Depuis quelques années, Sebastian Marx a conquis les scènes françaises, mais aussi internationales – même jusqu’en Inde, où il s’est récemment produit. Faire du stand-up en français et en anglais n’est pas donné à tout le monde, et pourtant, ce New-Yorkais d’origine argentine relève le défi depuis son arrivée en France, il y a 20 ans. Samedi 24 mai, l’humoriste se produira d’ailleurs sur la scène du Tabernacle à Londres pour présenter son dernier spectacle “On est bien là”, en version anglaise mais aussi française.
Un spectacle inspiré de la fable de “La cigale et de la fourmi“
“Je me suis rendu compte qu’on peut diviser les gens en deux catégories : les fourmis, prévoyantes et responsables, mais un peu chiantes. Et les cigales, festives et spontanées”, explique Sebastian Marx, en riant.
À travers cette métaphore popularisée par la fable de Jean de La Fontaine dont l’humoriste s’est inspirée pour écrire la version française de son spectacle, il explore une thématique plus large : le choc des cultures. “Pour moi, la France, c’est clairement un pays de cigales avec cinq semaines de congés payés, des RTT… En général, on a le temps et la belle vie”.
Une réalité qui, selon lui, contraste fortement avec le modèle anglo-saxon. “Aux États-Unis ou au Royaume-Uni, on est plus dans un mode fourmi. Il faut sans cesse prévoir et économiser, parce qu’il y a moins de sécurité sociale ou d’assurances.”
Avec une légère pointe d’ironie, il ajoute d’ailleurs avoir lu un sondage demandant aux Français et aux Américains s’ils préfèrent avoir plus de temps ou d’argent. “Les Français ont choisi à majorité le temps, tandis que les Américains n’ont pas eu le temps de répondre… car ils devaient retourner bosser”, plaisante-t-il.
Dans la version anglaise de son spectacle, en revanche, Sebastian Marx évoque plutôt son héritage familial juif et sa vie de quadragénaire, père de trois enfants bilingues (français et anglais). “Je parle beaucoup de la langue française, de son apprentissage et des galères que j’ai pu avoir en venant vivre à l’étranger”.
Londres, terrain de jeu pour un humour sur mesure
En parlant d’étranger, son objectif est justement de se produire davantage hors de France. “Londres, c’est une bonne étape parce que c’est intéressant de s’adapter à un public local comme celui-ci, car les Français y sont nombreux”, raconte Sebastian Marx.
Parce que, avant tout, l’humoriste “aime faire des blagues sur la ville” où il se produit et “sur les gens qui y vivent”. Et dans la capitale britannique, ce sont donc surtout les résidents français qui en prennent gentiment pour leur grade. Celles et ceux qui avaient assisté à son spectacle l’an dernier au Tabernacle doivent certainement encore s’en souvenir.
Mais l’Américain aime aussi se moquer gentiment des touristes. “L’année passée, j’ai fait une blague sur le fait qu’il y avait plein de touristes français à Londres pendant les ponts en mai, et que les Anglais, mais surtout les Français qui vivent là, étaient à chaque fois agacés de les voir débarquer alors qu’eux devaient bosser.”
Faire rire en français, un défi de taille
D’un pays à l’autre l’humour change considérablement pour Sebastian Marx. “J’ai l’impression que quand je joue en français, je rends visite à mon public, alors qu’en anglais, c’est le public qui me rend visite”. Pour lui, cette différence réside dans la langue elle-même, “l’anglais est plus direct, plus efficace pour livrer des blagues.”
Même après 20 ans en France, “faire un spectacle entier en français, c’est un sacré défi”, reconnaît-il. Car selon lui, l’humour est fragile. “Si on n’a pas la bonne référence, le bon choix de mots ou si la phrase est mal construite, les gens ne rient pas”.
Il se souvient d’ailleurs de ses débuts sur scène, expliquant qu’il se sentait “comme un enfant qui récite une poésie en français” et qu’il lui a fallu du temps pour être à l’aise et réussir à faire rire dans la langue de Molière.
L’humour à l’épreuve des réseaux sociaux
Entre ses extraits de sketches ou de passages à la radio, l’humoriste est très présent sur les réseaux sociaux, une manière pour lui d’attirer du public et de remplir ses salles sans forcément passer par la télé, le cinéma ou la presse. “Mais c’est aussi un piège parce qu’on peut commencer à être dépendant de l’algorithme et penser que tout ce qui fonctionne sur Internet fonctionnera sur scène. Or, ce n’est pas forcément le cas, c’est même deux exercices différents”, confie Sebastian Marx.
Il observe d’ailleurs que certaines de ses blagues ne rencontrent pas le succès attendu sur les réseaux sociaux, tandis que d’autres, qu’il juge pourtant moins bonnes, cartonnent. “Le plus grand risque est aussi que ça nous pousse, nous les humoristes, à nous ressembler, alors que je trouve, au contraire, qu’il faut se démarquer et être originaux”.
Samedi 24 mai, ce ne sera ni sur un écran ni sur un réseau social mais bien sur la scène du Tabernacle que les Français de Londres – locaux ou touristes – pourront juger sur pièce de son humour.