Le 26 novembre 2003, soit 34 ans après son premier vol et 27 ans après la mise en service de ses vols commerciaux, le Concorde prend finalement sa retraite. Ce bijou de l’aviation, unique et supersonique, aura permis de relier entre autres, dès 1976, Paris et Londres à Washington DC et New York. French Morning London vous livre quelques détails surprenants sur ce symbole de la coopération franco-britannique.
C’est le Royaume-Uni qui a commencé à étudier la possibilité de construire un avion supersonique dans les années 1950. Mais il aura fallu attendre une décennie avant que l’idée ne se concrétise. Le 29 novembre 1962, un traité anglo-français est en effet signé pour la construction de ce qui s’appellera le Concorde. Lors de la signature de cet accord, les gouvernements britannique et français ont convenu de partager les ressources pour la conception, le développement et la fabrication de l’avion supersonique. Le coût du projet s’élevait à l’époque à 70 millions de livres sterling. Finalement, il aura été de plus de deux milliards de livres sterling.
Le choix du nom du Concorde s’est imposé après que le Général de Gaulle, alors président français a utilisé le mot lors d’un discours en janvier 1963, parlant alors du projet. Pour l’homme politique, ce nom coulait de source puisqu’il signifie “accord” ou “traité”.
La construction des six prototypes a commencé en février 1965, et le premier vol du Concorde décolle le 2 mars 1969 depuis Toulouse, en France. Aux commandes du prototype 001, une équipe française, donc, avec le pilote André Turcat, le copilote Jacques Guignard, le mécanicien Michel Rétif et l’ingénieur navigant Henri Perrier. Au moment de l’atterrissage, le pilote lancera : « Le gros oiseau vole… ». Le prototype 002, de fabrication britannique, décollera, lui, de l’aérodrome de Filton à Bristol, au Royaume-Uni, quelques semaines plus tard. Les deux modèles seront ensuite exposés au salon du Bourget en juin de la même année.
Mais il faudra encore attendre pour que le premier vol passager ait lieu. Le Concorde effectue sa première traversée sans escale de l’Atlantique le 26 septembre 1973. Volant à une vitesse moyenne de 1,500 km/h, le modèle français reliera Washington DC, aux États-Unis, à Orly, à Paris en un temps record de trois heures et 33 minutes. Après ce premier essai réussi, et avoir reçu son certificat de navigabilité français et de la CAA britannique entre octobre et décembre 1975,les vols commerciaux débuteront : le 21 janvier 1976, l’Alpha Alpha de British Airways rejoint Bahreïn depuis Londres Heathrow et le Concorde d’Air France Rio depuis Paris Roissy.
Situé à l’avant de la cabine, le “Machmètre” permettait de mesurer la vitesse non pas en miles par heure mais en unités de vitesse du son, Mach 1 étant la vitesse du son et Mach 2 la vitesse puissance deux (soit 2179 km/h). Avec une telle vitesse, le record enregistré par l’avion sera celui effectué par le vol transatlantique entre New York JFK et Londres Heathrow le 7 février 1996 par le British Airways G-BOAD en 2 heures, 52 minutes et 59 secondes du décollage à l’atterrissage, aidé par une vitesse de vent arrière de 282 km/h.
Le nez mobile du Concorde, développé par la compagnie aérospatiale Marshall à Cambridge, a permis à l’avion d’atteindre une efficacité aérodynamique optimale pendant le vol, et éviter d’obstruer la vue du pilote pendant les opérations de roulage, de décollage et d’atterrissage. Long de plus de sept mètres, il était en effet capable de s’incliner à des angles différents, cette mobilité assure au pilote une visibilité nécessaire lors des différentes phases de vol, tout en permettant une meilleure pénétration dans l’air, pour lui donner son profil aérodynamique.
Entre 1976 et 2003, les avions Concorde de British Airways ont effectué près de 50,000 vols, totalisé plus de 140,000 heures de vol et parcouru quelque 140 millions de kilomètres. Au total, en 27 ans et sur toutes les liaisons, plus de 2,5 millions de passagers ont volé à bord du Concorde. Lors de leur voyage, ils ont été chouchoutés : champagne, caviar et homard, cigares… Même la reine d’Angleterre en a bien profité, et son siège dédié était le 1A. Le prix du billet d’avion n’était pas très bon marché, évidemment : en 2003, le tarif aller-retour standard de Londres à New York était de £6,636.
25 juillet 2000 : le vol 4590 du Concorde Air France s’écrase dans le Val d’Oise,à Gonesse, peu après son décollage à l’aéroport Charles de Gaulle à Paris. 100 passagers, 9 membres d’équipage et 4 personnes au sol trouvent la mort. Ce tragique accident signera la fin du Concorde, dont la flotte d’Air France et de British Airways sera immobilisée au sol. Mais avant, il fera un dernier vol, entre JFK New York et Londres Heathrow, samedi 12 août 2000.
En 2001, le Concorde tente un retour après une refonte de 17 millions de livres sterling, mais les événements du 11 septembre entraînent une baisse du trafic aérien mondial. Sièges vides et flotte vieillissante finissent par donner le coup de grâce au Concorde.
Le 10 avril 2003, British Airways annonce le retrait de sa flotte de sept Concorde. Une tournée d’adieu au Royaume-Uni et en Amérique du Nord débute alors, avec des dizaines de milliers de fans faisant leurs adieux à l’avion emblématique. Les avions mis hors service seront exposés au public dans des musées du monde entier, le G-BOAA (Golf-Bravo Oscar Alpha Alpha) occupant une place de choix au National Museum of Flight d’East Fortune, en Ecosse. Le public peut aller le visiter.
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