“J’ai pensé que je pourrais faire un film qui n’était que des mots, de la musique, des images et du mouvement et je pensais que ce serait de l’art”. Ces mots, ce sont ceux de la cinéaste Agnès Varda.
En six décennies, la Franco-belge s’est imposée dans le cercle très “select” de l’avant-garde du cinéma mondial, et notamment de la Nouvelle Vague, et est devenue au fil des années une influence majeure sur la culture de l’image en mouvement. Agnès Varda est l’une des seules réalisatrices – elles sont seulement deux avec Jane Campion -, à avoir remporté la Palme d’Or au festival de Cannes. C’était en 2015 et c’était une Palme d’honneur décernée pour l’ensemble de son oeuvre et de sa contribution au cinéma français.
La cinéaste, âgée de 89 ans, a aussi collaboré avec l’artiste de street-art, JR, et ont même réalisé ensemble un documentaire “Visages Villages”, nommé à la dernière cérémonie des Oscars le 4 mars dernier. Elle avait reçu quelques mois plus tôt un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
A la veille de la présentation d’une nouvelle commande de l’artiste à la Biennale de Liverpool 2018 en juillet prochain (la cinéaste présentera une installation vidéo à trois canaux appelée “3 Mouvements” et qui associera des extraits de trois de ses films : Vagabond (1985), Documenteur (1981) et The Gleaners (2000)), le British Film Institue de Londres propose une rétrospective d’un mois – du samedi 2 au samedi 30 juin –, qui mettra en avant Agnès Varda en tant qu’artiste expérimentant l’image en mouvement et réfléchissant sur la créativité artistique et la collaboration. Plusieurs de ses films seront projetés à cette occasion.
Avec sa formation en histoire de l’art et son expérience en tant que photographe, la réalisatrice a repoussé les limites du cinéma comme forme d’art en créant son propre style singulier en mélangeant la réalité à l’imagerie poétique et la fiction au documentaire. Elle a ainsi créé des protagonistes féminins mémorables et révolutionnaires, a dépeint des communautés marginalisées avec un humanisme profondément ressenti et a filmé de riches portraits d’autres artistes.