Pourquoi les Britanniques aiment-ils parier sur tout et n’importe quoi ?

Pourquoi les Britanniques aiment-ils parier sur tout et n’importe quoi ?

Par Thaïs Picquerey / Le 20 mai 2025 / Question bête

Parier sur la température la plus basse à Noël à Londres, le prénom du prochain bébé royal, la date de la mort d’une célébrité ou le vainqueur de la dernière émission de télé-réalité ? C’est possible en Grande-Bretagne. « Vous pouvez même demander à un bookmaker de créer un pari sur la promesse que vous vivrez jusqu’à 70 ans », explique David Forrest, professeur d’économie à l’université de Liverpool.

Cela peut sembler saugrenu, mais ces paris insolites font partie du folklore britannique. « C’est célèbre parce que c’est amusant, pas parce que c’est lucratif », poursuit le spécialiste des jeux d’argent.

Même si leur poids économique est négligeable, ces paris témoignent d’une culture du jeu intégrée dans la vie quotidienne, entre humour et légèreté. Les boutiques de paris – comme Ladbrokes, Paddy Power, William Hill … – ayant été privatisées en Grande-Bretagne, celles-ci ont probablement été les déclencheurs de ces paris insolites.

Les paris, une histoire de chevaux 

Une pratique impensable donc en France, où les jeux d’argent restent plus conventionnels et encadrés, concentrés sur le sport et les courses hippiques.

Mais si l’on peut observer des pratiques différentes entre les deux pays (à noter qu’en Irlande du Nord, la législation, pour des raisons religieuses historiques, n’est pas la même que dans le reste du royaume), l’attrait pour les jeux d’argent est pourtant similaire. 

Pendant des décennies, les paris hippiques ont dominé aussi bien en France qu’en Grande-Bretagne. « Si la passion est commune, la manière de parier ne l’est pas », explique David Forrest.

La France a en effet longtemps conservé un monopole sur les paris hippiques via le Pari Mutuel Urbain (PMU), créé en 1930. La cote est variable et est calculée après la clôture des mises. Plus concrètement, les participants n’ont ni l’assurance ni le contrôle sur leur argent misé. 

En Grande-Bretagne, en revanche, c’est la concurrence privée qui domine. En 1961, les boutiques de paris à cotes fixes sont autorisées créant un système plus attractif pour les parieurs. « Cela permet de connaître ses gains potentiels dès la mise. En France, les cotes bougent, ce qui peut décourager », explique David Forrest, avant de nuancer, « cependant, il y a autant de parieurs d’un côté ou de l’autre de la Manche. Il faut croire que ces différentes manières de faire ne les découragent pas ».

Les boutiques de paris en Grande-Bretagne

Les boutiques de paris présentes partout en Grande-Bretagne sont une autre différence notable. Ces enseignes donnent l’impression que les courses de chevaux sont bien plus populaires de ce côté de la Manche, en France ce genre de paris se concentrant essentiellement dans les casinos ou PMU. Pourtant, « le nombre de participations aux paris hippiques est relativement le même », assure le professeur.

Si ces boutiques se trouvent à chaque coin de rue de Londres ou d’Édimbourg, cette omniprésence est pourtant en déclin. Si elles sont l’un des marqueurs culturels les plus visibles en Grande-Bretagne dans le monde des jeux d’argent, le digital a en effet pris le relais comme dans de nombreux secteurs. « Aujourd’hui, plus de la moitié des mises se font en ligne et les boutiques ne survivent que grâce aux machines à sous », explique David Forrest. 

Les marchés noirs : développés en France, limités en Grande-Bretagne

Contrairement à la France, la Grande-Bretagne a longtemps été la championne du libéralisme dans le monde des jeux d’argent. Certaines légalisations ont été mises en place bien avant d’autres pays européens, à commencer par les courses hippiques, casinos et loteries. Le summum du libéralisme voit le jour en 2005 avec le Gambling Act de Tony Blair.

Cette loi a permis plus de régulation amenant plus de licences et donc des acteurs plus nombreux sur le marché, notamment les bookmakers privés. Même si aujourd’hui un retour vers plus de règlementations étatiques est visible, ce libéralisme a permis une plus grande liberté dans la proposition de paris. Et donc de limiter le développement des marchés noirs.

Contrairement à la France, où le système mutualisé a proposé plus tardivement des paris sportifs – hors hippiques -, ce qui a favorisé l’émergence de ces marchés noirs, en particulier via des applications. « Ce retard s’explique par des politiques françaises ayant voulu protéger les courses hippiques face aux opérateurs en ligne », lance le professeur d’économie.

Les casinos français et britanniques, deux visions du jeu

Enfin, la perception même des lieux de jeu diffère. En France, le casino est un lieu de divertissement global : on y mange, boit, danse. Les casinos sont fait autant pour « se détendre que pour jouer », assure le professeur d’économie.

Cependant, en Grande-Bretagne, c’est avant tout un lieu fait « spécialement pour jouer ». Les paris insolites auprès des bookmakers apportent, eux, la légèreté.

Les casinos sont d’ailleurs bien plus populaires en France qu’en Grande-Bretagne, où ils sont concurrencés par les boutiques de jeux. Les machines à sous sont également interdites en ligne de l’autre côté de la Manche, obligeant ainsi les joueurs à se déplacer dans les casinos.

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