Non, son nom de famille n’a jamais été un fardeau et non, il n’a jamais eu le sentiment de devoir se faire un prénom ou de vivre dans l’ombre du succès de son père Alain Afflelou. D’ailleurs, cela ne le dérange pas qu’on en lui parle. “Cela fait 20 ans qu’on me pose la question, j’ai l’habitude”, lance tout simplement Romain Afflelou. Le quadragénaire a d’ailleurs réglé son pas sur celui de son père, en devenant lui-même entrepreneur. Le Français installé à Londres depuis 6 ans a investi dans une société, Cosmo Connected, à laquelle il se consacre aujourd’hui à 100%.
Cette entreprise se range dans la catégorie des “live-saving companies”, autrement dit des entreprises qui ont pour objectif de sauver des vies. Grâce aux nouvelles technologies intégrées à un casque ou à l’arrière d’un deux-roues, Romain Afflelou souhaite en effet protéger sur les routes les motards, cyclistes, usagers des trottinettes, en les rendant plus visibles. L’objectif est donc d’éviter les accrochages avec les automobilistes mais aussi de porter secours aux deux-roues lors d’un accident. “En cas de choc, un signal est émis depuis le casque. Si le motard par exemple n’est pas en mesure de répondre immédiatement, alors jusqu’à trois personnes peuvent recevoir un message d’alerte via l’application avec les coordonnées GPS de la victime”, détaille Romain Afflelou. Les secours peuvent ainsi être contactés. “C’est une sorte d’ange gardien, qui permet aussi d’apporter le contexte de l’accident, comme savoir si le motard allait vite, si le choc a eu lieu en ville ou à la campagne, est-ce qu’il y a besoin d’une dépanneuse…”.
Mais rien à voir avec du “flicage”, avertit l’entrepreneur, “c’est seulement une assistance en cas de besoin. En plus, le service est simple et gratuit”. La petite boîte connectée est à fixer sur un casque ou à l’arrière du deux-roues et sert aussi de clignotant, ce qui facilite les déplacements notamment en ville des cyclistes par exemple. Plus de besoin de tendre le bras pour signaler qu’il va tourner à droite ou à gauche. “On utilise la meilleure technologie LED qui projette ainsi le meilleur éclairage et rendre plus visible les deux-roues”.
Cette idée intéresse déjà fortement des entreprises comme Uber, qui déploie via UberEats des livreurs à vélo ou en scooter. Romain Afflelou est également en contact avec des collectivités publiques françaises, qui en récupérant ainsi avec les données pourraient localiser les zones accidentelles ou à risque et alors engager des travaux de réaménagements routiers. “On travaille également avec la gendarmerie, et on a répondu à un appel d’offre de la Poste pour équiper les facteurs”. Cosmo Connected, dont les produits sont vendus sous le logo Michelin, est implantée dans une dizaine de pays, dont le Royaume-Uni mais aussi Israël. La Chine est en ligne de mire d’ici la fin de l’année.
Cette innovation vient de remporter l’étape londonienne du premier StartUp Tour Européen, organisé par le groupement international d’entrepreneurs FrenchFounders. L’entreprise de Romain Afflelou fera donc partie des finalistes à Paris en septembre prochain, ce qui, du propre aveu du patron, offre une belle visibilité à son entreprise. “Cela permet d’avoir un réseau des plus larges, je rencontre des gens, je peux recueillir des conseils”, confie Romain Afflelou, lui qui jusque-là était celui qui accompagnait des entreprises sur le digital marketing et la relation clients. Après avoir travaillé une dizaine d’années aux côtés de son père, notamment sur le développement du digital et le e-commerce, il a volé de ses propres ailes en accompagnant, selon ses coups de cœur professionnels, des entrepreneurs basés en France, aux Etats-Unis et en Israël.
Cette curiosité, Romain Afflelou la revendique et ses expériences auprès de différents patrons l’amènera rapidement à devenir également le sien. “J’ai toujours eu au fond de moi cette volonté d’entreprendre, d’explorer des nouveaux horizons”, résume le quadragénaire installé à Londres depuis 6 ans. Il découvre Cosmo Connected en 2016 et décide de prendre en main le projet qu’il trouve tout de suite “passionnant”. “On parle de sécurité à prix abordable (le casque – de la marque Kali – avec la fixation coûte 99 euros, ndlr) sans pourtant que cela soit un produit “cheap””, se défend le Français. “Notre but n’est pas seulement de vendre”, poursuit-il, “c’est aussi de sauver des vies. Avec les nouvelles technologies, on a le sentiment de pouvoir changer le monde”.