Alors que les premières négociations sur la relation future entre l’Union européenne et le Royaume-Uni devaient s’ouvrir à Bruxelles lundi 2 mars, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères était en déplacement à Londres vendredi 28 février. Amélie de Montchalin y a notamment rencontré les acteurs économiques français mais aussi britanniques, comme la présidente du CBI (Confederation of British Industry) et de la Chambre de commerce française au Royaume-Uni.
“Les entreprises britanniques et européens ont les mêmes priorités”, a assuré la secrétaire d’Etat, “car elles seront impactées de la même manière par le Brexit”. Trouver un terrain d’entente nécessitera alors, selon elle, de “passer de l’émotion à la raison” et éviter ainsi de retomber dans le côté “drama” de la première phase. “L’organisation de la sortie politique du Royaume-Uni de l’Union européenne a été réglé, maintenant on est dans la seconde phase, celle de la construction d’une relation concrète”, a averti Amélie de Montchalin.
Comprendre par là, que les dernières menaces émises par le gouvernement de Boris Johnson ne font point trembler l’UE. “On ne cèdera ni à la pression du calendrier ni à celle du chantage”, a prévenu la Française, rappelant que l’Union européenne reste unie sur ce dossier du Brexit. Plus encore, Amélie de Montchalin a expliqué que le Royaume-Uni devra appliquer la totalité des principes de l’accord ratifié par les deux parties. En jeu, la question des droits des citoyens européens mais aussi de la frontière entre les deux Irlande. Sur ce dernier point, la ministre a précisé que “si les contrôles ne sont pas mis en place sur la mère d’Irlande et ce, rapidement, il sera difficile de nous engager dans l’accord sur notre future relation”. “La confiance ne se décrète pas, elle se nourrit de preuves”. L’Union européenne, a-t-elle ajouté, se chargera de son côté de protéger son marché intérieur. “On ira nous-mêmes faire les contrôles ou nous ferons en sorte que le Royaume-Uni soit en obligation de le faire”.
La France, elle, ne sera laissera pas intimider sur la question de la pêche, a insisté Amélie de Montchalin. Ce sujet reste en effet un sujet très délicat entre les deux pays puisque les Brexiteurs voudraient empêcher les pêcheurs français d’accéder aux eaux des îles entourant la Grande-Bretagne. “Ce marché représente un milliard de livres pour le Royaume-Uni et 70% sont exportés vers le marché européen et particulièrement vers Boulogne. C’est donc une relation d’interdépendance”, a-t-elle souligné.
Amélie de Montchalin a par ailleurs tenu à être claire sur les différentes formes que pourraient la relation future entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. “Quand on lit que cela pourrait prendre la forme d’un accord comme celui avec le Canada (via le CETA, ndlr) ou l’Australie, je voudrais juste rappeler que le Royaume-Uni n’est pas le Canada”, a-t-elle rappelé avant d’ajouter que la distance géographique était aussi un élément clé. “300 miles séparent Londres de Paris et 3.000 Londres de Boston. 5 millions de camions passent entre Calais et Douvres, donc nous ne sommes pas dans la même situation. Maintenant, il est nécessaire que chacun prenne ses responsabilités pour défendre ses intérêts mais sans chercher la revanche”.
C’est donc une guerre de communication qui aura débuté avant même que les négociations ne soient amorcées, bien que la ministre française a insisté sur le fait que les Etats membres de l’UE restaient “très calmes” sur le sujet. Après Bruxelles, du lundi 2 au mercredi 4 mars, les prochaines réunions devraient se tenir à Londres du mercredi 18 au vendredi 20 mars. Les deux parties ont jusqu’au 31 décembre prochain pour trouver un accord sur leur future relation.