Arrivée en Ecosse il y a 3 ans pour améliorer son niveau d’anglais, Amélie Tassin n’en est jamais repartie. Cette Française, originaire des Alpes, a eu un véritable coup de cœur pour Edimbourg, où elle a su saisir les opportunités qui se sont offertes à elle pour s’investir et partager plus que jamais sa grande passion, la bière. Elle vient d’ailleurs de rejoindre l’équipe de Brewers Eye, qui va lancer en octobre une application dédiée à cette boisson.
Amélie Tassin fait partie de ces femmes qui n’ont pas peur d’afficher haut et fort leur passion pour la bière, souvent considérée comme essentiellement masculine. Alors que sa première expérience avec cet alcool fut, comme pour nombres d’individus, à travers la “Heineken”, des “concours de circonstance” ont fait de la bière l’une de ses véritables passions. “Les milieux de la gastronomie, de la bière, des spiritueux, m’ont toujours passionné. Puis j’ai rencontré mon ex-mari, qui travaillait dans la restauration et qui était lui-même passionné par la bière. Il m’a initié à ce milieu riche auquel j’ai tout de suite accroché. ”
Ensemble à Paris, ils montent d’ailleurs à l’époque une cave à bière. Ce “job passion”, qu’elle gérait de front avec son emploi dans la finance, lui a permis de trouver un bon équilibre dans sa vie, entre passion et emploi “plus sérieux”. Mais suite à son divorce, elle a décidé de reprendre ses études et de changer de carrière, dans l’optique de monter une agence de marketing destinée à sa passion.
Son coup de foudre avec le Royaume-Uni, et plus particulièrement l’Ecosse, n’était pas une chose qu’elle avait prévu. Après avoir emménagée dans la capitale écossaise dans le seul but d’améliorer son anglais, elle n’a pas pu se résoudre à quitter la ville. Mais elle ne s’est, par là, pas facilitée la tâche. “Mon choix de rester vivre à Edimbourg a certainement compliqué les choses au niveau professionnel, parce que j’ai dû recommencer à zéro. J’avais de nombreux contacts à Paris sur lesquels je ne pouvais plus m’appuyer ici ”, confie Amélie Tassin.
Cependant, elle voit aujourd’hui le bon côté des choses. L’Ecosse ne manque pas d’opportunités dans le milieu de la bière et, autre avantage, les locaux ne la connaissaient pas, son image n’était donc pas associée à celle de son ex-mari. “Dans un milieu comme celui de la bière qui est encore, on peut le dire, machiste, ce n’était pas un désavantage.”
Alors que traditionnellement la gent féminine brassait la bière, ce milieu est devenu très masculin à la fin du XIXème siècle. Aujourd’hui, le taux de femmes buvant de cet alcool reste très faible, notamment au Royaume-Uni. “Seulement 17% en boivent, c’est le niveau le plus bas d’Europe !”, s’indigne la jeune femme. Elle-même a souffert de ce manque de reconnaissance dans le secteur : alors qu’elle travaillait dans sa cave à Paris, il était courant que les clients demandent à s’entretenir exclusivement avec un homme. Mais “non, les femmes n’aiment pas que le goût sucré et les paillettes…”, s’agace-t-elle.
Une fois installée à Edimbourg, elle a ainsi souhaité partager sa passion avec d’autres. Lui est alors venue l’idée de créer un groupe destiné exclusivement aux femmes buveuses de bière. Appelé “Beers without Beards” (bières sans barbes) et créé en 2018, ce collectif permet à des femmes de se retrouver au pub. “C’est dramatique que nous ayons encore encore peur d’y aller toutes seules ou de tester de nouvelles bières”, se désole Amélie Tassin. Mais l’effet de groupe donnant des ailes, ces réunions ont rencontré un franc succès, notamment du fait de la sensation de “safe space” qu’elles engendrent. “Les femmes peuvent y apprendre et expérimenter tranquillement sans peur du jugement”, se félicite Amélie Tassin.
Et cette Française passionnée ne s’est pas arrêtée là. Avec son groupe de buveuses de bières, elle a décidé de créer un festival consacré à la place de la femme dans ce monde. Women in Beer s’est ainsi tenu pour la première fois en octobre 2019 et a mis en lumière uniquement des brasseries fondées ou tenues par la gent féminine. Les membres du groupe ont également créé trois bières spécialement pour le festival. “Le but de telles collaborations est de démystifier tout le processus de création de la bière, de montrer que ce métier est autant accessible aux femmes qu’aux hommes”, précise Amélie Tassin. Fort de l’engouement qu’il a suscité, ce festival régional sera de retour, sa fondatrice l’espère, en mars 2021.
“Beers without Beards” et “Women in Beer” ne sont que des projets passions, ils ne permettent pas à Amélie Tassin d’en vivre. A côté, cette Française travaille dans une brasserie à Edimbourg en tant que marketing manager et s’est également lancée en freelance dans le marketing pour le compte d’autres clients.
C’est alors dans ce cadre qu’une nouvelle opportunité s’est offerte à elle : elle a récemment été contactée par le fondateur d’une application, Brewers Eye App, ayant pour but d’accompagner les amateurs de bières dans la découverte de brasseries. Amélie Tassin, forte de cette volonté de partage, n’a pas hésité longtemps avant d’accepter de rejoindre l’équipe.
Cette application, destinée à toutes les personnes qui aiment boire de la bière, a vocation à être animée par la communauté. Grâce à une souscription des brasseries, des bars et des caves à bières indiquant leurs produits, leurs prix, leur localisation… les usagers de Brewers Eye auront ainsi la possibilité d’identifier facilement de bonnes adresses. L’application proposera également un système d’annotations qui permettra de faire des suggestions en fonction des goûts des différents individus. Elle sera lancée au mois d’octobre au Royaume-Uni. “La version beta ayant été téléchargée partout dans le monde, on espère pouvoir l’étendre rapidement au reste de l’Europe et aux Etats-Unis ”, souligne Amélie Tassin. Une version française devrait également rapidement voir le jour. De quoi se lancer à la découverte de ce milieu, où chacun saura y trouver, sans nul doute, bière à son goût.