Après avoir atteint le record historique d’1.4 million de visiteurs en France, l’exposition “Toutânkhamon, les trésors du pharaon doré” fait désormais escale à Londres. Installés à la Saatchi Gallery depuis samedi 2 novembre, quelque 150 objets extraits de la tombe du célèbre pharaon ramènent le visiteur en 1326 avant Jésus-Christ, année où s’est éteint Toutânkhamon à seulement 16 ans. Mais au fait, comment ce pharaon a-t-il acquis la notoriété qu’on lui connaît aujourd’hui ? Quelles croyances et rites accompagnaient ces personnalités vénérées dans la vie éternelle ? Autant de questions auxquelles tente de répondre cette exposition éphémère que French Morning London a pu découvrir en avant-première.
Après avoir succombé à une photo souvenir sur fond de pyramides, il suffit de franchir les épais rideaux qui occultent le fond de cette première salle pour remonter 3.000 ans. Une fois dans l’obscurité, un petit film projeté sur un large écran incurvé présente les grandes lignes de l’exposition. On y apprend notamment que, dans la mythologie égyptienne, les humains mourraient deux fois. La première mort correspond en effet au décès physique, quant à la seconde, elle intervient lorsque s’éteint le dernier individu à avoir prononcé le nom du défunt. Toutânkhamon a d’ailleurs bien failli rester dans l’oubli le plus total. Tout d’abord parce que le pharaon n’a usé de son titre qu’une petite dizaine d’années au cours d’un règne déjà qualifié par ses contemporains de “période de stagnation”. De plus, ce n’est qu’en 1922 que l’explorateur britannique Howard Carter a mis la main sur la sépulture du dernier représentant de la 18ème dynastie.
En sortant de la salle de projection, on entre dans la première galerie. Ici sont exposés les objets qui accompagnaient les rituels de momification. On y découvre notamment des amphores qui contenaient l’huile parfumée dont étaient enduites les bandelettes, mais également des coffres enfermant toutes les affaires nécessaires dans la vie éternelle. Les bagages de Toutânkhamon étaient ainsi emplis de jeux, d’élégants vêtements mais également de réserves de nourriture et d’offrandes aux dieux.
La salle suivante arrive à point nommer puisqu’elle rassemble une série d’objets matérialisant les différentes étapes de la mort dans la mythologie égyptienne. En entrant, notre regard est happé par deux bateaux miniatures. Prenant une taille réelle dans l’au-delà, ces embarcations devaient permettre au pharaon de voguer sur le Nil céleste jusqu’à Osiris, le seigneur du royaume des morts.
En pénétrant un peu plus dans la galerie, on découvre quelques-unes des statuettes qui étaient disposées autour du sarcophage. Supposées prendre vie, la trentaine de statuettes devaient permettre à Toutânkhamon de s’épanouir dans la légèreté la plus totale, sans travail ni contraintes. Enfin, une sculpture en taille réelle représente l’un des deux gardiens installés à l’entrée du tombeau sacré. Il est d’ailleurs intéressant de s’attarder un instant sur son regard figé sur l’horizon.
Au bout d’un long couloir se cache enfin le troisième et dernier sarcophage de Toutânkhamon. Quasi-intégralement recouverte d’or, cette pièce maîtresse de l’exposition représente les deux piliers fondamentaux de la mythologie égyptienne, le ka et le ba. Le premier étant le corps inerte et le second une résurgence de l’esprit, incarnée par un grands oiseau aux ailes déployées. Autour du sarcophage, il est également possible d’apprécier le raffinement des différentes amulettes accompagnant le pharaon dans son dernier voyage. Celles-ci en disent d’ailleus long sur la crainte qu’avaient les Égyptiens quant à leur passage dans le monde des morts.
La suite de la visite nous emmène au deuxième étage du bâtiment dont le point de départ est de nouveau un court métrage. Il est question cette fois du processus ayant conduit à l’oubli du défunt Toutânkhamon. Niant toutes les coutumes alors en vigueur, le pharaon qui lui a succédé – un certain Aÿ – avait en effet œuvré à effacer toute trace faisant mention de son prédécesseur. C’est finalement la redécouverte de son sarcophage et de son histoire qui ont forgé la notoriété planétaire (désormais indélébile) de Toutânkhamon.
En regagnant la lumière, on découvre une salle toute en longueur flanquée deux grandes frises chronologiques. Si la première rend hommage à la ténacité de l’égyptologue Howard Carter qui a mis au jour la sépulture de Toutânkhamon il y a bientôt un siècle, la seconde illustre quant à elle le travail d’investigation mené sur sa dépouille. On y apprend ainsi que le pharaon a été momifié avec deux de ses enfants mort-nés et sa femme, Ankhesenamun, qui n’était autre que sa demi-sœur. En outre, les progrès de la science ont mis au jour que Toutânkhamon souffrait d‘une malformation osseuse du pied gauche qui le faisait atrocement souffrir. Les deux cannes retrouvées étayent d’ailleurs ce constat.
La dernière salle surprend quant à elle par son aspect très épuré. Au centre, on y découvre une immense statue de Toutânkhamon. Pourtant, à y regarder de plus près, le nom du pharaon a été effacé au profit d’Aÿ, son vil successeur…
Cette exposition permet d’en apprendre énormément sur la civilisation égyptienne et naturellement sur Toutânkhamon. Extrêmement documenté et illustré, le parcours du visiteur est conçu de telle sorte à ce que chacun y trouve son compte. Néanmoins, le prix élevé des tickets, entre £26.95 et £37.40 selon les jours de la semaine, oblige à réserver à l’avance pour en profiter à moindres coûts jusqu’au dimanche 3 mai 2020. A noter également que tous ces objets sont appelés à rejoindre la future exposition permanente du Grand musée du Caire actuellement en construction.