Theresa May et Michel Barnier l’ont pourtant martelé après avoir annoncé mercredi 14 novembre qu’un accord avait été trouvé dans le cadre du Brexit : “Les droits des citoyens européens vivant au Royaume-Uni et les Britanniques résidant dans l’Union européenne seront protégés”. Mais rien n’y fait, pour ces ressortissants, cet accord est “un échec complet” et parlent même de trahison.
“Nous avons été trahis par les négociateurs”, résume Nicolas Hatton, co-fondateur du mouvement The 3 Million, créé au lendemain du référendum en juin 2016 et dont l’objectif est de protéger les droits des citoyens européens vivant au Royaume-Uni après la sortie du pays de l’UE. Mais qu’est-ce qui cloche dans l’accord, qui prévoit pourtant, selon les dires de la Première ministre britannique et du négociateur en chef pour l’UE, que rien ne changera après le Brexit pour ces citoyens arrivés avant le 31 décembre 2020, date signant fin de la période de transition. “C’est un mensonge”, analyse Nicolas Hatton, “si rien ne va changer comme Theresa May et Michel Barnier l’affirment, alors pourquoi devrons-nous faire une demande de résidence, demande payante et qui pourrait de surcroît être rejetée par le Home Office qui choisirait alors quels citoyens européens il souhaite garder ?”, questionne le co-fondateur du mouvement avant d’ajouter, “la promesse qui a été faite avant le référendum qui disait que nos vies ne changeraient pas après le Brexit n’a donc pas été tenue”.
Pire, complète Nicolas Hatton, la liberté de mouvement sera également perdue. “Si on décide de quitter le pays pour une période de plus de 5 ans pour travailler ailleurs par exemple, on perdrait notre droit de revenir au Royaume-Uni”. Inconcevable pour le Français d’origine. The 3 Million a été rejoint sur ce point par British in Europe, qui défend les droits des britanniques vivant sur le sol européen. Jane Golding, la co-présidente, explique : “En mars dernier, on nous a dit que les droits des citoyens étaient un accord acquis et que les discussions à ce sujet ne seraient pas rouvertes. Cependant, il ressort clairement du texte que certains changements ont en fait été apportés, ce qui signifie qu’il est inacceptable et que la liberté de circulation – une bouée de sauvetage pour beaucoup d’entre nous – a été exclue lorsque les deux parties ont compris que c’était essentiel pour nous”.
The 3 Million demande aujourd’hui que, quelle que soit l’issue du Brexit incluant avec un accord ou non, les politiques tiennent les promesses faites. Reste-t-il vraiment un espoir ? “Theresa May ne va pas être maintenue comme Première ministre, car l’accord risque fortement de ne pas être voté au Parlement. D’un côté, elle n’est pas soutenue par la totalité de son camp (deux ministres, dont celui du Brexit, avaient démission jeudi 15 novembre dans la matinée, ndlr) et le parti travailliste a déjà annoncé qu’il voterait contre”, analyse Nicolas Hatton, “elle devra démissionner, avant ou après ce vote. En ce qui nous concerne, nous continuerons à travailler avec les parlements britannique et européen pour faire entendre nos voix”.