, des Paris-Brest, des madeleines, des flans, des Saint-Honoré… “Je ne voulais proposer que des choses que je pouvais gérer depuis ma cuisine, car tout est fait maison”, explique Julien Lantz. Pour le moment, Monsieur Gâteaux fonctionne sur du “click and collect”. “Il faut compter 48 heures entre le moment de la commande et celui où les clients peuvent la récupérer”, détaille-t-il.
Les débuts de sa petite entreprise ont été rapidement prometteurs. Parmi ses premiers clients, des anciens collègues d’Eurostar, des amis, mais aussi la Floating Boulangerie, avec qui il lance une collaboration. Depuis, le bouche-à-oreille a fait son effet et la clientèle s’est élargie. “J’ai d’excellents retours”, se félicite Julien Lantz. De quoi lui mettre du baume au cœur et lui montrer qu’il ne s’est pas trompé dans son choix de reconversion.
Mais cette résilience, le quadragénaire en a toujours fait preuve dans son parcours professionnel. Avant d’être pâtissier, il a donc travaillé trois ans pour Eurostar, d’abord au lounge puis à bord en classe business, mais auparavant, Julien Lantz a été aide soignant dans une maison de retraite dans le sud de Londres, puis laveur de vitres. “Et avant de venir m’installer à Londres, je travaillais en France pour une entreprise qui vendait des tours de magie”, ajoute-t-il, “mon parcours professionnel s’est toujours fait au hasard de la vie, des rencontres”.
C’est cette capacité de se renouveler sans cesse qui lui a permis de rebondir rapidement après la perte de son emploi chez Eurostar. Et si Monsieur Gâteaux continue à bien grandir, Julien Lantz rêverait d’ouvrir un jour son propre salon de thé à Londres. “J’installerais y installer quatre ou cinq tables pour que cela reste dans cet esprit de simplicité. Et j’imagine aussi une cuisine ouverte où je pourrais réaliser les pâtisseries sous les yeux des clients”.