En collaboration avec plusieurs créateurs africains, le Victoria and Albert Museum présente une nouvelle exposition, Africa Fashion. Façonnée par le panafricanisme, la mode africaine contemporaine a su au cours du siècle dernier s’unir dans la différence, entre sensibilités locales et transcontinentales. L’exposition retrace ainsi son évolution, depuis les années 1950 – lors de l’expansion des mouvements indépendantistes – jusqu’à nos jours. Chaque pièce, création portent l’histoire complexe et diverse du continent. On vous emmène en visite exclusive de cette exposition, à découvrir jusqu’en avril 2023.
Après la Seconde Guerre Mondiale, l’Afrique s’émancipe. En 1960, une vingtaine de pays obtiennent leur indépendance et s’affranchissent des contraintes coloniales. La fierté de ce premier pas vers la liberté s s’exprime alors à travers les arts, amenant dans le même temps une renaissance culturelle.
Porté au sein des mouvements indépendantistes, le panafricanisme pousse à l’autonomie créative. Les premières salles de l’exposition mettent ainsi en valeur ces créateurs ayant su s’approprier la mode pour célébrer la diversité et participer au rayonnement mondial de l’Afrique.
Nous pouvons ainsi découvrir plusieurs pièces de designers tels que Naïma Bennis, l’une des femmes pionnières marocaines dans la mode, ou encore Shade Thomas-Fahm, la première créatrice de mode du Nigeria.
La salle suivante expose des photos prises après les débuts de la décolonisation. L’euphorie de l’indépendance coïncide en effet avec la démocratisation de la photographie.
Les clichés réalisés à cette époque deviennent alors des affirmations d’autoreprésentation. En ressortent de ces portraits la fierté d’être africain, identité qui n’est plus – autant – définie par des éléments extérieurs.
L’indépendance politique signifie aussi l’expression libre du style individuel. La période post-coloniale permet ainsi de renouer avec ses origines et son héritage culturel.
L’exposition continue ensuite et se termine à l’étage, où est présenté le travail de créateurs repoussant les limites et discutant la culture, la race, le genre et la sexualité.
Leur volonté est de remettre en question les idées préconçues entourant l’Afrique. C’est par exemple le cas avec le mouvement minimaliste, qui rejette le postulat selon lequel la mode africaine est définie par l’exubérance, portée par des motifs à outrance et des couleurs extravagantes.
Le but est ici de s’affranchir des perceptions occidentales, et ainsi donner une nouvelle visibilité à la mode africaine, tout en prenant en compte son histoire.