Londres demeure sans conteste une des plus grandes villes musicales au monde. La capitale anglaise a été et est autant inspirante pour les artistes de par sa diversité culturelle et son énergie que pour ses lieux ou rues mythiques figés sur des pochettes d’album tout aussi cultes. Voici donc six endroits où les fans de musique se régaleront à prendre selfie ou immortaliser la pose.
Un matin d’Août 1969, Iain Macmillan, un photographe ami du couple Lennon-Ono, montait sur un escabeau en plein milieu d’Abbey Road armé d’un Hassleblad avec objectif 50mm pour prendre 6 photos devenues légendaires en faisant la couverture du tout dernier album du groupe des Beatles. Il fait chaud, au point que Paul McCartney traverse la rue à pieds nus. La session n’aura duré que 10 minutes… Paul choisi la cinquième photo parce qu’ils marchent tous à pas synchronisés. En décembre 2010, le passage piéton a été classé au patrimoine national culturel par le gouvernement anglais. Les fans peuvent aussi laisser un mot sur le mur longeant les studios.
A Londres, seuls deux personnages fictifs font exception à la règle pour faire l’objet d’une plaque bleue officielle du patrimoine national culturel : Sherlock Holmes et… Ziggy Stardust. En mars 2012, elle a été placée à l’endroit où Brian Ward a fait poser David Bowie pour illustrer la couverture de l’album The Rise and Fall of Ziggy Stardust car il y loue les locaux pour son atelier. “It was cold and it rained and I felt like an actor”, paroles de la chanson Five Years : c’est vrai il faisait froid en ce matin de janvier 1972, au point que les autres membres du groupe déclinent l’invitation pour y figurer. La photo d’origine, créée avec un Royal-X Pan noir et blanc, fut ensuite colorée par l’artiste Terry Pastor.
40 ans plus tard, il est bien difficile de reconnaître les environs, car il est désormais impossible de poser comme Bowie à la porte du 23 Heddon Street sans devoir entrer dans le périmètre d’une terrasse de restaurant qui y bloque également la vue avec des grillages et arbustes. Cependant, encore bien cachée par ce même restaurant, la cabine téléphonique utilisée au dos de la pochette d’album est toujours là. Entrez, et vous y découvrirez tous les messages des fans.
Au bord de la Tamise, cette grande bâtisse en brique couronnée par 4 cheminées date des années 1930. Ici, les références musicales y sont nombreuses, mais vous la reconnaîtrez plus certainement grâce à Pink Floyd qui, en y ajoutant un cochon flottant dans les airs, en fit la couverture de son album Animals. Le groupe Hawkwind fera aussi figurer la salle de contrôle électrique sur sa pochette d’album Quark, Strangeness and Charm en 1977. Selon vos goûts musicaux, l’image qui vous reviendra en mémoire sera Quadrophenia (The Who), le film des Beatles Help !, ou même Take That dans son clip The Flood sans compter ses apparitions au cinéma et télévision : Sabotage d’Alfred Hitchcock, ou encore Monty Python, Batman et Doctor Who pour ne citer que ceux-là.
Avec tant de présence dans notre culture, contrairement aux exemples cités précédemment, elle fut pourtant longtemps laissée à l’abandon, et ce bâtiment industriel au charme art déco eu même le statut de “ruine”. Elle est désormais en travaux, après avoir été vendue en 2012 à un consortium malaisien pour la transformer en logements. Avant le commencement de la rénovation, une série de journées portes ouvertes ont eu lieu afin que le public puisse la visiter. C’est à ce moment que son impact populaire fut marqué : pas moins de 20.000 personnes par jour ont patienté parfois 5 ou 6 heures sous la pluie, en septembre 2013, dans l’espoir de pouvoir y entrer.
Direction Soho, quartier du centre ville, où le groupe Oasis choisi une photo de Berwick Street pour ce qui deviendra l’un des classiques de la Britpop des années 1990 (What’s the story) Morning Glory ? Deux hommes se croisent dans la rue ; de face, le DJ Sean Rowley, et de dos, le photographe Brian Cannon. Un peu plus loin sur le trottoir gauche, le producteur de l’album Owen Morris tient la matrice du disque devant son visage. Cette rue est normalement très embouteillée, et le photographe fut étonné qu’en ce dimanche matin de novembre 1995 vers 5 heures du matin il n’y ait ni de circulation ni même de voitures en stationnement. Il prend les clichés sur film couleur et fait plusieurs photos dans les alentours, avant de décider le lendemain en regardant les tirages de sélectionner la toute première de la série pour illustrer la pochette de l’album, qui sera l’un des plus populaires depuis l’époque des Beatles.
De nos jours, malgré les plans de rénovation pour la nouvelle liaison ferroviaire du Thameslink, la rue n’a pas changé d’aspect. Le budget pour cette session photo est revenue à… £25.000 (environ 34.300 euros). Le photographe Brian Cannon reçoit régulièrement des messages du monde entier, qui grâce à lui se sont tournés vers le métier de photographe ou de designer.
Retour aux années 1960, côté jardin. Gered Mankowitz, le photographe anglais est un bon ami des Rolling Stones, qui enregistrent leur album Between The Buttons aux Olympic Sound Studios, Barnes, dans le sud ouest de la capitale. Nous sommes en novembre 1966, et le groupe souhaite sortir prendre l’air après avoir passé une nuit studieuse. Ils prennent la Rolls de Andrew Oldham (le producteur), et s’en vont vers le nord de la capitale vers Regents Park. Mankowitz expérimente alors avec son appareil en badigeonnant de la vaseline sur l’objectif afin de faire transparaître l’âme psychédélique du groupe à cette époque.
Il se souvient que Brian Jones a rendu la séance photo difficile, en se cachant derrière un journal qu’il avait acheté, ou en remontant son col pour masquer son visage. Ces jardins sont toujours accessibles au public aujourd’hui, et du sommet, on y a un point de vue magnifique sur Londres.
Contournez le Savoy Hotel, sur The Strand en direction de la Tamise, et l’endroit vous semblera peut-être familier. En effet, c’est là qu’un jeune New Yorkais, Bob Dylan, a tourné ce qui est sans doute la toute première vidéo musicale en 1965, filmée par D.A. Pennebaker. Il était de passage en tournée à Londres et dans le pays et après avoir griffonné les mots clés de sa chanson Subterranean Homesick Blues sur des grands cartons, il les fait tomber un par un de ses mains pendant que le poète Allen Ginsberg fait une apparition en arrière plan du clip, sous des échafaudages et les débris de travaux en cours.
Cette séquence fut par la suite sans arrêt parodiée et imitée par d’autres artistes. Elle figure 7ème au rang des 100 meilleures vidéos de toute l’histoire du rock par le magazine Rolling Stone.
Crédit photo de Une : Hyphen