Après avoir découvert le métier de guide par hasard car ils avaient besoin d’un emploi, Will Cherier et Fanny Beauvais ont créé en janvier dernier leur propre agence de tourisme en Écosse. Baptisé Chemins d’Ecosse, il a pour vocation d’emmener les francophones dans les endroits les plus reculés de cette jolie région, tout en respectant le plus possible l’environnement et les locaux.
Will Cherier et Fanny Beauvais sont arrivés à Édimbourg en 2017, après y avoir voyagé une première fois deux ans plus tôt. “On n’avait pas de projets professionnels particuliers, donc on en a profité pour changer d’univers. On est tombé amoureux de la région lors de notre premier roadtrip. On adore les pays du nord, on n’est pas friand de la chaleur”, rigole la Française.
Elle diplômée dans le monde de l’art, du théâtre et du cinéma, lui dans le monde du commerce, ils sont repartis de zéro en arrivant en terres écossaises. En cherchant un emploi, “car il fallait bien trouver un travail”, souligne la jeune femme, ils ont tous les deux atteri dans le monde du tourisme. Will Cherier était guide touristique pour un entreprise espagnole tandis que Fanny Beauvais s’occupait, en van, d’aller récupérer les voyageurs à l’aéroport. Leur chance : avoir rencontré un chef qui les a bien formé au métier de guide et grâce auquel ils ont sillonné les routes de cette région verdoyante.
Mais progressivement, la mentalité du tourisme de masse a commencé à peser sur leur conscience écologique naissante. C’est pour cette raison qu’ils ont alors imaginé faire leur “truc à eux” : permettre aux voyageurs de profiter pleinement des expériences, respecter et privilégier la vie locale, se détourner des lieux les plus touristiques… De cette réflexion est né Chemins d’Ecosse, un intermédiaire de tourisme responsable. “Ce que l’on propose, c’est d’organiser de A à Z le voyage en fonction des envies et des budgets des touristes. Notre but premier est de leur permettre de voyager l’esprit léger, en profitant un maximum”, explique le guide français.
Le hic du projet ? A peine lancé, Chemins d’Ecosse s’est retrouvé confronté à la pandémie de Covid-19. “On a lancé le business en janvier 2020, raconte Fanny Beauvais. Et ça démarrait plutôt bien, on avait des réservations à partir du mois de mai, jusqu’à la fin de l’été. Mais tout a dû être annulé. Ça a été vraiment difficile.” Mais pas suffisamment pour que les deux Français se laissent abattre par la situation. “On veut vraiment se donner à fond. Si on voit à terme que ça ne marche pas, au moins on n’aura rien à regretter”, se motive Will Cherier. “On n’a pas peur de recommencer quelque chose : on l’a déjà fait, et si il faut le refaire, on le refera”, termine son binôme.
En attendant que la tempête se calme, les deux guides occupent des emplois alimentaires. “Grâce à ces boulots, on peut très facilement organiser nos tours à distance”, se satisfait le Français. Cependant, ils aimeraient ne se concentrer que sur leur passion. Will Cherier, fort d’un passé dans le commerce, sait pertinemment que cela prendra du temps et qu’il leur faudra attendre d’avoir atteint “une masse critique de voyageurs” avant de pouvoir espérer vivre de leur petite entreprise.
Malgré la situation actuelle, des voyageurs sont déjà au rendez-vous. “On a organisé nos premiers tours en août, notamment pour des familles et des étudiants”, se souvient Fanny Beauvais. Verdict ? “Ils étaient vraiment très contents. Ils ne s’attendaient pas à grand chose au départ car ils nous ont délégué toutes les responsabilités. Or, quand ils sont arrivés, tout était prêt. On fournit à nos voyageurs un carnet de voyage avec un itinéraire indicatif par jour. S’ils veulent se laisser aller à 100%, ils peuvent le faire”, se réjouit la guide.
L’élaboration de leurs tours se basent en effet exclusivement sur les souhaits et les budgets de leurs clients, ce qui nécessite en amont beaucoup d’échanges. “C’est l’une de nos particularités. On discute énormément avec les voyageurs sur leur façon de voir l’Ecosse, leurs peurs éventuelles, leurs souhaits… Et même pendant leur roadtrip, on reste disponible s’ils ont besoin de conseils”, avancent les deux jeunes Français.
La proximité avec leur clientèle est donc l’un de leurs atouts. Mais il est loin d’être le seul. “C’est vrai qu’il y a beaucoup d’agences de tourisme en Ecosse. Mais nous, nous n’en sommes pas une”, insiste Fanny Beauvais. En effet, Chemins d’Ecosse est un intermédiaire de tourisme : contrairement aux agences, ils n’ont pas de partenariats sur lesquels ils récupèrent un certain pourcentage lors des réservations. Ils proposent à leurs voyageurs un prix fixe qui comprend les collaborations qu’ils ont déjà conclues ou qu’ils vont conclure pour eux. “Par exemple, on est actuellement en discussion avec une personne qui souhaiterait dormir dans un château hanté. On ne connaît pas ce milieu : notre travail est donc de rencontrer les locaux, de visiter les châteaux et à terme d’essayer de monter un partenariat ou d’obtenir une réduction pour nos clients”, explique Will Cherier.
Mais surtout, les deux guides ne s’adressent qu’aux francophones. “On a décidé de changer notre fusil d’épaule avec la pandémie pour proposer nos tours notamment aux expatriés francophones du Royaume-Uni. C’est un autre de nos atouts : on souhaite offrir notre connaissance du monde anglo-saxon à des francophones”, expliquent-ils. Étant eux-mêmes français, ils comprennent en effet mieux les demandes et les attentes de ce profil de voyageurs. “On n’a pas cette prétention de faire découvrir à des Britanniques une partie de l’île dont ils sont natifs”, justifie Will Cherier.
En attendant des jours meilleurs et le début de la prochaine saison touristique, qui devrait commencer fin mars 2021, Fanny Beauvais et Will Cherier se concentrent sur le développement de leur entreprise. “Au mois de janvier, on va investir dans un véhicule 9 places et proposer des tours à la journée. Mais contrairement aux voyages déjà sur le marché, on souhaite faire découvrir aux touristes la région d’Edimbourg, ses plages sauvages, ses distilleries… et non faire six heures de transport dans la journée pour aller au Loch Ness et prendre deux photos”, plaisante la jeune guide. De quoi faire plaisir à ceux qui souhaitent voyager tout en limitant leur empreinte carbone.