Vendredi 8 mai, un arbre sera planté dans la cour du Lycée français Charles de Gaulle de Londres pour “célébrer les 80 ans de la paix en Europe”. À l’origine de cette initiative : Brigitte Williams, déléguée de la Fondation de la France Libre au Royaume-Uni.
En 1968, Brigitte Williams part à Londres comme jeune fille au pair dans le but d’améliorer son anglais. Elle pensait y rester un an, finalement, plus d’un demi-siècle plus tard, elle y vit toujours et est mariée à un Britannique avec qui elle a eu des enfants.
« Avec cette vie anglaise, j’ai ressenti le besoin de reconnecter avec la communauté française », explique-t-elle. En effet, après avoir travaillé comme secrétaire bilingue à l’ambassade de France, Brigitte Williams devient mère au foyer.
Son implication pour les Français de Londres commence alors dans les années 1980 lorsqu’elle rentre dans plusieurs associations telles que dans la Fédération des Associations Françaises en Grande-Bretagne. Dans les années 1990, elle devient même déléguée au Conseil supérieur des Français de l’étranger.
Finalement, c’est son attrait pour l’Histoire qui va l’amener à cultiver le devoir de mémoire au sein de l’association de la Fondation de la France Libre. « Lors de la révolte des étudiants en 1968 à Toulouse, j’ai pris conscience qu’en tant que citoyens, on pouvait jouer un rôle », confie-t-elle.
« Ayant toujours grandi avec admiration pour la personne du Général de Gaulle, c’est la rencontre avec d’anciens Français Libres qui m’a marquée », se souvient Brigitte Williams. En effet, ces anciens marins, pilotes et soldats ayant répondu à l’appel du 18 juin 1940, racontent à la jeune Française l’importance du devoir de mémoire.
Cette association française, créée en 1994, succède en 2000 à l’Association des Français libres et fédère ainsi toutes les Sociétés des Français libres déjà existantes. Elle a pour but d’informer sur cette période de 1940 à 1943 en créant des missions tout en collectant des dons pour cataloguer, numériser et archiver les infromations historiques.
« C’est surtout les gens que j’admire, ils étaient de tous les milieux, de toutes les religions et ils ont fait le choix de sauver la France. On leur doit beaucoup », explique Brigitte Williams.
« J’ai compris que beaucoup ignoraient le rôle de la France Libre ici », juge Brigitte Williams, avant d’ajouter, « quand je suis arrivée, les Anglais m’ont tous dit ‘on vous a sauvés’ ». Pour ne pas oublier cette période, elle se plonge dans l’histoire de ces hommes et femmes ayant refusé l’armistice et poursuivi le combat depuis Londres.
La Française découvre de nombreuses anecdotes assez méconnues telles que les permissions des soldats dans le quartier de Soho, les marins hébergés dans les anciens bâtiments du lycée français, ou encore le sanatorium où venaient les soldats malades. « Une grande partie de l’Histoire de France s’est jouée en Angleterre et à Londres », rappelle la Française.
Finalement, Brigitte Williams devient déléguée de la Fondation de la France Libre au Royaume-Uni en 2008 et continue sa mission d’information avec des actions éducatives notamment.
La création de vitrines commémoratives restent sa plus grosse réalisation. Après des années de persévérance, elle obtient en effet, en 2010, le soutien de l’association pour créer au Lycée français Charles de Gaulle de Londres pour son initiative. Alors que cette idée, Brigitte Williams l’avait présentée depuis bien longtemps, la Française estime que ce projet n’a pas été facile à mettre en place.
Mais sa patience paie. « Un jour, un ami m’a donné une photo datant de la guerre où Charles de Gaulle y avait inscrit : ‘La France a perdu une bataille mais pas la guerre’. Alors j’ai toujours réfléchi comme cela ». Une phrase écrite sur cette image, installée dans une des vitrines, et dont les élèves de l’établissement peuvent désormais s’inspirer. « C’est aussi pour que les jeunes sachent que quand une porte se ferme, ce n’est pas la fin », explique la Française.
Sur les deux vitrines présentées, l’une est consacrée de manière permanente au Général de Gaulle et l’autre change de thématique chaque année, pouvant traiter du débarquement de Provence comme de Jean Moulin … Elles sont remplies d’objets et de photos que la déléguée choisit méticuleusement durant plusieurs mois de travail. Elle rédige aussi des storyboards. Les lieux sont alors devenus un repère pédagogique pour les élèves et un lieu de recueillement pour les visiteurs.
Alors que le Royaume-Uni ne célèbre pas le 8 mai comme en France, le Lycée français Charles de Gaulle lui, le commémore cette année en plantant un cerisier du Japon, symbole de la paix retrouvée.
La déléguée de la Fondation de la France Libre explique avoir eu cette idée au Canada lorsqu’un gland venant de Verdun avait été planté lors d’une commémoration, donnant ainsi vie à un chêne.
Chacun des invités pour cette cérémonie pourra participer à cette plantation, qui aura donc lieu vendredi 8 mai, en remplissant chacun le pot de terre. Avant de laisser place aux discours, entre autres, de la proviseure du lycée, Catherine Bellus-Ferreira, et des officiels.
Concernant Brigitte Williams, elle prévoit de dédier sa prochaine vitrine temporaire aux femmes, trop méconnues, de la France Libre. Si elle souhaite passer le relais de déléguée au sein de l’association pour retourner en France, la passionnée d’Histoire aura certes connu une carrière stimulant ses passions mais pas sans difficulté. « Finalement je me vois moi aussi comme un soldat, avec mon expérience j’ai appris que soit on capitule, soit on avance ».