Après un cancer du sein, Florence Moon a cofondé Eno, une marque écologique qui propose des soutiens-gorge et maillots de bain post-mastectomie, destinés aux personnes qui ont fait le choix de ne pas porter de prothèse mammaire.
En 2017, on diagnostique à Florence Moon un cancer du sein très agressif. Les traitements sont lourds : chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie et ablation du sein. Après sa mastectomie, les options présentées sont la reconstruction mammaire un an plus tard ou le port d’une prothèse externe. « Le corps médical vous donne énormément d’informations sur ces deux options, c’est très bien organisé. Mais d’une certaine façon, ils vous disent aussi qu’il vous manque quelque chose ».
La Française opte pour la prothèse. « Mais chaque jour, je pensais à mon cancer, car je devais enlever cette prothèse le soir et la remettre le matin » Le côté pratique laisse aussi parfois à désirer. « Il y avait plein de petits trucs qui rendaient ma vie encore plus difficile qu’elle ne l’était déjà ».
Quelques temps plus tard, en plein confinement, l’ancienne professeure de français écoute un podcast dans lequel une journaliste partage son expérience de cancer du sein et son choix de ne pas porter de prothèse ni de procéder à une reconstruction. C’est le déclic : « Ça ne m’était jamais venu à l’idée. J’ai pris ma prothèse et je l’ai vraiment rangée dans un placard. Accepter mon corps tel qu’il est a été incroyable psychologiquement ».
Florence Moon constate rapidement que l’offre de soutien-gorge avec un seul sein est plus que réduite. Le seul modèle qu’elle trouve alors, à l’étranger, est cher et pas à son goût. Qu’à cela ne tienne, elle décide de lancer sa propre ligne. La Française s’associe avec une amie et fonde Eno en octobre 2020. S’en suivent 2 années de recherches et de prototypes, pour les deux femmes qui apprennent tout sur le tas.
Aujourd’hui, Eno propose deux maillots de bain (une-pièce et bikini), un soutien-gorge classique et un soutien-gorge de sport, vendus sur le site marchand. Des modèles aux noms amusants, qui s’adaptent aux poitrines asymétriques tout en les mettant en valeur, sans nécessairement cacher le côté plat. « Nous avons vraiment réfléchi à la façon dont on peut embellir ce corps avec un seul sein. Nous voulons que les femmes qui sont passées par là se sentent belles, que le corps soit montré au lieu d’être caché ».
Les retours des acheteuses sont très émouvants. « On nous remercie d’exister. Nous avons un impact positif dans la vie de ces femmes ». Par souci écologique, la fabrication est réalisée au Royaume-Uni, à partir de matériaux recyclés ou recyclables.
Tout en reconnaissant que pour certaines femmes la reconstruction mammaire ou le port de prothèse sont extrêmement bénéfiques, Florence Moon souhaite que leur soit aussi présenté, dans le parcours de soin, cette troisième voie : « La possibilité de vivre avec son corps tel qu’il est. Nous voulons faire passer le message qu’il est possible d’avoir un seul sein et de se sentir bien ».
Une option dont la Française de Londres s’attache à diffuser via son entreprise marchande Eno mais aussi autour de la communauté qui se crée autour du #uniboob et de la marque. « Eno c’est le chiffre one à l’envers. Nous construisons ce cercle, cette communauté de gens avec un seul sein ».
Crédit photo de Une : Eno