Fille d’un architecte des bâtiments de France, elle a grandi dans un environnement imprégné d’histoire de l’art. Commissaire-priseur de formation, elle a d’abord travaillé à Paris dans des maisons de vente prestigieuses telles qu’Artcurial. Lorsqu’elle suit son mari à Londres il y a huit ans, la Française se réinvente en devenant marchande d’objets de décoration anciens en ouvrant sa boutique en ligne : L’Art et les Manières. “Je me suis intéressée aux objets anglais parce que j’ai trouvé que c’était une bonne façon de connaître le pays dans lequel j’étais installée. Et j’ai découvert plein de choses que je n’avais pas apprises en France”, confie-t-elle.
Outre sa boutique, ouverte en même temps que son arrivée dans la capitale, Anne-Caroline Le Mintier organise deux fois par an des ventes directement chez elle, où elle présente ses pièces acquises en France ou en Angleterre. Spécialisée dans les objets de petite taille, l’experte préfère se concentrer sur l’histoire d’une pièce à un instant donné. “Mon leitmotiv, c’est d’expliquer le pourquoi du comment de l’objet. Quand j’achète quelque chose, c’est que je peux le garder pour moi tellement je l’aime. Donc quand je le propose à quelqu’un, évidemment je raconte sa valeur ajoutée.”, raconte-t-elle.
Les objets d’art français et anglais sont très différents. En France, le XVIIIe siècle est souvent la période de référence en histoire de l’art, tandis qu’en Angleterre, c’est le XIXe siècle qui domine. Étant l’empire le plus important du monde au XIXe siècle, les productions britanniques sont très diverses témoignant de ses nombreux territoires conquis, comme des pièces d’Asie ou d’Inde. “En tant que Français, lorsqu’on arrive ici, on se rend vite compte à quel point l’économie et le commerce anglais étaient puissants”.
En plus de son activité de marchande, Anne-Caroline Le Mintier anime depuis deux ans des conférences en français sur une variété de sujets, qu’elle choisit selon ses goûts, allant de Carl Fabergé, Elizabeth I à l’influence de l’Orient ou du Japon dans l’art. “Je pense toujours connaître les sujets que je choisis, mais finalement, lorsque je fais mes recherches, j’apprends moi-même énormément de choses, et d’autres sujets de conférences émergent même”, explique-t-elle.
Après trois jours à s’imprégner du sujet, elle choisit un angle d’attaque qui pousse à la réflexion et qui n’a pas déjà été traité. “Ma drogue, c’est d’apprendre. C’est ce qui me passionne, ce qui me fait me lever le matin. Le problème, c’est qu’en fait, cela peut durer des années.”, admet Anne-Caroline Le Mintier avec enthousiasme. Pour elle, la transmission de son savoir est primordial. “À l’heure actuelle, vous avez toutes les sources possibles et imaginables, mais vous n’êtes pas capable de comprendre ce qui est fait par l’artiste, c’est pourquoi je donne à mon public les clés nécessaires à la compréhension de l’œuvre.”
Avec des groupes de 15 à 40 personnes, la Française propose ses conférences deux fois : une le matin, une le soir, pour toucher des publics différents. “Étant donné que l’audience change, je modifie ma présentation en fonction des réactions et des questions des participants”, précise-t-elle. Depuis quelque temps, elle organise même des conférences plus intimes chez ses clients, avec un minimum de 10 invités.
Dédiée aux différences et ressemblances entre les arts de la table français et anglais, sa prochaine conférence est prévue le jeudi 27 mars. Elle abordera des aspects comme l’éducation à table, le placement des verres ou le choix des bougeoirs, soulignant que les différences entre les deux pays sont multiples. “L’idée ce n’est pas juste de montrer des objets, mais plutôt de raconter leur histoire, leurs anecdotes et expliquer la façon de s’en servir”, raconte Anne-Caroline Le Mintier.
Il existe un service à la française, à la russe et à l’anglaise et forcément, ce n’est pas la même façon d’organiser les plats et la présentation. De plus, on ne mange pas la même chose d’un pays à l’autre, les ustensiles choisis ne sont donc pas les mêmes. “Je vais présenter des objets typiquement anglais au public, qui pourra les étudier et les toucher. Mais je suis sûr que peu de personnes connaîtront leur utilité.”, révèle-t-elle en rigolant.
Pour elle, ces échanges culturels entre la France et l’Angleterre sont précieux, ces deux nations marchant main dans la main, sur le plan historique, depuis des siècles.
Après la conférence du jeudi 27 mars, Anne-Caroline Le Mintier en organise une autre, sur le thème “Visite chez les grands collectionneurs du XIXe siècle”
Quand : mardi 1er avril
Où : 125 Shepherds Bush Road London W6 7LP
Combien : £17
Réservations : ici