Il y a deux semaines, Lilia* est rentrée à Londres après un week-end à Berlin. Trois jours après son retour, elle reçoit mails et appels du NHS Track and Trace. “On m’a expliqué qu’un des passagers dans l’avion avait été testé positif et que j’étais donc cas contact”, raconte la jeune femme. La Française, installée à Londres depuis plusieurs années, se dit qu’étant vaccinée, elle devrait être exemptée, comme l’autorise le NHS. “Sauf que quand je leur ai expliqué que j’avais reçu mes doses en France, ils m’ont dit que cela ne comptait pas et que je devais donc m’isoler pendant 10 jours”.
La Française tombe de sa chaise, elle demande pourquoi sa vaccination n’est pas reconnue, d’autant plus qu’elle a reçu un vaccin reconnu par le comité scientifique britannique et qu’elle avait pu passer la frontière sans problème avec son certificat européen. “On m’a dit que c’était comme ça, que toutes les vaccinations faites hors du Royaume-Uni n’étaient pas reconnues une fois sur le sol britannique”, confie encore dépitée la trentenaire, dont le test au jour 2 de son retour était par ailleurs négatif. “Ils n’ont rien voulu entendre, mais je trouve que c’est une vraie discrimination”.
Lilia n’est pas la seule Française, voire Européenne, à avoir été obligée de s’isoler bien que vaccinée. Un sujet dont s’est emparé le collectif the3million, alerté à plusieurs reprises par des ressortissants européens vivant en Grande-Bretagne sur ce problème, qui concerne également les personnes vaccinées au Royaume-Uni mais qui n’ont pas de numéro NHS et qui ne sont pas enregistrées auprès d’un médecin généraliste britannique. L’association a alors décidé d’interpeller, via une lettre ouverte envoyée le 12 novembre dernier, le ministre de la Santé britannique. “Jusqu’à ce que ce problème soit résolu, des milliers de citoyens de l’UE et de ressortissants étrangers qui sont complètement vaccinés doivent encore s’auto-isoler chaque fois qu’une personne dans leur environnement est positive au virus COVID-19, ou pire, se faire revacciner, ce qui va à l’encontre des préconisation du gouvernement, de la JCVI et du NHS, sans compter les effets secondaires possibles”, ont ainsi écrit Nicolas Hatton, co-fondateur, et Ellen Waters, directrice du développement chez Doctors of the World UK.
The3million a donc appelé le gouvernement à changer sa position. “Nous vous demandons de permettre à tous ceux qui appellent le Royaume-Uni leur maison et qui ont été doublement vaccinés par des vaccins approuvés au Royaume-Uni, de pouvoir être reconnus par le NHS comme vaccinés, quel que soit l’endroit où ils obtenu leurs doses, même ceux qui ne sont pas inscrits auprès d’un médecin généraliste”, écrit l’association.
Un message à moitié entendu par le ministre de la Santé. Dans un tweet datant du 18 novembre dernier, Sajid Javid a annoncé qu’à partir du 1er décembre “les voyageurs qui ont reçu un vaccin de la liste EUL (pour Emergency Use Listing Procedure, et qui couvre tous les principaux vaccins) de l’Organisation mondiale de la santé n’auront plus à s’isoler s’ils sont identifiés cas contact en Angleterre”.
FANTASTIC ✈️ NEWS
From December anyone fully vaccinated with a WHO EUL vaccine will not need to self-isolate if identified as a close contact while in England.
Huge help for British nationals vaccinated abroad who want to come back and visit friends and family in England.
— Sajid Javid (@sajidjavid) November 18, 2021
Reste que la reconnaissance du vaccin auprès du NHS, autrement dit l’enregistrement auprès des services de santé, n’est toujours pas d’actualité. Contacté par nos soins, le Département de la Santé n’a pas donné suite à notre demande d’information sur le sujet. Pourtant cet été, le ministre chargé des vaccins, Nadhim Zahawi, avait promis que cela serait réglé… fin juillet. Quatre mois plus tard, aucune mesure n’a été prise ou annoncée dans ce sens. Cela empêche de nombreux Européens résidant au Royaume-Uni, dont beaucoup de Français, de faire reconnaître leur vaccination faite dans leur pays d’origine. Alors même que l’Union européenne reconnaît formellement une vaccination réalisée en Grande-Bretagne.
*La jeune femme n’a pas souhaité communiqué son nom de famille.