Le gouvernement britannique a annoncé mercredi 19 février les nouvelles mesures qu’il souhaitait prendre dans le cadre de sa nouvelle politique migratoire post-Brexit. Cette dernière concerne les ressortissants européens qui, après la suppression de la libre circulation des personnes en janvier 2021, seront dorénavant traités comme des immigrés de pays tiers.
“À partir du 1er janvier 2021, les citoyens européens et non européens seront traités sur un pied d’égalité. Nous réduirons le niveau global migratoire et donnerons la priorité aux personnes possédant les compétences les plus élevées et les plus grands talents : scientifiques, ingénieurs, universitaires et autres travailleurs hautement qualifiés”, a ainsi expliqué le gouvernement dans un communiqué mis en ligne sur son site officiel mercredi 19 février.
Le Royaume-Uni a donc pour ambition de réduire très fortement le nombre d’entrées de ressortissants de l’UE sur son sol, et ce, grâce à un système basé sur des points. Dorénavant pour avoir une chance de fouler le sol britannique, il faudra non seulement avoir une offre d’emploi d’un “employeur agréé” et correspondant à un “niveau de compétence approprié”, mais aussi maîtriser l’anglais. Avec ses deux conditions réunies, le candidat ou la candidate obtiendra déjà 50 points. Sauf qu’il faudra en avoir au minimum 70 pour espérer obtenir un visa. Pour décrocher les 20 points restants, le demandeur ou la demandeuse pourra par exemple prouver qu’il ou elle gagnera au moins £25.600 par an. Ce seuil est cependant bien moins supérieur à ce qui est demandé actuellement aux non ressortissants européens. Ces derniers doivent en effet justifier d’un salaire annuel minimum de £30.000.
Autre possibilité de gagner des points, avoir de très bonnes qualifications. Par exemple, être docteur fera gagner 10 points, voire 20 si c’est dans le domaine des sciences, de la technologie, de l’ingénierie ou des mathématiques. Le candidat ou la candidate pourra également faire valoir que ses compétences sont très recherchées par le Royaume-Uni et ainsi gagner 20 points d’un coup, et cela sans même avoir besoin de prouver le seuil salarial minimal.
Le visa sera payant, mais pour le moment, le gouvernement n’a pas officialisé le montant. Cependant, il explique déjà que la demande se fera en ligne et via son smartphone, et ce, dès l’automne 2020. Si elle est acceptée, un visa électronique confirmant son droit d’être au Royaume-Uni sera ainsi délivré au demandeur. “Le service de vérification en ligne sera utilisé par les citoyens de l’UE pour démontrer leur statut légal et leurs droits et privilèges, s’ils en ont l’autorisation, lors de l’accès au travail et aux services”, poursuit le gouvernement. Ce dernier précise par ailleurs que “l’accès aux prestations liées au revenu sera le même pour les citoyens européens et non européens arrivant après janvier 2021; il ne sera autorisé qu’après l’octroi d’un congé de durée indéterminée, généralement disponible après cinq ans de résidence continue”. L’objectif : lutter contre les abus.
Mauvaise nouvelle en revanche pour les demandeurs peu qualifiés. Le gouvernement britannique a déjà prévenu qu’ils ne devraient pas obtenir de visas. L’objectif affiché de la ministre de l’Intérieur, Priti Patel, est de n’attirer que “les plus brillants et les meilleurs”.
Les étudiants seront également soumis à ce nouveau système à points. Ils “obtiendront les points requis s’ils peuvent démontrer qu’ils ont une offre d’un établissement d’enseignement agréé, parlent anglais et sont capables de subvenir à leurs besoins pendant leurs études au Royaume-Uni”, détaille le gouvernement.
Concernant le regroupement familial, rien ne devrait changer pour le moment, mais des évolutions pourraient amenées à être faites dans le futur.
A partir du 1er janvier 2021, les Européens séjournant moins de six mois sur le sol britannique – et ne venant pas travailler, mais en simple touriste – seront dispensés de visas.
“Nous autoriserons unilatéralement les citoyens de l’UE à continuer d’utiliser les portiques électroniques”, souligne le communiqué. Cependant, là aussi, cela pourrait évoluer à terme. Le gouvernement a de toute façon “l’intention d’éliminer progressivement l’utilisation de documents d’identité non sécurisés pour les migrants nouvellement arrivés”. Des détails sur le sujet devraient bientôt être livrés. Mais on sait déjà que la présentation aux frontières du passeport sera obligatoire.