“Très tôt, j’ai compris quelle était ma mission : dédier ma vie aux autres”. Utiliser son réseau et “tous les outils possibles”, c’est ce que fait au quotidien Alexandre Mars, qui était d’ailleurs en déplacement à Londres jeudi 10 et vendredi 11 mars. Le Français, installé entre New York et Paris, est un entrepreneur philanthrope depuis près de 10 ans maintenant. Il crée sa première entreprise à 17 ans à peine puis une seconde à 22 ans. Un entrepreneur précoce, mais aussi visionnaire. En effet, sa société, A2X, est à l’époque l’une des premières agences web françaises. Mais Alexandre Mars la revend en 1998 pour se diriger vers le domaine du “capital-risque”, ce qui l’amènera aux Etats-Unis. Il lance aussi Phonevalley, une agence de marketing mobile, qu’il vendra à Publicis six ans plus tard. Puis, il s’attaque en 2006 aux médias sociaux en créant ScrOOn qu’il revendra à Blackberry en 2013.
C’est à la suite de la vente de ses deux dernières start-ups qu’Alexandre Mars décide de mettre son expérience au service des autres. “J’ai toujours pensé que ma vie n’avait de sens que si je pouvais aider les autres”, répète le Français. Pour lui, cette envie est née très tôt. “Mes parents m’ont beaucoup appris, notamment à voir les choses différemment. Leur divorce m’a par exemple permis de voir les failles, les difficultés et les inégalités de la vie, mais aussi l’amour que l’on peut apporter”. Une vision qui l’a toujours accompagnée dans sa carrière entrepreneuriale.
C’est donc en 2013 qu’il mène une étude de marché dans l’univers de la philanthropie et de là, naît Epic. Cette start-up à but non lucratif, dont le siège est à New York mais qui est aussi présente à Londres, “lutte contre les injustices sociales touchant les enfants et les jeunes adultes dans le monde”, explique l’entrepreneur philanthrope, qui explique dans son livre “La Révolution du partage” (sorti en 2018 aux éditions Flammarion) n’être “ni l’Abbé Pierre ni mère Teresa, mais simplement un homme qui, révolté par l’injustice, a décidé un jour de mettre sa révolte en actes”. Pour cela, il va ainsi révolutionner la manière de donner. “Je voyais d’un côté des gens qui voulaient s’engager mais qui ne savaient pas comment s’y prendre. Et de l’autre, des associations et ONG qui manquaient de moyens”. Epic sera donc le chaînon manquant, connectant gratuitement ces deux mondes. “100% des dons partent aux associations” et c’est Alexandre Mars qui subvient aux besoins de fonctionnement d’Epic. Un modèle économique d’un nouveau genre qui a même tapé dans l’œil de la prestigieuse université d’Harvard. Elle a en effet publié un cas sur la structure “soulignant la singularité du modèle de l’organisation”.
En six ans, Epic s’est grandement développée puisqu’elle soutient des organisations présentes dans 11 pays et a déjà mobilisé plus de 55 millions de dollars. “Nous avons pour objectif d’atteindre 100 millions d’ici à trois ans”, espère Alexandre Mars. Le Français se dit très heureux de voir comment l’organisation a pu aider à “changer la trajectoire de jeunes” n’ayant pas eu la même chance que lui. “Je suis né au bon endroit, j’ai un bon réseau. Il est normal que je m’engage pour eux”. L’entrepreneur philanthrope veut aller encore plus loin avec Epic, puisqu’il va aussi développer sa structure pour aider les associations environnementales. “Dans le monde de demain, et même d’aujourd’hui, les consommateurs sont des citoyens qui veulent acheter plus responsables en privilégiant les circuits-courts. On a pu le voir notamment pendant la crise sanitaire. Le Covid a été vraiment un accélérateur de la prise de conscience du monde dans lequel nous vivons”, analyse Alexandre Mars. Un pouvoir non négligeable sur les industries et les grandes entreprises.
Parallèlement à Epic, le Français a également lancé créé Blisce, un fonds de capital-risque ‘growth-stage’ soutenant les entrepreneurs engagés dans le développement d’entreprises novatrices en matière de consommation et de nouvelles technologiques à travers le monde. Depuis sa création, blisce/ a investi dans des sociétés comme Spotify, Pinterest, Headspace et Brut. Alexandre Mars siège aux conseils d’administration de ces deux dernières. Au-delà d’un soutien financier, blisce/ accompagne les entreprises de son portefeuille dans la mise en place de politiques ESG. E pour environnemental, S pour social et G pour gouvernance. “En créant blisce/, je voulais montrer que la finance pouvait être positive”. La preuve, dit-il, l’entreprise reverse 20% de ses profits à des causes sociales et les employés offrent 5% de leur temps à des actions positives. “Avoir du succès sans l’utiliser à bon escient n’a aucun sens”, résume Alexandre Mars. En 2020, Blisce a été le premier fonds de capital-risque ‘growth-stage’, au sein de l’Union européenne, à être certifié B CorpTM, un label prouvant entre autres sa volonté de contribuer au bien-être de ses salariés mais aussi celle d’avoir le moins d’impact possible sur la planète.
Et comme le Français a toujours des projets, il a non seulement oublié un livre en 2020, “Ose ! Tout le monde peut devenir entrepreneur” mais aussi lancé un podcast, PAUSE, qui compte déjà quatre saisons et 89 épisodes. Il y interviewe acteurs, sportifs, entrepreneurs, chefs cuisiniers, romanciers… “C’est quelque chose qui relève plus du développement personnel que de l’entreprise”, confie Alexandre Mars, “j’y interviewe des personnes dont la trajectoire de vie était semée d’embûches mais qui ont malgré tout réussi”. L’objectif de ce podcast était avant tout de donner confiance aux autres, d’inspirer les gens, dit-il. Avec toujours à l’esprit donc, de faire naître du positif et de l’espoir.