Création de société « en trois clics », format « hyper pratique », « sensation de liberté ». Quatre entrepreneuses indépendantes françaises reviennent sur leur trajectoire en self employed.
« Ma société a été enregistrée sur le site de HMRC en quelques clics. Un vrai bonheur quand on ne connait pas les rouages du système », s’enthousiasme Isabelle Lamy, coach en rangement et organisation. Sa compta ? Un simple fichier Excel. Le statut sole trader, qui permet de « se concentrer sur son cœur de métier et son marketing au lieu de se noyer dans la paperasserie, s’est imposé comme une évidence ». Une facilité sans commune mesure avec une précédente expérience en France. « J’avais alors choisi un statut SARL, pas simple à monter. J’ai dû prendre un comptable. Et bien que ma société n’ait jamais eu le temps de faire ni chiffre d’affaires ni profit, j’ai dû payer des cotisations », se rappelle la fondatrice de “Idea For Your Space“.
Outre ces démarches très facile, c’est le risque financier faible, notamment dans la structure sole trader, qui rassure quand on lance sa première entreprise ou qu’on se reconvertit. Passée des assurances aux fourneaux en fondant “Ma Petite Cocotte“, Brigitte Saint Olive apprécie ce cadre dans lequel « on ne paye pas d’impôt tant qu’on ne gagne pas d’argent. Au pire si ça ne marche pas, on n’a rien perdu ! »
Besoin d’assoir une certaine crédibilité (notamment en B2B), atteinte d’un niveau de chiffre d’affaires au-delà duquel la fiscalité appliquée au sole trader est pénalisante : certains passent en statut de limited. « Je prenais de plus en plus de risques en cas d’accident, que ce soit en studio ou lors de spectacles en extérieur, dans les théâtres », explique Candice Desmet, fondatrice d’Act’In Theatre.
Une volonté de limiter les aléas alors que le sole trader engage sa responsabilité et ses biens propres, contrairement à la limited company où la personne morale est l’entreprise. C’est également le besoin d’embaucher à temps plein en back office qui la décident à « solidifier la structure de la compagnie ».
Auparavant salariée en France dans l’industrie pharmaceutique, la recherche et en officine, Muriel Ouziel se réjouit du passage en indépendante pour son activité de consultation en nutrition et micro nutrition.« Satisfaction de concrétiser un projet professionnel dans un autre pays, développer son activité selon son éthique professionnelle, organiser librement son temps, choisir ses formations sans passer par l’aval d’un supérieur ».
Pour la mère de famille, c’est également la possibilité « d’une certaine souplesse dans l’organisation de son travail et donc la possibilité d’équilibrer sa vie pro et familiale ». À condition de bien compartimenter les deux, par une « vraie discipline de travail ».
Outre l’acclimatation à une administration étrangère et le besoin de se faire connaitre, l’auto-entrepreneur se heurte à d’autres défis. « Il faut être prêt à tout faire, de son corps de métier à la compta, les réseaux sociaux, le marketing. Une polyvalence parfois difficile mais très enrichissante. Et être capable de travailler et prendre des décisions seul. Cela peut séduire quand on est salarié, mais il faut réaliser ce que c’est », avertit Brigitte Saint Olive.
Toutes s’accordent sur la nécessité de posséder un compte bancaire propre à l’entreprise (non obligatoire en sole trader). « Il faut traiter sa compagnie comme une entité à part dès le début. Cela permet de ne pas mélanger pro et perso », conseille Candice Desmet.
Et pour accompagner le développement de l’entreprise, miser sur la communication sans oublier les canaux informels tels que les réseaux d’entrepreneurs, francophones pour certains, très actifs à Londres. Et surtout, ne pas hésiter à se lancer. « C’est un pays où si on est travailleur, motivé et passionné par son métier, tout est possible », se réjouit Muriel Ouziel.