Amaury Levisalles, Alexandre Bal, Matthieu Sevagen et Thomas Guidez ouvriront leur épicerie fine et bar vendredi 6 avril dans le nord-ouest de Londres, près de Tufnell Park. Pour l’heure, le local d’une superficie de 145 m2 est en plein travaux. Des ouvriers s’activent pour donner vie à ce lieu que les amis couvent depuis des années. “On a tous faits la même école de commerce”, explique Alexandre Bal. “Avec Matt, on s’est connus en première année, avec Amaury, la rencontre s’est faite en Erasmus à Göttingen. Puis je suis parti à Londres, où Matthieu m’a rejoint.” se souvient-il.
“Alex m’a fait rêver, j’ai tout plaqué pour le suivre”, renchérit Matthieu Sevagen, qui débute chez le caviste Nicolas avant de se spécialiser dans les vins fins chez Majestic Wine. Pendant que ces deux aînés font leurs armes dans l’univers du vin, Amaury Levisalles, encore étudiant, planche sur un projet de création d’entreprise. “J’avais l’idée d’une épicerie fine que je pensais implanter à Hong Kong, mais Alexandre m’a suggéré de venir sonder le marché londonien. J’ai rapidement senti que c’était plus simple et réaliste ici.”
Pays peu producteur de vins, l’Angleterre importe des élixirs du monde entier. “Selon de nombreux sommeliers, Londres est l’une des meilleures villes pour la diversité des vins à l’international“, assure Alexandre Bal. Las de devoir convaincre le public français, certains vignerons ne vendent leurs bouteilles qu’à l’Angleterre. “Ici, il n’y a pas cet attachement chauvin à tel ou tel cépage. Il y a plus de curiosité”, ajoute Amaury Levisalles.
Les comparses ont de la bouteille, ils maîtrisent leur affaire. “C’est juste de l’amitié doublée d’une complémentarité”, rétorque Alexandre Bal lorsqu’on lui demande quel est leur secret. “Avec Matt, on est opérationnels sur la vente et le vin, Amaury, c’est tout ce qui est food et créativité, et Thomas Guidez maîtrise l’aspect marketing et financier.”
Louer un local à retaper suppose un financement conséquent. Et là encore, l’amitié a primé. “Le propriétaire du Domaine Richeaume sur les Côtes de Provence a aussi étudié à Göttingen. Il a adoré notre projet et nous a prêté de l’argent”, confie Alexandre Bal. Outre leur réseau perso, les amis ont aussi fait appel à l’Etat anglais, dont ils ont obtenu un prêt d’entrepreneur. “Il n’y a pas eu de défiance qu’on pourrait lier au Brexit. D’ailleurs, depuis la mise en route du projet, on ne ressent aucune animosité. C’est même l’inverse, les commerçants et le voisinage se réjouissent de notre venue.”
Ce que la rue à y gagner ? Plus qu’une épicerie, un lieu de vie vivant. “Notre démarche, c’est de mettre en valeur les savoir-faire de nos régions, sensibiliser nos clients aux histoires de nos producteurs”, insiste Matthieu Sevagen. C’est l’essence même de leur projet et c’est ainsi qu’ils ont pensé l’agencement du lieu. “Pour faire des focus, on a classé nos produits en 12 régions. Chacune sera mise en avant une fois par mois”, poursuit-il. Même combat pour la partie restauration qui changera sa carte mensuellement. “En vérité, l’événement sera quotidien, nous proposerons aux clients de goûter vins et nouveaux produits. On souhaite “vendre” du plaisir.”
Les quatre amis sont des épicuriens, en témoigne le nom de leur établissement, “Authentique Epicerie & Bar”. “C’est évocateur, il y a quelque chose de réel dans l’authenticité”, explique Alexandre Bal avant de conclure : “Cela peut paraître “mainstream” mais on a ce côté terroir, on est authentiques.”