Cette année, le club Cadet Rousselle fête ses 20 ans. C’est en effet en 2003 qu’un groupe de mamans du sud de Londres ont eu l’idée de créer cette structure dont l’objectif était de réunir les enfants de la communauté francophone, âgés de 0 à 5 ans, autour d’activités ludiques. L’objectif étant ainsi de maintenir leur lien avec la langue et la culture françaises. A l’époque, le club louait un local à la municipalité de Lambeth mais en 2019, la mairie a préféré, pour des raisons financières, louer l’espace à une crèche privée. Puis s’en est suivie la pandémie de Covid. Après 17 ans d’existence, le club Cadet Rousselle a alors dû fermer ses portes.
Après la levée des confinements successifs, des mamans ont ensuite pris l’initiative de relancer les activités. Mais sans local à disposition, les choses semblaient quelque peu compliquées. Elles s’invitaient alors les unes les autres directement chez elles. “Mais c’était plutôt une organisation plus confidentielle”, avance Sandra Boutonnet, qui fut présidente du club Cadet Rousselle de 2009 à 2010. Parce que la Française se désolait que la structure ne puisse pas reprendre dans son fonctionnement originel, elle a décidé de relancer elle-même, il y a quelques mois, le club bien que ses propres enfants, âgés aujourd’hui de 15, 13 et 10 ans, soient bien trop grands pour en profiter. “J’ai tellement pu bénéficier de ce club, non seulement en permettant à mes enfants de maintenir un lien avec la langue et la culture françaises, mais aussi parce qu’il m’a beaucoup aidée. J’y suis allée la première fois avec mon aîné quand il avait 8 semaines et j’ai été accueillie avec bienveillance et gentillesse”, explique Sandra Boutonnet, “je n’ai pas de famille à Londres donc les autres parents sont vite devenus des amis”.
Pendant six ans, elle s’y est donc rendue chaque semaine et le club Cadet Rousselle était devenu un lieu social pour les parents francophones qui pouvaient ainsi s’y retrouver, échanger des bons plans, avoir des réponses à leurs questions sur la vie quotidienne au Royaume-Uni que ce soit sur le meilleur système éducatif pour son enfant, le système de santé, l’organisation d’anniversaire ou encore la compréhension des codes culturels britanniques. Pour les enfants de Sandra Boutonnet, le club leur a permis de découvrir toute la langue et la culture françaises, notamment à travers les kermesses, les comptines. “J’ai aimé ce petit bout de France si près de chez moi. Avec les années, j’ai vu ainsi nos enfants grandir et se faire des amitiés solides, des parents qui s’épaulent sur des sujets divers”. Pour elle, il était donc logique que “cette opportunité (soit) disponible pour d’autres jeunes parents et leurs enfants”.
L’idée de relancer le club Cadet Rousselle lui semble ainsi naturelle. Après des mois de travail, Sandra Boutonnet trouve enfin un nouveau lieu où accueillir le club. Ce sera dorénavant au Clapham Youth Centre que parents et enfants ont rendez-vous les lundis matin (hors vacances scolaires), à partir du 2 octobre. Chaque session se fera autour d’un temps de loisir récréatif, une histoire ou une comptine mais aussi un goûter. Elle espère aussi que le club pourra également relancer rapidement les kermesses mais aussi le spectacle de Noël. “Mais sans comité, cela ne sera pas possible”. Il est donc nécessaire que les parents s’investissent dans l’organisation, mais Sandra Boutonnet a bon espoir qu’une fois la machine lancée, la participation à la vie du club coulera de source. D’ailleurs, si elle a décidé de relancer le club à Clapham, elle espère pouvoir passer le relais à d’autres parents dans les prochains mois.
Elle précise par ailleurs que le coût des sessions est entièrement consacré à couvrir le loyer. “Nous n’avons aucun statut commercial”. La structure est ouverte aux enfants dont l’un des parents est francophone, peu importe la nationalité. “Les activités étant en français et les parents y participant, cela demande tout de même une bonne maîtrise de la langue”, précise la Française. Sandra Boutonnet a conscience que l’ouverture du club Cadet Rousselle dans le sud de la Tamise limite la participation de certains parents. “Nous n’avons pas inventé le concept des playgroups. Donc si d’autres parents souhaitent lancer leur propre activité dans leur quartier, surtout qu’ils n’hésitent pas à prendre contact avec moi, je répondrai à leurs questions”, indique la Française.