Accoucher à Londres quand on est Française peut s’avérer stressant, loin de son pays, de sa famille et surtout dans un système public de santé, le National Health Service, souvent décrié sur ses méthodes de prise en charge. Alors comment ont vécu certaines expatriées leur accouchement dans la capitale anglaise ?
Pour Anne, 28 ans, qui a accouché il y a quelques mois, il y avait trois options de suivi : “La France, mais cela voulait dire s’y installer un mois avant et rester au moins un mois après, le temps d’obtenir le passeport du bébé ; le privé, mais ce n’était pas couvert par ma mutuelle et le prix est exorbitant ; ou alors le NHS qui jouit d’une mauvaise presse chez les Français de Londres mais qui me permettait d’être chez moi avant et après la naissance, avec mon mari”. Elle finit donc par choisir le système public britannique pour accoucher, tout comme Marika, 31 ans. “J’habitais à Londres et souhaitais avoir mon bébé dans cette ville, afin de pouvoir rentrer chez nous rapidement après la naissance”.
Si le choix d’accoucher à Londres pour ces Françaises se fait sans trop d’hésitations, vient ensuite le temps des questions : le suivi sera-t-il de qualité ? Le soin étant vécu de façon très différente en France (patrie du médecin de famille) et en Angleterre (royaume du doliprane en supermarché), les appréhensions sont naturellement nombreuses. Noémie, 32 ans, reconnaît que ”bien qu’il y ait moins de rendez-vous qu’en France, ils n’hésitent pas à faire des examens supplémentaires si besoin”. Même son de cloche chez Marika qui apprécie l’approche anglaise : “On informe bien la patiente, contrairement à la France où le médecin peut être un dieu incontestable et incontesté”.
Les femmes enceintes en Angleterre ne sont pas considérées comme des malades, le suivi est donc minimal sauf s’il y a une raison de s’inquiéter. Mais ce n’est pas pour autant rassurant, le paramètre humain jouant un rôle énorme surtout chez les Français. Sarah, 30 ans, a vu une vraie différence entre NHS et privé : “Le personnel dans le privé a été adorable, alors que les échos au NHS ont été faites à la va-vite”.
Caroline Mallard, sage-femme française à Londres chez Baby and Me London, premier réseau de périnatalité bilingue français-anglais à Londres, explique : “C’est surtout une différence de perception. Le fait de ne pas être dans son pays natal est un facteur de risque”. Même si elles ne sont pas énormes, il faut être préparé à des différences avec la France : pas d’échographie du troisième trimestre, moins de visites et pas de test donc pour la toxoplasmose. Quand une Française le demande d’ailleurs, les sages-femmes sourient.
Le suivi c’est une chose, l’accouchement en est une autre. Plus que jamais, les mythes affluent dans les cercles français sur l’accouchement version NHS – très probablement sans péridurale et dans la salle d’attente. “C’est bien ce qui a failli m’arriver”, rit Anne, “l’accouchement, c’est là où la différence de confort entre France et Angleterre se ressent le plus”.
La maman française poursuit : “Le NHS fait des économies et essaie donc de faire arriver les patientes le plus tard possible à l’hôpital. On m’avait conseillé de venir quand les contractions seraient espacées de 2 à 3 minutes. Mais au bout de 6 heures de travail chez moi et une douleur insupportable, le standard de l’hôpital était toujours réticent à m’accueillir. Quand j’ai atteint les 8 heures de travail, mon mari m’a emmenée presque contre mon gré. Une sage-femme m’examine : le col était à 7… en France on pose la péridurale à 3. Trop tard donc. Et cerise sur le gâteau, une place s’est libérée une demi-heure seulement avant la naissance. En revanche, le personnel a été très entourant. Le rythme cardiaque du bébé chutait énormément, il y a eu une intervention en urgence de toute une équipe médicale que j’ai trouvé très pro ».
Marika, elle, raconte, au moment d’accoucher, « les médecins ont toujours été très polis, se présentant et m’expliquant chaque geste, ce qui compte énormément. J’ai finalement dû subir une césarienne d’urgence, l’anesthésiste a proposé de prendre des photos et a mis une musique douce pour que l’on n’entende pas les bruits de l’opération. Post-accouchement, j’ai eu droit à un debrief avec toutes les notes des équipes médicales. Pour le bébé, toutes les bonnes décisions ont été prises. En revanche, pour le soulagement de ma douleur, je suis plus mitigée. »
Noémie relate une bonne expérience : « Le jour J, j’ai même eu la chance de tomber sur la sage-femme qui m’avait suivie pendant ma grossesse, un visage familier et une personne en qui je pouvais avoir confiance. Le personnel a été à l’écoute de nos envies et de nos ressentis tout du long. Pour mes deux accouchements, je n’ai à aucun moment eu le sentiment qu’ils essayaient de limiter les interventions pour limiter les coûts”.
Verdict : la plupart accoucheront à nouveau avec le NHS. Mais certaines se prépareront différemment : arrivée plus tôt à l’hôpital, demande d’une chambre individuelle à la sortie, et suivi post-accouchement avec des praticiens français si possible.
One Response
Contrairement à la critique typique des Français, j’ai trouvé le système médical anglais très satisfaisant; mon accouchement s’est très bien passé grâce au personnel. La médecine anglaise n’est pas pour les hypocondriaques. La grossesse n’est pas une maladie. Le docteur, ici, ne prend pas des airs de diva comme si vous risquiez votre vie sans lui.
Aussi je préfère 100 fois accoucher dans un hôpital plutôt que dans une clinique. Pourquoi la France fait-elle une différence “sociale” entre cliniques et hôpitaux? D’autre part je trouve les infirmières (anglaises ou pas, mais en Angleterre) beaucoup plus patientes et dévouées qu’en France.