Amélie Fandart est devenue sourde à l’âge de 4 ans et demi “pour des raisons encore inconnues”, confie la jeune femme. Si en général le quotidien d’une personne malentendante ou non-entendante peut s’avérer parfois compliquée, l’épidémie de coronavirus a creusé un nouveau fossé, notamment à cause du port du masque obligatoire. C’est pourquoi pour éveiller les consciences, la Française a décidé de lancer Deaf.Apparel, une gamme unisexe de t-shirts et d’accessoires très parlante.
“Avec le port des masques rendu obligatoire dans les lieux de commerce et lieux publics je n’arrivais plus à communiquer”, raconte Amélie Fandart, qui a vécu 6 ans à Londres avant de partir il y a peu pour Barcelone. Sa fiancée Anne-Line lui alors offre en avril dernier alors un t-shirt personnalisé avec marqué en gros “Sourds, Sorda, Sourde”. Le but : “rendre ma surdité plus visible et éviter que les gens ne me parlent avec leurs masques”, explique la Française, consultante en digital pour des entreprises. Elle poste ainsi une story sur Instagram avec son t-shirt et c’est l’emballement. “J’ai eu beaucoup de retours positifs des personnes “entendantes” me disant qu’elles n’avaient pas conscience du problème que posait les masques pour les personnes lisant sur les lèvres, mais aussi des commentaires de personnes sourdes me disant : ‘j’adore ton t -shirt, tu l’as acheté oú ?””.
C’est là que le couple se dit que “ces t-shirts pourraient peut-être aider beaucoup de sourds et malentendants à rendre leur handicap visible : avec le masque on ne vous “entend” pas. En parlant plus fort on ne vous entend ni ne vous comprend pas plus”. Dans les jours qui suivent le post sur le réseau social, les deux partenaires, travaillant dans le digital, commencent ainsi à créer des designs simples “mais efficaces” avec l’utilisation de l’espagnol, du français, de l’anglais et du catalan. Le site est lancé le 1er juin dernier.
C’est l’expérience professionnelle des deux jeunes femmes qui leur ont permis d’aller vite. Amélie Fandart, diplômée en communication, a en effet travaillé à Londres pour des entreprises comme Publicis Media, Pernod Ricard mais aussi avec des startups. Après six ans dans la capitale anglaise, la Française avait envie d’un nouveau challenge et a donc déménagé avec sa fiancée à Barcelone il y a deux ans. “Mais nous revenons régulièrement à Londres, une ville que j’adore” et où elle a d’ailleurs rencontré sa partenaire de vie.
C’est pourquoi l’anglais a été une des langues choisies par les créatrices de Deaf. Apparel, marque déclinée à travers différents produits tels que des t-shirts, sweatshirts, casquettes, tote bag et dont une partie des bénéfices de la collection est par ailleurs reversé à des associations pour sourds et malentendants. “Nous souhaitions avoir des produits de bonne qualité et durable”, précise Amélie Fandart.
Si le port du masque a compliqué la situation, la crise du coronavirus a tout de même amené du positif, reconnaît par ailleurs la Française. “Cette année les réseaux sociaux et les écrans ont été envahis par la langue des signes”, analyse Amélie Fandart, “on peut donc dire que cette crise a eu un impact positif et négatif pour la communauté sourde. L’accès à toutes informations est devenu vital, la LSF, la lecture labiale, le sous titrage étant notre seul moyen de communication”.
Avec sa marque, la trentenaire veut ainsi apporter sa pierre à l’édifice et sensibiliser le plus grand nombre. “Je pense que c’est justement en sortant et en disant aux gens : “je suis sourde, voici comment nous allons communiquer ensemble” que la sensibilisation va commencer”, explique-t-elle. Et ça marche. “Par exemple il y a quelques jours, en voyant mon t-shirt “deaf – sorda – sourde”, un vendeur de glaces qui portait une masque m’a montré ce qu’il voulait me dire au lieu de me parler, ce qui a grandement facilité notre échange”.