Il y a des destins professionnels qui se forgent dès l’enfance. C’est le cas d’Anne-Laure Roussel-Bourbon. La Française s’est passionnée pour la bijouterie depuis son plus jeune âge. Mais c’est en arrivant à Londres, et après une carrière dans la communication, que la trentenaire se consacrera pleinement à cette passion, qu’elle a aujourd’hui transformé en petite entreprise, baptisée Anne L’Or, qui connaît un joli succès.
Des boucles d’oreilles, des bracelets, des boutons de manchette et bientôt – pour Mother’s Day en mars – des colliers avec une médaille gravée à la main… L’offre s’est diversifiée depuis le lancement de la marque Anne L’Or il y a près de six ans, en 2013. “Mon style a vraiment évolué avec le temps”, confirme Anne-Laure Roussel-Bourbon, “et aujourd’hui, je me concentre davantage sur la création que la production en grande quantité”. En effet, la Française produisait par exemple à ses débuts près de 50 paires de boucles d’oreilles différentes alors qu’aujourd’hui, elle se concentre sur trois modèles, dont un – en forme d’abeilles – qui rencontre un vrai succès auprès de ses clientes.
Très sensible à la qualité des bijoux qu’elle propose, Anne-Laure Roussel-Bourbon n’utilise que des matériaux tels que le plaqué or, l’argent mais aussi de la nacre, de la soie, de la permaculture ou encore des pierres semi-précieuses comme le saphir et le quartz. “Je veux que ce que je propose dure dans le temps”, se justifie la cheffe d’entreprise. Son ambition est aussi d’être un levier du changement de consommation des clients. “La question est simple : vaut-il mieux mettre le prix dans une paire de boucles d’oreilles, dont les matières premières de qualité viennent de France et sont fabriquées main, que dans une autre qui coûtera moins chère mais qui serait produite en Chine et importée par avion?”.
Certains l’ont bien compris, et c’est ce qui explique le succès de son entreprise. 90% des ventes d’Anne-Laure Roussel-Bourbon se font à Londres et elle a même recentré son affaire sur le sol britannique, suite aux grèves qui ont touché la France ces dernières semaines. “Le contexte de l’autre côté de la Manche a freiné les choses”, reconnaît-elle. C’est via des ventes dans les salons d’amies, dans des écoles privées ou des Christmas fairs que la jeune femme s’est fait et continue de se faire connaître.
Les débuts n’ont pas été simples, car elle n’avait pas de business plan. “Je venais d’accoucher de ma première fille et j’avais pris un congé maternité d’un an”, explique la cheffe d’entreprise. “Je me suis alors dit que c’était le moment de me lancer”. Elle demande ainsi à une amie de dessiner son logo, quand elle-même imaginera le packaging. Le site est enfin lancé et la Française découvre alors les joies de l’entrepreneuriat. En effet, avant de rejoindre son mari à Londres, Anne-Laure Roussel-Bourbon travaillait dans le service communication… d’un joaillier parisien. “J’ai beaucoup appris avec les équipes, notamment comment créer un bijou de A à Z et c’est ce qui a confirmé mon envie de faire des bijoux”, confie-t-elle. Puis, en arrivant dans la capitale anglaise, elle a travaillé comme assistante de direction, où elle y apprendra la rigueur, la comptabilité et l’organisation.
Alors que les choses commencent à se mettre en place pour sa marque Anne L’Or, la jeune femme découvre qu’elle est enceinte de son deuxième enfant. “J’ai tout mis de côté, car pour moi la famille passe avant tout”, assume Anne-Laure Roussel-Bourbon. Mais cette décision n’affectera finalement en rien son entreprise, puisqu’à sa reprise en septembre 2014, les affaires repartent rapidement. “Mes amies avaient organisé un salon chez elles ouvert à leurs connaissances, c’était juste avant Noël donc ça a bien boosté les ventes. Je venais d’accoucher et voir que mes bijoux continuaient à plaire, ça m’a beaucoup aidé psychologiquement”.
L’entreprise s’installe alors progressivement, une petite réussite pour cette autodidacte qui aime la création depuis sa plus tendre enfance. “Petite déjà, je fabriquais des bijoux comme des bracelets que j’offrais ensuite à la famille”, confie-t-elle. A la naissance de son troisième enfant, elle a décidé de prendre un peu de recul. “Je ne voulais pas tirer sur la corde, comme après son second accouchement. A l’époque, j’essayais de tout faire en même temps, j’avais monté un groupe avec une cinquantaine de créatrices, mais c’était trop de travail”, poursuit la fondatrice d’Anne L’Or.
Maintenant, plus de pression, s’est-elle promis. “Pour tout business, il faut être motivée, se réinventer sans cesse, aller de l’avant. Si cela ne vient pas de vous, personne ne viendra vous tendre la main pour vous redonner du courage”, assure la Française. Dorénavant, si elle a besoin de faire une pause pour se consacrer davantage à sa famille, elle ne culpabilisera pas. “Aujourd’hui, j’ai trouvé un bon rythme et j’ai la chance d’avoir un mari qui m’encourage ainsi qu’un réseau d’amies toujours prêtes à m’aider. C’est important de serrer les coudes quand on est à l’étranger”.