Avec plus de 200 artistes européens, le Voila! Europe festival est de retour à Londres du lundi 5 au dimanche 18 novembre, et ce, pour la 6ème année consécutive. Créé par la française Sharlit Deyzac en 2012, il propose aux visiteurs des représentations “multilingues multiculturelles et multidisciplinaires”. Soit l’opportunité à des artistes de toute l’Europe de se produire dans leurs langues d’origines. “Voir les différences culturelles dans le théâtre, c’est ça qui est intéressant”, déclare la fondatrice.
Cette année 12 pays européens sont représentés à travers 36 spectacles sur 4 scènes différentes : Applecart Arts, Etcetera Theatre, The Cockpit et au Theatre Deli. Le but de Voila! étant de devenir le festival de théâtre de référence en Europe.
Programmé dans l’idée de défendre les Européens et de combattre avec humour les stéréotypes du nationalisme, ce rendez-vous culturel donne également l’opportunité aux visiteurs de (re)découvrir les manières différentes dont peuvent être traitées des questions importantes d’actualité et du quotidien selon les pays. “Notre but est de montrer au public des spectacles que l’on ne peut pas trouver à Londres normalement”, indique la directrice du festival, Sharlit Deyzac. L’identité européenne, la mort, les droits des LGBTQ, la présence des nouvelles technologies dans nos vies… sont des grands sujets abordés lors de ce festival.
Ainsi, les visiteurs pourront retrouver un spectacle d’artistes polonais et nigérians combinant des styles de leurs pays respectifs, un couple de la vie réelle indien-allemand décrivant leur lutte pour rester au Royaume-Uni, un solo montrant la vie d’un homosexuel britannique libanais juif, l’histoire d’un Anglais qui part vivre en France et qui vote Brexit… 36 spectacles à découvrir à la fois ironique et dramatique.
Les visiteurs seront également éblouis par la diversité des mises en scène proposées : du théâtre “traditionnel” à la comédie, du cirque au cabaret, danse au drame… Il y en a pour tous les goûts !
Cette année, à quelques semaines de la signature d’un accord sur le Brexit, Voila! Europe lance aussi un forum de discussion samedi 10 et dimanche 11 novembre de 10am à 4pm, entièrement dédié aux grandes questions qui se posent pour le théâtre européen à l’approche du Brexit : comment aider les acteurs et les théâtres européens à se produire à Londres après le Brexit ? Quelles garanties ?… “Il y a beaucoup d’interrogations auxquelles on n’a pas encore de réponses mais il faut se réunir pour en parler et trouver des solutions”, déclare Sharlit Deyzac, “peu importe ce qu’il en résulte, on veut garantir que l’on pourra toujours faire venir des acteurs et des pièces d’Europe.”
Voila! Europe est l’idée d’une Française, Sharlit Deyzac. Comédienne de métier, elle a emménagé à Londres pour l’ambiance théâtrale de la ville il y a maintenant 17 ans. Même si la magie des scènes londoniennes opère de suite sur la jeune femme, les représentations européennes lui ont également vite manqué. “On trouve beaucoup de pièces européennes mais uniquement traduites en anglais et avec pour la plupart du temps des acteurs uniquement anglophones”, raconte-t-elle, “les gens qui vivent ici ne voient jamais vraiment d’Européens sur scène.”
En 2012, Sharlit Deyzac prend les devants et crée alors Voila! Europe, à l’origine uniquement en anglais et français. Il s’est peu à peu élargi – notamment l’année dernière avec le vote pour le Brexit et l’arrivée au sein de l’équipe d’Amy Clare Tasker, co-directrice – afin de devenir aujourd’hui un festival de théâtre d’importance à l’échelle européenne. Et pour la fondatrice, Voila! Europe ne doit pas s’arrêter uniquement à Londres. “Je voudrais le lancer dans d’autres régions d’Angleterre. On a bien vu avec le vote du Brexit que ce n’est pas à Londres mais surtout dans les autres régions du pays que l’on a besoin de découvrir la culture européenne,” justifie-t-elle, “c’est même partout en Europe que j’aimerais pouvoir l’organiser.”
Les deux jeunes femmes à la tête du festival cherchent également à promouvoir le théâtre féminin qu’elles considèrent peu visible dans le milieu. “Les femmes sont moins subventionnées que les hommes”, affirme Sharlit Deyzac, “c’est plus dur pour elles de donner naissance à leurs projets. Nous, on est aussi là pour les encourager.” Ainsi, la plupart des représentations sont dirigées par des femmes, pas étonnant quand on sait que sur 200 candidatures 150 étaient féminines.