C’est l’histoire de deux passionnés de grimpe qui, après avoir échangé autour d’un café, décident de se lancer dans un projet nouveau : ouvrir des salles d’escalade premium. D’abord à Paris, avant de s’intéresser à Milan et depuis quelques semaines à Londres.
Climbing District a d’abord germé dans l’esprit d’Henri d’Anterroches. “Ma rencontre avec l’escalade s’est faite par mon fils. Il était un peu dissipé à l’école, ma femme a alors eu l’excellente idée de le mettre à l’escalade”, raconte le quinquagénaire, serial entrepreneur, qui a monté sa première boite à 23 ans. Son fils lui propose alors de pratiquer ensemble, Henri d’Anterroches a alors “une révélation pour ce sport”.
Devenu vice-président du club, il se rend vite compte que la discipline attire. “On arrivait à vendre quasiment près de 600 abonnements en quelques minutes. Je ne connais pas d’autre activité qui connaît autant d’engouement”. Sauf qu’à Paris, les salles d’escalade ne sont pas nombreuses et celles existantes sont saturées. Le Français a alors l’idée “de venir bousculer le business en changeant les codes”.
Une idée qu’il garde en tête, jusqu’à sa rencontre avec Antoine Paulhac en février 2020. “Je n’aurais pas pu faire tout ça sans lui. Je crois vraiment que notre rencontre a été le déclencheur et l’accélérateur, parce qu’Antoine est une personne extrêmement talentueuse, avec une très forte expérience de ce que c’est que l’entreprise”.
Au moment de leur rencontre, initiée par un ami en commun, Antoine Paulhac, la trentaine, travaille pour un fonds d’investissement, accompagnant les dirigeants d’entreprises dans leur projet de croissance et de développement. “On ne se connaissait absolument pas avant de démarrer le projet, mais on a accroché tout de suite sur la vision de l’entreprise, du travail, de la relation entre associés, de l’ambition du projet”, confie-t-il.
Les deux associés croient tout de suite en leur projet. “L’escalade est un sport accessible, quelle que soit votre condition physique. Vous mettez une paire de chaussons, vous vous familiarisez un petit peu avec la chute sur le tapis, et vous pouvez grimper”, estime Antoine Paulhac.
Sport athlétique, mental et amusant, c’est aussi une discipline qui crée du lien social, pensent les deux entrepreneurs. “Au pied du mur, vous pouvez discuter avec des gens sur les différentes techniques à utiliser. Vous ne pouvez pas passer une séance sans échanger avec quelqu’un. Ce qui n’est absolument pas le cas, par exemple, d’une salle de fitness, vous allez vous mettre sur une machine tout seul et chacun a ses écouteurs”.
C’est justement autour de cette dimension sociale sur laquelle Henri d’Anterroches et Antoine Paulhac ont souhaité développer Climbing District. “On s’est dit que le marché va vraisemblablement se segmenter, comme il s’est segmenté pour les salles de sport, avec une entrée de gamme et du haut gamme. Quand on a démarré, on a souhaité prendre le marché premium parce que ça n’existait pas du tout à Paris à ce moment-là”.
Et premium, pour eux, signifiait repenser les salles d’escalade en lieux de vie en ajoutant une plus-value comme des espaces coworking ou de réparation de vélo, un marché de légumes, des ateliers de création de bougies, un show pour la semaine de la mode, un comedy club, un festival de cinéma… “Ces événements-là constituent des points d’ancrage pour attirer les gens et leur permettre de continuer à rester et à trouver de l’intérêt”.
Leur première salle ouvre en janvier 2021, soit un peu moins d’un an après leur rencontre. “On avait dû un peu décaler les travaux de septembre à décembre 2020 et le confinement devait s’arrêter le 20 janvier 2021. Sauf qu’on a été reconfiné. En parallèle, on a commencé à constituer un réseau et réalisé notre première levée de fonds. On a aussi sécurisé notre deuxième salle, qu’on a ouvert en novembre 2021”.
Aujourd’hui, Climbing District compte six espaces à Paris, quatre salles de bloc et deux salles de voie installées dont une dans une ancienne chapelle, proposant ainsi une expérience jusqu’à 13 mètres de hauteur, “ce qui est rare en milieu urbain, parce que ce type de lieu n’existe pas”. Quatre ans après son lancement, Climbing District est ainsi devenu le numéro un des salles d’escalade à Paris. “On en est très fiers”, avancent les deux associés.
Mais très vite, ils voient plus loin. Début 2023, ils se posent la question du développement. “On avait plusieurs options. La première était de s’arrêter là, mais nous ne voulions pas. La seconde était d’ouvrir d’autres salles ailleurs en France mais le marché est très compétitif et concurrentiel. C’était beaucoup d’effort pour finalement peut-être beaucoup de problèmes et pas forcément quelque chose de pérenne”.
Alors Henri d’Anterroches et Antoine Paulhac regardent vers l’Europe. D’abord à Milan, car le marché y était peu développé. “Il y avait un gros potentiel et il nous semblait que c’était le bon moment”. Puis Londres, qui ressemble au marché parisien, “mais sans segmentation”. Le modèle n’étant pas d’ouvrir ses propres salles mais d’en acquérir des existantes. “Nous ne voulions pas partir d’une page blanche. Il y a quand même un énorme risque de se tromper sur les emplacements”.
Les deux associés contactent différents groupes existants, si certains courriers restent sans réponse, d’autres portent leurs fruits. Discussion, négociation puis signature : à Londres, le projet de développement s’est concrétisé par l’acquisition de deux groupes, The Arch et Stronghold, qui possèdent chacun deux salles. “Cela nous positionne directement au bon niveau avec un réseau qui maille bien l’est (de la ville)”.
L’objectif sera, dans les prochains mois, de faire évoluer doucement ces salles vers la marque Climbing District “à la fois en matière d’aménagement, de process, de qualité, d’équipement à l’intérieur”. “Nous ne voulons que ça aille trop vite et surtout nous voulons le faire en même temps, afin d’expliquer aux gens pourquoi ça change”, expliquent les associés.
Un abonnement européen devrait aussi être créé pour permettre aux membres de pouvoir grimper à Londres, Paris ou Milan. “On essaie de développer un groupe qui soit profitable et structuré. La plus belle des choses est de développer des projets. On a des ambitions mais nous souhaitons avoir une assise qui soit plus forte. Je suis incapable de finir ce qu’on fera dans six mois, si ce n’est de continuer à se développer. C’est ce qui nous motive”, conclut Henri d’Anterroches.